Moi, Redouane, 32 ans, hooligan professionnel

30 octobre 2007 - 00h25 - Sport - Ecrit par : L.A

Le week-end dernier, il a bien participé à la curée. Pour voir son équipe favorite gagner, il est capable de tout. Même du pire. Redouane, infographiste dans une petite imprimerie, célibataire, fait le coup de poing les soirs de match depuis 15 ans.
Ils aiment se battre pour leur équipe.

Malgré ses épaules larges et sa tête de turc, Redouane est plutôt calme « dans le civil ». Entendez par là que l’homme n’est pas particulièrement porté sur la bagarre. Pourtant, c’est le même personnage qui a voué sa vie à son équipe préférée, le Raja. Pour cet enfant du Hay Mohammadi, « le Raja est toute sa vie ». Plutôt timide, il n’a pas eu beaucoup de chance avec les femmes, du coup, le foot, c’est tout ce qui l’intéresse. A 32 ans il a bien gagné son titre de hooligan. Il aime se battre pour son équipe. Crier, faire la bringue, en mettre plein la vue aux mauviettes de l’équipe adverse quand le Raja gagne et casser, mettre la ville à feu et à sang quand l’équipe perd. Voilà un peu le credo de Redouane qui ne comprend pas qu’on puisse évoquer la morale, estime que « là-dedans, il y a juste un peu de violence, pour se défouler, rien de bien méchant. Pour la casse, il pense que « ces richards qui se remplissent les poches sur le dos des supporters et des joueurs ont assez de liquidités pour en assumer le coût ».

« J’ai toujours aimé le Raja. A 32 ans, je suis incapable d’imaginer que je puisse un jour rater un beau match. C’est l’un des amis de mon père qui m’a fait découvrir le foot. Au début, on allait juste à côté, pas trop loin de la maison, pour voir l’équipe du TAS. C’est là où j’ai fait mon premier coup de feu avec les premières grosses bagarres entre supporters du Tas et ceux d’une équipe de Mohammedia. Ensuite, j’ai eu le virus du Raja, et là, j’ai commencé à suivre l’équipe tout au long de ses déplacements. Passer des heures dans le bus à chanter avec les supporters, à raconter des blagues salées et à promettre l’enfer aux supporters de l’équipe adverse, c’est tellement excitant. Quand on descend dans une autre ville, on se sent dopés, on a l’impression d’être des conquérants qui débarquent d’une autre planète.

Sur les dérapages, les bagarres qui peuvent déboucher sur la mort, mettre en danger la vie des autres, pour lui, cela fait partie des risques du métier. On n’est pas violent de nature, c’est le cadre, les cris des autres, l’émotion qui vous met dans tous ces états. Dans un stade ou dans la rue, vous observez ceux d’en face, ils vous narguent, ils vous insultent, il suffit qu’un but soit logé dans les filets de votre équipe pour que vous perdiez la tête. C’est la sensation la plus forte que j’ai jamais éprouvée. À ce moment-là, il y a une espèce de montée d’adrénaline, une excitation folle.

Parfois tout ça peut mal tourner. J’ai déjà eu un bras cassé. J’ai perdu des dents. Parfois, après coup, ça me fait un peu peur. Mais dans l’action, on oublie vite. Il y a aussi un code d’honneur . On n’irait pas tabasser un père de famille, et il ne viendrait pas à l’idée d’un supporter d’utiliser des armes. De plus, s’attaquer à l’un d’entre nous c’est attaquer les autres, il y a une certaine solidarité entre nous ». Ceci dit, l’homme s’inquiète des dérives des supporters les plus jeunes. « Tous ceux qu’on voit débarquer et qui se disent supporters du Raja ou du Wydad, on les voit souvent armés de barres de fer, de couteaux, de bâtons... Ils me font peur. Il s’agit d’autres logiques, en ce qui nous concerne, nous autres, ces jeunes casseurs qui font dans l’acte gratuit, on ne les comprend plus. C’est une question de générations ».

Gazette du Maroc - Abdellatif El Azizi

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