Hassan Legzouli : Le cinéaste qui venait du froid

2 janvier 2005 - 21h07 - Culture - Ecrit par :

Cinéaste de la diaspora, il voit son joli 1er film, « Tenja », concourir en compétition officielle au Festival de Marrakech. Suivi d’un parcours atypique.

On n’est, paraît-il, jamais aussi bon dans un métier que lorsqu’on y plonge par hasard. Prenez Hassan Legzouli. Il en est le meilleur exemple, lui qui n’avait, à son départ pour des études en France en 1982, rien à voir avec le cinéma. Pourtant au final, en 2004, il accouche d’un premier long plutôt abouti, choisi pour représenter le Maroc en compétition officielle au dernier Festival de Marrakech. Physiquement, Legzouli est un monsieur-tout-le-monde, pas très grand, une mouche bien visible au dessus du menton et une discrétion remarquable qui pourrait même passer pour de la timidité. Pour le reste, qu’est ce-qu’il parle, même en mangeant ! Il est d’une prolixité étonnante concernant son métier et le chemin emprunté pour y arriver : « lorsque je suis arrivé à Amiens pour des études de maths, c’était le début des mouvements anti-racistes. J’ai découvert alors un certain Moi maghrébin, avec des trucs à raconter. Le cinéma s’est imposé par lui-même. Quand je rentrais fin juin pour les vacances estivales, je ramenais des encyclopédies sur le cinéma que je dévorais ». Et les maths ? Haussement d’épaules. Il finira par tomber sur un ancien maoïste dans un institut de filmologie qui connaissait bien le cinéma arabe et lui fera découvrir le cinéma brésilien, palestinien, des films comme « L’heure des brasiers » qui le conforteront dans son idée de tout envoyer balader pour le 7ème art. Il prépare le concours de L’INSAS (Institut National Supérieur des Arts et du Spectacle) à Bruxelles, se fait recaler en section images à Louis Lumière où on lui conseille de revenir l’année d’après en cellule réalisation, va étudier l’Histoire de l’art en attendant et réalise dès la fin de sa première année d’études un court intitulé « Le marchand de souvenirs » qu’il présentera en 95 au Festival International de Tanger. Il a dorénavant le pied à l’étrier du cinéma et ne s’arrête pas de mettre les bouchées.

Premiers pas concluants sur Canal +

Il commet un moyen-métrage de 40 minutes en 98 « Quand le soleil fait tomber les moineaux », ou l’histoire d’un homme qui apprend dans le souk, abruptement, la mort de ses deux fils dans le Sahara. Un film qui fera son petit effet et la tournée des festivals internationaux. Il sera vendu à Canal+. « Pour une fois, je gagnais un petit peu d’argent », dit-il, et bien plus : le film, tourné dans le village d’Aderj, déclenchera l’idée du long-métrage, avec un seul impératif, trouver une passerelle avec le nord de la France. L’épisode du village est important, en ce sens, où, dit-il, « tout vient de là. S’il y a un bout du Maroc que je trimballe avec moi, c’est bien celui-là. J’y étais vraiment libre, notamment grâce à ce rapport à la vie qui écarte tout le superflu ».

Un Maroc qu’il stigmatise pas mal dans « Tenja », son premier long avec Roshdy Zem et Aure Atika, et qu’il revendique du moment que « c’est juste, car, ce qui (me) choque dans la vision de l’immigration, c’est l’appartenance. Au Maroc, elle est automatique. Or, mon Moi marocain, il m’appartient ». Deux questions, classiques : la première a trait à la part d’autobiographie dans sa première oeuvre, la seconde au film qui a tout déclenché.

Réponse : « la part d’autobiographie est davantage dans l’attachement aux deux terres, la France et le Maroc, cet amour personnel pour le pays et l’émotion qu’on a à le traverser. Quant au film, c’est Taxi Driver, de Scorsese, avec De Niro ».

Il continue de manger, et sourit.

Amine Rahmouni - Le Journal Hebdo

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