Alors qu’il se trouve en France depuis plusieurs années, Alae Eddine Ennaimi est menacé d’expulsion. Le jeune homme de 24 ans a été arrêté par la police après un contrôle dans le restaurant où il travaillait.
Partout en France, des citoyens refusent de fermer les yeux sur la reconduite de familles entières. Un mouvement qui va compliquer la tâche du candidat Sarkozy. « Nous allons installer des tentes devant le tribunal administratif ! » Catherine Tourier, de Réseau Éducation sans frontières à Lyon, ne plaisante même plus.
L’agenda de la semaine est très chargé : aujourd’hui, à 10h, un jeune Marocain arrêté à Bourg-en-Bresse conteste son arrêté de reconduite à la frontière ; à 15 heures, c’est une famille de Géorgiens qui est présente en France depuis plus de cinq ans et que le préfet de l’Ain veut expulser ; il y a aussi une famille d’opposants albanais ; demain, à 14h30, ce sera une jeune femme rom du Kosovo ; jeudi, à 15h30, c’est la famille Vasic, Rom du Kosovo... Et ce ne sont que les cas connus. En campant devant le tribunal, malgré le manque de pelouse, le réseau pourrait être présent de l’ouverture à la fermeture.
Lyon, Bobigny, Paris, Marseille, Lille... ne sont pas les seuls mobilisés en cette fin d’année. Il manquait mille reconduites, le mois dernier, au ministre candidat, pour pouvoir afficher le succès complet de sa guerre déclarée aux 25 000 « clandestins » illégaux, qui « n’ont pas vocation à rester sur le territoire » et montrer qu’il est le plus fort. Il devrait pourtant s’inquiéter : le nombre des voix xénophobes a peu de chance de gagner en importance quand l’inhumanité des expulsions rassemble autant d’opposants, ni « professionnels » ni « droit-de-l’hommistes » éthérés, à sa politique.
La carte de France que nous présentons ici n’a rien d’exhaustive. Nous n’avons sélectionné qu’une action par département, programmée entre le 15 novembre et demain. De plus, notre panorama de la solidarité ignore bon nombre de mobilisations : parce que les réseaux de résistance ne trouvent pas toujours le temps de communiquer et que les collectifs se créent au gré des décisions préfectorales. Ainsi, dans l’Allier, rien n’était signalé jusqu’à ce que des citoyens apprennent l’expulsion vers le Maroc de Fatima Charbi, une jeune étudiante. Liens personnels, mobilisation informelle, puis les résistances virtuelles se rencontrent, s’organisent et oeuvrent, aujourd’hui, pour le retour de la jeune fille.
L’Humanité - Émilie Rive
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