Après huit heures de délibéré et douze jours de procès, la Cour d’assises spéciale de Paris a validé la thèse du parquet national antiterroriste. « La cour a répondu oui à l’ensemble des questions. Elle vous a déclaré coupable des faits de complicité d’assassinats, de complicité de séquestration et d’association de malfaiteurs terroriste. Elle vous condamne à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans », ont conclu les juges. Pour la cour, Mohamed Lamine Aberouz est le complice de Larossi Abballa qui, le 13 juin 2016 à Magnanville, a égorgé Jessica Schneider et poignardé Jean-Baptiste Salvaing, un couple de policiers, devant leur fils de 3 ans.
Me Nino Arnaud et Vincent Brengarth, les avocats de la défense, ont dénoncé « une décision scandaleuse » et annoncé leur intention de faire appel. « On ne condamne pas sur la base d’hypothèses », ont-ils déclaré au terme du procès. Ami d’enfance du terroriste, la présence d’Aberouz sur les lieux du crime suscite encore des questionnements. Son ADN n’a été retrouvé qu’en un seul endroit du domicile. « Pour moi il est inconcevable d’être condamné pour un crime que je n’ai pas fait. Je suis innocent des agissements de Larossi Abballa », avait lancé l’accusé à la cour.
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Expliquant le « sens général » de la décision, le président Christophe Petiteau a fait savoir que la Cour d’assises spéciale, au regard des déclarations d’Aberouz à l’audience où « il banalise et justifie le recours à la violence » et dit « ne pas partager les valeurs de la République », considère que l’accusé est « totalement acquis à la cause de l’État islamique ». Sa seule empreinte ADN relevée sur le repose-poignet droit de l’ordinateur des victimes, « établit sa présence dans la maison », soutient le président. « Il est peu vraisemblable que l’on s’en prenne seul à deux personnes… », a-t-il précisé, ajoutant que l’enfant des victimes a révélé « l’existence d’un deuxième individu parlant avec Larossi Abbala ».
Pour la mère de Jessica Schneider, il s’agit d’une « peine très lourde », mais « à la hauteur du drame et la souffrance ». « J’avais confiance en la justice, elle a été rendue », a-t-elle déclaré à la sortie du procès. « La cour a pris la mesure des éléments de preuve débattus, sans se laisser piéger par la vision biaisée de la défense », estime son avocat, Me Thibault de Montbrial. « De nombreuses questions demeurent et la famille Salvaing en avait conscience depuis le début des débats », a réagi Me Pauline Dufourq, avocate de la famille de Jean-Baptiste Salvaing dans un communiqué. « (Elle) aspire à retrouver du calme et de l’apaisement ».