Boabdil El Chico (Mohammed XII de Grenade), dernier sultan du royaume nasride de Grenade, s’est battu avec acharnement pour défendre son héritage, Al-Andalus, face à l’avancée inexorable des Rois Catholiques. Son règne, marqué par des luttes de pouvoir et des alliances fragiles, s’est achevé sur une capitulation amère en 1492, scellant le destin de Grenade et celui de son souverain.
Né à l’Alhambra en 1452, Boabdil était le fils du roi Abou l-Hasan Ali et de la sultane Aixa (Aïcha bint Mohammed “al-Horra”). Dès son plus jeune âge, il fut plongé dans les intrigues et les rivalités qui déchiraient la cour nasride. Impatient de prendre les rênes du pouvoir, il n’hésita pas à se rebeller contre son père en 1482, avec le soutien de sa mère. Cette trahison familiale lui permit de s’asseoir sur le trône, mais son règne ne dura qu’un an. Capturé par les Rois Catholiques en 1483, il fut contraint de céder son pouvoir à son père.
Libéré grâce à une alliance de circonstance avec les Rois Catholiques, Boabdil se retrouva pris dans un jeu d’échecs géopolitique complexe. Il combattit son père puis son oncle Muhammad XIII az-Zaghall, qui lui avaient successivement succédé, affaiblissant ainsi le royaume de Grenade et ouvrant la voie à sa reconquête par les chrétiens. En 1487, il reprit le trône, mais face à la menace croissante des Rois Catholiques, il signa un accord avec eux en 1491, leur cédant l’ensemble du royaume.
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Cet accord, cependant, ne fut pas respecté par les vainqueurs. Grenade tomba aux mains des Rois Catholiques en 1492, et les mudéjars, musulmans vivant en territoire chrétien, se virent contraints de se convertir ou de fuir. Boabdil, quant à lui, aurait cédé le royaume à Ferdinand et aurait passé le reste de sa vie en exil au Maroc, hanté par la perte de son royaume et pleurant « comme une femme » selon les mots de sa mère.
La figure de Boabdil reste controversée. Certains le décrivent comme un sultan faible et incompétent, incapable de défendre son peuple face à l’envahisseur. D’autres soulignent les circonstances difficiles dans lesquelles il a dû régner, marqué par des luttes intestines et une pression militaire croissante. Mais les sources historiques sur cette période sont souvent partiales et doivent être analysées avec un regard critique.
Loin d’être un simple personnage noir ou blanc, Boabdil incarne la complexité d’une époque charnière, celle de la reconquête chrétienne de la péninsule ibérique.