
L’Allemagne ouvre des portes aux diplômés marocains
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C’est une fuite discrète qui coûte cher au Maroc. Chaque année, des milliers de ses meilleurs éléments quittent le navire, affaiblissant son économie et sa capacité à innover. Un rapport a mis des chiffres sur ce défi majeur et explore les pistes pour tenter enfin d’inverser la tendance.
Un avis publié en 2022 par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a mis en avant l’accentuation et la transformation de la migration des compétences marocaines. Le rapport dresse le constat d’un phénomène structurel : le Maroc continue de former des profils qualifiés qui quittent le pays, en l’absence de stratégies de rétention efficaces ou de mécanismes de retour adaptés.
Pour étayer cette analyse, le CESE s’appuie sur les résultats de l’enquête nationale sur la migration internationale. Les données indiquent une réorientation des flux migratoires qualifiés vers l’Amérique du Nord. En effet, 76 % des Marocains résidant dans cette zone sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 48,9 % pour ceux vivant dans les anciens pays européens d’immigration. Cette migration est alimentée directement par le système éducatif national, puisque 74,1 % des diplômés marocains du supérieur installés à l’étranger ont obtenu leur qualification au Maroc.
Les secteurs les plus affectés par cette émigration qualifiée sont les domaines scientifiques, médicaux, techniques et industriels. L’ingénierie, l’aéronautique, la médecine et l’informatique figurent parmi les branches les plus concernées. Le rapport note cependant que cette mobilité ne garantit pas toujours une meilleure insertion professionnelle. Il documente un phénomène de déclassement important, illustré par le cas de l’Italie, où 81 % des Marocains titulaires d’un diplôme universitaire occupent des postes sous-qualifiés, contre 21 % pour les natifs.
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Face à cette dynamique, le CESE formule plusieurs recommandations visant à mieux mobiliser la diaspora. Il a plaidé notamment pour l’introduction de dispositions pour assouplir la mobilité des experts marocains résidant à l’étranger, afin de faciliter leur participation à des programmes nationaux sans exiger un retour permanent. Le Conseil avait suggéré également le développement d’une plateforme digitale de gestion prévisionnelle des emplois, conçue via un partenariat public-privé, pour cibler les profils de la diaspora et répondre aux besoins des métiers en tension au Maroc.
Ces propositions interviennent alors que les dispositifs précédents, tels que le programme TOKTEN ou la plateforme Maghribcom, ont démontré leurs limites. Le CESE pointe une absence de suivi, de coordination et de capitalisation sur les expériences passées. L’impact de cette fuite des compétences, bien que non chiffré précisément, est identifié comme une perte d’innovation et un affaiblissement des écosystèmes universitaires et industriels, engendrant une dépendance accrue aux expertises extérieures. Le rapport met ainsi en évidence un enjeu structurel pour lequel une réponse globale reste à construire.
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