Coupe du monde 2010 : Le Maroc favori ?

21 mars 2004 - 00h26 - Sport - Ecrit par :

À deux mois du scrutin décisif, le Maroc réalise une belle remontée. Aujourd’hui, notre dossier a comblé son retard et nous avons retrouvé une crédibilité internationale. Suffisant pour gagner ?

deux mois du scrutin décisif, prévu le 15 mai, la situation est très différente. Pour le Marocain, ce qui était un rêve prétentieux relève aujourd’hui d’une possibilité sérieuse. La raison de ce retournement est claire : la performance des Lions de l’Atlas en Tunisie. En arrivant en finale, après avoir offert un beau spectacle tout au long du tournoi, les joueurs de la nouvelle génération ont réconcilié les Marocains avec le football. L’onde de choc provoquée en Tunisie a résonné dans les rues marocaines, et nos autorités ont redécouvert l’extraordinaire pouvoir de mobilisation du ballon rond. Quand les footballeurs gagnent, c’est tout le pays qui sourit, le patriotisme et l’optimisme reviennent au galop. Ce n’est pas un luxe, quand la majorité des jeunes a pour unique objectif l’émigration dans les plus brefs délais. Autre élément important, la jeunesse de l’équipe en question, qui est bel est bien constituée de joueurs qui, en 2010, porteront toujours le maillot national. Pourtant, il faut garder les pieds sur terre : il n’y a aucune corrélation directe entre ces derniers résultats et l’obtention d’une Coupe du monde. Rappelons qu’il faut convaincre non pas une population marocaine (c’est aujourd’hui fait, et ce n’est déjà pas mal), mais bien 24 votants.
Néanmoins, il existe une très nette inversion de tendance dans la presse internationale, qui parle aujourd’hui du Maroc comme "un sérieux challenger pour l’Afrique du Sud" (Associated Press) ou d’une "nation chaleureuse qui a les possibilités d’organiser la Coupe du monde" (Reuters). C’est le Daily telegraph, quotidien londonien, qui résume le sentiment général : "Le Maroc est très proche du favori, l’Afrique du Sud", avant de rapporter les mots d’un des votants : "L’avantage va au Maroc, qui déploie actuellement beaucoup d’efforts". Le ton est à l’optimisme, donc, ou plutôt à la surprise de voir le Maroc présenter un dossier sérieux au lieu de se contenter du rôle qu’on lui avait attribué, celui de faire-valoir de la très puissante Afrique du Sud. C’est là le résultat de la politique médiatique de l’équipe Maroc 2010, qui organise régulièrement à l’attention des journalistes des tournées de visites. On ne communique plus autour de maquettes et de concepts virtuels, on exhibe les travaux en cours. Car il y a bien des stades qui se construisent à Agadir, Marrakech et Tanger. Rappelons que le Maroc s’était engagé sur ces trois nouveaux stades quelle que soit l’issue du vote, les trois autres stades à construire (El Jadida, Meknès et Casablanca) étant conditionnés par l’obtention de la Coupe du monde. À Marrakech, la tribune grimpe, enfin, et dans les deux autres sites, la partie obscure et ingrate - les excavations - sont sur le point d’aboutir. Nous sommes en conformité avec le planning annoncé, calculé large il est vrai.

À la FIFA

Du côté du comité de candidature, on se dit donc optimiste, et surtout conscients que la bataille ne se fait plus sur le terrain des infrastructures mais sur le plan politique. "À partir du moment où nous avons présenté un bon dossier technique, il est inutile de revenir dessus, c’était juste une condition nécessaire pour être dans la course", explique ainsi Youssef Bencheqroun, responsable de la logistique et de la sécurité. Il faut aujourd’hui convaincre les votants, qui n’ont pas encore reçu les rapports d’inspection de la FIFA. C’est Saâd Kettani qui s’en charge lors d’incessantes tournées. Il les a déjà tous rencontrés au moins une fois. Nous avons déjà deux voix acquises, la France et l’Espagne, deux pays qui font actuellement campagne publique pour nous. On considère aujourd’hui que la majorité des votants n’ont pas fait leur choix. En position d’attente, ils espèrent un signe de la CAF (Confédération africaine de football) pour se décider… et le signe ne vient pas ! C’est qu’il règne à la FIFA une sorte d’angoisse diffuse, un vague regret d’avoir promis si tôt la coupe à l’Afrique. La solution, c’est de s’en remettre au maximum aux choix de Issa Hayatou, patron de la CAF nouvellement réélu. Si le Camerounais refuse de s’exprimer publiquement, il se dit qu’il serait favorable à une Coupe du monde marocaine, au moins pour deux raisons. La première, c’est que le Maroc ne l’a jamais trahi, lors de sa campagne pour la FIFA par exemple et la seconde, c’est qu’il s’agit d’un opposant à Blatter notoirement pro-Afrique du Sud. Nous sommes donc dans une situation d’attente, où le lobbying doit être féroce, si l’on souhaite contrer la présence charismatique de Nelson Mandela.

Côté concurrents

Chez nos concurrents, la situation est plus mitigée : la Coupe d’Afrique des nations a fait beaucoup de mal à l’Égypte. Non pas à cause de l’échec sportif, mais bien à cause de la réaction gouvernementale qui l’a suivi. L’Égypte a commencé par dissoudre sa fédération nationale, avant de se rappeler que la FIFA n’appréciait pas du tout ce genre de décision (la Côte d’Ivoire a même été suspendue sportivement deux ans pour le même motif) et d’imposer une démission collective. Concrètement, cela signifie que l’équipe en charge du dossier "Egypt 2010" est sortie décrédibilisée de cette opération. La Tunisie et la Lybie se sont vues sommées par la FIFA de scinder leurs candidatures, ils n’ont obtempéré que tardivement, accumulant un retard important sur leurs concurrents. Précisons par ailleurs que la candidature tunisienne est très peu présente à l’international : les panneaux publicitaires "Tunisie 2010" ont été placés à la dernière minute sur les stades de la CAN, pour équilibrer ceux placés par leur concurrents. Le sentiment général est donc qu’il s’agit plus de candidatures d’image que de vrais dossiers. En passant, il faut également en profiter pour tordre le coup à une rumeur tenace qui voudrait que le Maroc ait "donné" la finale contre la Tunisie contre un soutien à notre candidature. Outre l’incohérence sportive d’une telle thèse (il suffit d’avoir côtoyé les joueurs pour le sentir), il faut rappeler que la Tunisie ne dispose aujourd’hui que d’une voix garantie, la sienne. On imagine mal le deal…

Par Réda Allali pour Tel Quel

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Football - Jeux Olympiques - Confédération africaine de football

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc aura l’un des stades les plus avancés technologiquement au monde

Le stade Moulay Abdallah de Rabat s’apprête à devenir l’un des complexes sportifs les plus avancés au monde sur le plan technologique. C’est ce qu’a annoncé Zineb Benmoussa, directrice générale de l’Agence Nationale des Équipements.

Jeux olympiques Paris 2024 : la controverse transgenre chez les chrétiens marocains

Les chrétiens marocains sont divisés au sujet de l’apparition de personnes transgenres simulant la Cène à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris vendredi. Alors que l’Union des chrétiens marocains soutient « fortement » cette initiative,...

Maroc-Lesotho : une large victoire pour marquer les esprits

L’équipe du Maroc de football s’apprête à disputer son dernier match des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 face au Lesotho, lundi au stade d’Oujda.

A Marrakech, Walid Regragui tente de convaincre Brahim Diaz

Walid Regragui multiplie les initiatives pour convaincre Brahim Diaz d’intégrer l’équipe marocaine. Le milieu de terrain du Real Madrid hésite à faire un choix entre les Lions de l’Atlas et la Roja.

PSG - Toulouse : les notes d’Achraf Hakimi par la presse sportive

Le Paris Saint-Germain a confirmé sa bonne dynamique en Ligue 1 en s’imposant facilement contre Toulouse (3-0) vendredi soir. Parmi les artisans de cette victoire, Achraf Hakimi a une fois de plus démontré qu’il est bien plus qu’un simple latéral...

Annulation surprise du stage de l’équipe du Maroc de football

Plusieurs raisons seraient derrière l’annulation par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) du stage que devait effectuer la sélection marocaine des natifs de 2000 et plus, du 12 au 15 janvier 2025 au Complexe Mohammed VI de football, en...

Le Maroc veut arracher une pépite à l’Angleterre

Ibrahim Rabbaj pourrait figurer sur la liste de Walid Regragui pour les matchs de juin. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) s’activerait pour convaincre le jeune attaquant anglais d’origine marocaine de 16 ans de rejoindre les Lions de...

Walid Regragui s’inquiète pour Nayef Aguerd

Souvent blessé, le défenseur central marocain Nayef Aguerd est absent des pelouses depuis quelques semaines. Actuellement, il suit un programme de récupération sous la supervision du staff médical des Lions de l’Atlas.