Mohamed Mustapha Tabet : l’effroyable parcours d’un commissaire violeur au Maroc

11 mai 2024 - 21h30 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Il y a des légendes dans chaque domaine, et le crime n’y échappe pas. Le Maroc s’est un jour éveillé à l’ombre glaciale d’une telle figure. Son nom : Mohamed Mustapha Tabet, surnommé “Haj”. Plus que son titre de violeur en série, c’est le cynisme de ses actions et l’ampleur de ses forfaits qui ont ébranlé l’opinion publique : plus de 500 viols.

Haj n’était pas qu’un criminel ordinaire ; il était aussi un homme de loi, un commissaire de police. La dichotomie est saisissante : comment un protecteur de la justice peut-il commettre plus de 500 agressions sexuelles ?

Sa chute, aussi tragique qu’elle a été, nous révèle un réseau de cruauté bien organisé. Avant de rencontrer son triste sort – une condamnation à mort le 15 mars 1993 et une exécution le 5 septembre de cette même année – Haj avait orchestré un macabre spectacle. Que ce soit dans des voitures ou des appartements loués pour l’occasion, il immortalisait ses méfaits grâce à un système audiovisuel. Des mères, leurs filles et parfois même leurs grand-mères, étaient victimes de ces abus, parfois simultanément. Ces images, d’une horreur inimaginable, circulaient ensuite dans le sordide marché de la pornographie.

Mais le destin a ses tournures inattendues. En 1992 à Milan, Saïd, un Italo-marocain, regarde un de ces films pour une soirée entre amis. Son sang ne fait qu’un tour : l’une des victimes n’est autre que sa sœur. Ce choc le mène directement à Casablanca, où ses investigations révéleront l’étendue de la perversité de Haj. La justice finira par le rattraper.

Malgré le monstre qu’il était, Haj jouissait d’une protection d’État, rendant sa capture difficile. Il incarnait un paradoxe vivant. Tout en commettant ces atrocités, il était considéré comme un commissaire exemplaire. Il ne fumait pas, ne buvait pas, priait régulièrement et avait effectué plusieurs fois le pèlerinage à La Mecque.

Originaire de Beni Melal, Haj, alors âgé de 54 ans, avait vécu un passé tumultueux. Son premier mariage vola en éclats lorsqu’un commandant de police l’envoya en prison sur de fausses accusations, dérobant au passage son épouse. Haj, jadis professeur d’arabe, sera libéré quatre ans plus tard. Ironiquement, il rejoindra les rangs de la police. Mais au lieu de protéger et de servir, Haj a commis l’inimaginable, violant 518 femmes, dont 20 mineures, et produisant pas moins de 118 vidéos de ses méfaits.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Peine de mort - Police marocaine - Vol - Commissaire Tabet

Aller plus loin

Maroc : six ans de prison pour le viol d’une touriste étrangère

La justice a rendu son verdict dans l’affaire du viol d’une touriste étrangère survenue à Rabat en novembre dernier. Les deux hommes impliqués ont été condamnés à une peine de...

Maroc : une pétition en ligne contre les viols de femmes sur les lieux de travail

120 femmes travaillant dans des fabriques de textiles au Maroc ont révélé avoir été violées par leurs responsables hiérarchiques. Une réalité effrayante pour des millions...

Torture et faux en écriture : le double procès d’un commissaire marocain

Condamné par la chambre criminelle (1ᵉʳ degré) de Marrakech à trois ans de prison ferme et une amende de 100 000 dirhams, un commissaire de police continue d’affronter la justice.

Salim Berrada, le « violeur de Tinder », condamné à 18 ans de réclusion

Accusé de 17 viols et agressions sexuelles, Salim Berrada, 38 ans, a été condamné vendredi par la cour criminelle de Paris à 18 ans de réclusion. L’ancien photographe marocain,...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Vaste mouvement de nominations au sein de la police

Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Sûreté nationale, a procédé à une série de nominations importantes dans le cadre de la stratégie de consolidation du principe de rotation des postes de responsabilité et de promotion de jeunes compétences...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Des soucis avec les bagages à l’aéroport Mohammed V de Casablanca

L’aéroport Mohammed V de Casablanca, en collaboration avec la Royal Air Maroc (RAM) et l’Office national des aéroports (ONDA), vient de créer une équipe spéciale pour améliorer la gestion des bagages en correspondance.

La police marocaine se modernise

La police marocaine s’est dotée de nouvelles voitures, motos et véhicules utilitaires hautement équipés techniquement. Cette dotation s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération de modernisation de la flotte de véhicules de police au niveau régional...

Maroc : des sanctions disciplinaires à l’Institut royal de police

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé samedi une série de sanctions disciplinaires et de mesures d’évaluation des performances contre certains policiers de l’Institut royal de police (IRP). Cette annonce fait suite à une enquête...

Interpol : les 11 Marocains les plus recherchés de la planète

Onze Marocains sont actuellement recherchés par l’organisation de la police internationale : Interpol. Ces individus, sous le coup de mandats internationaux, sont accusés de crimes et délits graves.

Maroc : les voitures de fonction sous haute surveillance

L’administration publique marocaine veut en finir avec le phénomène de l’exploitation des voitures de service à des fins personnelles pendant la période des vacances. Les services compétents de la police et de la gendarmerie royale sont mobilisés à...

La police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé un grand concours de recrutement de plusieurs grades au sein du corps de la police. Le concours aura lieu le 16 juillet à Rabat et dans d’autres villes si nécessaire. Au total, 6 607...

La police marocaine exemptée de contrôle de vitesse

Le gouvernement s’apprête à adopter un nouveau projet de décret visant à exempter les véhicules de la police, de la gendarmerie et des forces auxiliaires de l’obligation d’installation d’un dispositif de mesure de vitesse.

MRE : Vacances gâchées par des tracasseries administratives

C’est avec un sentiment mêlé de lassitude et de colère que les Marocains résidant à l’étranger (MRE) vont commencer à débarquer dans les ports marocains dans les prochains jours.