Bilan d’une année financière : Un secteur qui tire toute une économie

19 août 2007 - 01h09 - Economie - Ecrit par : L.A

En quelques années, le Maroc est devenu l’idole financière de la région. Le secteur a été porté par la forteresse des banques nationales aux standards internationaux, par le professionnalisme des établissements de crédits et par des compagnies d’assurance qui ont suivi. La Bourse de Casablanca a également joué pleinement son rôle en devenant une vraie place qui finance...

Le secteur financier au Maroc a réalisé une avancée historique. Performant, moderne et innovant. Telle est l’image qu’a le secteur auprès des grands cabinets de notation.

Le secteur a été revigoré par la vitalité des banques nationales qui se sont davantage développées, par le professionnalisme des établissements de crédits et par des compagnies d’assurance qui ont suivi cet élan de progrès. La Bourse de Casablanca a également joué pleinement son rôle. Ces dernières années, elle est devenue une vraie place qui finance...

Le secteur a bénéficié enfin des regroupements et de concentrations. Ce qui a débouché sur des résultats positifs.

Les banques marocaines, un modèle qui s’exporte

Les banques marocaines ont su bien profiter d’une conjoncture économique et financière favorable. Le secteur a connu le développement de la monétique, de la bancassurance, le lancement de produits innovants.

Les formules des crédits sont plus que jamais accessibles, adaptées et ciblées. Certes, l’assouplissement des crédits fait peser sur le secteur le risque de surendettement des ménages, mais les banques, plus que les établissements de crédit, en sont conscientes.

L’année 2006 a été, à plus d’un titre, une année exceptionnelle pour le secteur bancaire marocain tant par ses performances et la consolidation de ses fondements que par la profondeur des réformes qui ont touché son environnement.

Profitant principalement de l’expansion de l’activité crédits consentis, des activités de marché et des prestations génératrices de commissions, le secteur a produit en 2006 un net bancaire (PNB) de 22 milliards de dirhams pour être en hausse de plus de 11%. Le coefficient d’exploitation des établissements de crédit s’est amélioré en s’établissant à 47%. En outre, la baisse du provisionnement du risque de crédit, dont le niveau est le plus bas enregistré depuis plusieurs années, n’a pas manqué de contribuer au renforcement de la rentabilité des établissements de crédit.

Le total bilan des banques marocaines a atteint en 2006, 540 milliards de dirhams contre 461 milliards en 2005 et un peu moins en 2004. Les crédits par décaissement et les dépôts de clientèle se sont élevés respectivement à 304 milliards de dirhams et 437 milliards de dirhams. Globalement, le secteur bancaire marocain a réalisé en 2006 un résultat net de 6,7 milliards de dirhams, progressant de 30,7% par rapport à 2005.

Coté réglementation, 2006 a été marquée par la promulgation de la loi n°34-031 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés qui consacre l’autonomie de la Banque centrale en matière de supervision et l’habilité à octroyer les agréments pour l’exercice de l’activité bancaire, à édicter, par voie de circulaires, toutes les normes à caractère comptable et prudentiel et à prononcer les sanctions à l’égard des établissements qui enfreignent les dispositions légales ou réglementaires.

Nos banques sont partout

Trois banques mènent la danse. Les autres suivent... Les performances commerciales et financières de BMCE Bank au titre de l’exercice 2006 ont été caractérisées par une croissance à deux chiffres, confortant ainsi la dynamique de croissance rentable et le choix stratégique de développement à l’international. En 2006, le résultat net du groupe BMCE Bank a atteint 950 millions de dirhams, en hausse de +23%. La capitalisation boursière entre les exercices 2005-2006 a doublé passant de 12 à 20 milliards de DH. Portée à 28 milliards de DH.

« A l’international, 2006 a été l’année de mise en place des jalons essentiels du projet d’expansion en Europe, au Maghreb et en Afrique subsaharienne, à travers l’accélération de la constitution des instances opérationnelles de MédiCapital Bank à Londres, le lancement des activités de la filiale tunisienne, Axis Capital et l’annonce d’une banque d’affaires au Gabon », déclare Othman Benjelloun.

Pour sa part, le Groupe banques Populaires a fait part en 2006 d’un résultat net en forte progression de 35,7%. Ce résultat s’est établi à 2,3 milliards de DH confortant le leadership du GBP dans le secteur.

Pour 2007, le Groupe Banques Populaires laisse ouvertes les possibilités de croissance à l’international. Discret sur ses objectifs, il est clair que le groupe saura identifier et saisir tous les relais de croissance dans le cadre de sa stratégie de développement. Afin de servir ses clients à l’étranger, le Groupe a constitué une forte présence grâce à ses agences ou bureaux de représentation. Standard & Poor’s estime que le Groupe est capable de protéger sa position de leader malgré la rude concurrence dans ce créneau.

Numéro un en nombre de dépôts et de crédits fournis à l’économie, Attijariwafa bank qui a profité de la performance synchronisée de ses filiales au Maroc et à l’étranger, a dégagé en 2006 un bénéfice net de 2,022 milliards DH, un résultat qui a bondi de 23,6% par rapport à l’année d’avant. La banque est parmi les plus laborieuses à l’extérieur, les ambitions d’Attijariwafa bank sont sans frontières. Son objectif est d’acquérir une position forte au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Attijari bank, la filiale tunisienne, a entamé son plan de restructuration.

Attijariwafa bank Sénégal, confirme son ambition de mettre en place dans ce pays une plate-forme pour le développement des pays de la région. En Europe, la filiale française du groupe Attijariwafa bank Europe, a poursuivi son déploiement en Belgique et en Allemagne. En Italie, le groupe a créé, en 2006, une filiale financière Attijariwafa Finanziera.

Crédit et taux : facilités et surendettement

La course au marché et le cadre concurrentiel accru a joué en faveur d’un assouplissement des conditions d’octroi de crédit, au bénéfice de l’ensemble des segments de clientèle (particuliers et entreprises). Les banques ont poursuivi, en 2006, l’assouplissement de leurs conditions d’octroi de crédits au logement, en réduisant leurs exigences en matière d’apport personnel, en baissant les taux d’intérêt appliqués, en allongeant la durée des prêts et en développant les contrats à taux variables. Résultats, leur encours de crédits à la clientèle s’est accru en une année de 16,4%.

Les crédits à l’habitat accordés, en enregistrant un taux de 26%, ont connu le plus de progression. Les crédits alloués aux entreprises ont enregistré une progression de plus de 19%. Cette évolution a bénéficié aussi bien aux grandes entreprises qu’aux PME.

Mais tout en se félicitant d’une économie qui peut plus facilement se ressourcer, Bank Al-Maghrib a tiré la sonnette d’alarme quant au « risque de crédit ». En effet, selon le dernier rapport de la banque centrale, le surendettement « continue à constituer le risque principal de l’activité bancaire » à côté par ailleurs du « risque de taux d’intérêt » qui s’affirme comme un autre risque majeur. L’endettement des ménages est alarmant. À fin 2006, il est à près de 20%.

Du nouveau en 2007 : Produits islamiques

A la grande joie des Marocains qui réprouvent les gains générés par le prêt comme le préconisent certains préceptes de l’Islam, Bank Al-Maghrib, en concertation avec le GPBM, a annoncé l’ouverture du système bancaire marocain aux produits bancaires et financiers islamiques. Le marché est prometteur. Certains clients potentiels continuent de régler leurs transactions en liquide, d’autres refusent de passer par une banque pour financer leurs besoins, d’autres encore, ouvrent un compte dans un institut bancaire la mort dans l’âme... Toute une panoplie de produits bancaires qui répondent aux spécificités et règles de la Chariâa et conformes à la réglementation marocaine seront commercialisés dans les quelques mois à venir.

L’introduction des produits Ijara, Moucharaka et Mourabaha devrait permettre d’élargir la gamme de services bancaires et de contribuer à une meilleure bancarisation de l’économie.

Bank Al-Maghrib a défini le cadre devant régir l’offre de ces produits par les établissements de crédit marocains.

Les établissements de crédit procéderont à la commercialisation de ces produits via leur réseau ou filiales. Leur offre devra donner lieu à la signature de contrats établis sur la base des standards internationaux. Bank Al-Maghrib a défini les modalités de comptabilisation de ces produits.

Assurance : la concurrence crée la variété

Le secteur des assurances connaît un développement satisfaisant porté par le déploiement des stratégies des différents opérateurs. Dans un contexte devenu globalement plus concurrentiel, la plupart des compagnies d’assurance directes ont maintenu leur croissance, coiffées par Wafa Assurance qui réalise la meilleure performance. Au terme de l’année 2006, les primes émises par le secteur des assurances marquent une hausse de 12,3% pour s’établir à 14,3 milliards de dirhams.

Par branche d’activité, le pôle Vie signe une croissance de 26,7% avec un chiffre d’affaires de 4,1 Md DH, soit une part de 28,7% des primes totales émises. Dans une moindre mesure, l’activité Non Vie progresse de 7,3% à 10,2 Md dont 4,9 Md de chiffre d’affaires réalisé par l’assurance automobile.

Amine Benabdeslam quitte officiellement la Bourse

C’est officiel. Depuis vendredi 27 juillet 2007, Amine Benabdeslam n’est plus à la tête de la Bourse de Casablanca. Un poste qu’il a occupé depuis 2005. Une année auparavant, il avait une mission au sein de cette institution, mais en qualité de directeur marketing et membre du directoire. Il venait juste de rompre avec une carrière durant laquelle il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans des banques prestigieuses de la place comme la BMCE, la SGMB ou encore le CIH...

Ce diplômé de HEC Paris, âgé de 43 ans, est un jeune manager qui a marqué la Bourse. A son crédit, le développement du marché des actions. De 124 milliards en 2004, le flux est passé à 500 milliards cette année. Remarquable !

Maître de la démarche de vulgarisation des activités de la Bourse, Benabdesslem a modernisé la place et a ouvert ses portes au grand public et aux PME. Ses deux années à la tête de la BVC ont connu l’introduction de plus de 15 nouvelles entreprises. Bien sûr, la conjoncture y était favorable, mais le professionnalisme et le dynamisme de celui qui avait d’abord connu ‘la maison’ de l’intérieur ont été déterminants.

Pour l’heure, Amine Benabdeslam dit vouloir profiter au maximum de ses vacances avant de se lancer dans un nouveau challenge.

Le Reporter - Imane Berradi

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