C’est incontestablement l’une des plus grandes mobilisations contre le gouvernement de ces dernières années. À l’initiative de GenZ 212 qui a lancé sur Facebook, TikTok et Discord des appels à manifester les 27 et 28 septembre, de nombreux jeunes Marocains ont pris d’assaut les rues pour réclamer des réformes dans les secteurs de l’éducation et de la santé et dire stop à la corruption qui prend des proportions alarmantes dans le royaume. « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades ! », « Nous ne voulons pas de la Coupe du monde, nous voulons des soins de santé », « Le peuple veut la fin de la corruption », ont scandé entre autres les manifestants.
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Les jeunes Marocains ont exprimé à l’occasion leur désespoir. « Il n’y a plus d’espoir », a confié à la presse Youssef, ingénieur de 27 ans, qui a participé à la manifestation à Casablanca. « Je ne veux pas seulement des réformes dans les domaines de la santé et de l’éducation, je veux une réforme de l’ensemble du système. Je veux de meilleurs salaires, de meilleurs emplois, des prix bas et une vie meilleure », a-t-il ajouté. « Nous voulons que le Maroc soit dans une meilleure situation et que les citoyens soient traités comme des êtres humains, et non comme c’est le cas actuellement, où le pays avance à deux vitesses », a dénoncé dimanche à Rabat un autre manifestant de 19 ans.
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Alors que les hôpitaux sont débordés, le gouvernement marocain investit dans les projets coûteux comme l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030 que le Maroc organisera conjointement avec l’Espagne et le Portugal, dénoncent les jeunes qui reprochent aux autorités de concentrer les ressources du pays dans la construction et la rénovation des stades. « Nous ne voulons pas de la Coupe du monde, nous voulons des soins de santé », peut-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. « Nous avons augmenté les dépenses, nous avons construit des hôpitaux dans toutes les régions », se défend le Premier ministre, Aziz Akhannouch.
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Les manifestations ont été durement réprimées par la police. L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a confirmé plus d’une centaine d’arrestations à Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt. Certaines personnes ont été libérées après avoir passé la nuit au commissariat. Le président de la section de Rabat de l’AMDH, Hakim Sikouk, a dénoncé la répression et mis en garde contre un recul des libertés. Plusieurs partis d’opposition et organisations de défense des droits humains ont critiqué cette répression excessive des manifestants, invitant le gouvernement à privilégier le dialogue. Pour sa part, le mouvement GenZ 212 assure que son initiative est « pacifique et patriotique ». Des observateurs voient en ces manifestations « une indignation numérique juvénile plutôt qu’un mouvement organisé ».