Amina Bouayach a présenté le résultat d’une investigation approfondie qui relate ce qui s’est passé en 2016-2017. Après une année d’investigations et de recherches, le CNDH est arrivé à la conclusion que "pendant ces trois dernières années, l’opinion publique n’a fait que consommer 80 % de fake news sur les manifestations d’Al Hoceima".
Les événements d’Al Hoceima ont éclaté en octobre 2016, suite à la mort accidentelle d’un poissonnier. Après six mois, les protestations pacifiques se sont transformées en "affrontements violents", conduisant au décès d’un policier. Une trentaine d’autres membres des forces anti-émeutes, ont été gravement blessés au cours de ces manifestations. Nasser Zefzafi, leader de ce mouvement de protestation, a été poursuivi pour "avoir interrompu le prêche" de l’imam d’une mosquée le vendredi 26 mai 2017 et condamné à 20 ans de prison ferme.
Selon Bouayach, "Zefzafi a adopté un discours dangereux incitant à la violence. Ensuite, il a porté atteinte à la liberté de culte et de croyance au sein d’une mosquée", a expliqué Bouayach, en soulignant que les vidéos de cet incident sont encore "accessibles et consultables" sur YouTube.
Elle a rappelé que les experts du CNDH ont travaillé "d’arrache-pied" sur le terrain, interrogé des dizaines de personnes et consulté des centaines de documents écrits et audiovisuels pendant 12 mois sur les événements d’Al Hoceima. "À partir de 302 000 contenus, diffusés concernant les manifestations d’Al Hoceima, on a découvert plus de 10 000 faux contenus et fake news", a-t-elle précisé.
Au cours de la présentation des grandes lignes de son rapport, Bouayach a également abordé la polémique relative aux slogans de "al-Askara" (la militarisation) du Rif qui a été évoquée par les réseaux sociaux lors des manifestations en 2017. "Par le passé, les gens disaient que le Rif était marginalisé économiquement… Mais il ne faut pas oublier que sur le plan administratif et politique, le Rif a toujours fait partie des autres régions du Royaume où l’administration, les services publics et les élections, se déroulent normalement", rappelle-t-elle.
Au nombre des recommandations émises par le CNDH dans ce nouveau rapport, il y a "nécessité de réviser la procédure du code pénal pour une conformité avec les engagements du Royaume sur le plan international", "le renforcement du rôle de la défense avant tout procès… et de ne pas exiger du détenu de prouver les dénonciations de torture".