Informatique : Le Maroc, futur sanctuaire francophone ?

11 janvier 2004 - 14h02 - France - Ecrit par :

Le Maroc a tous les atouts pour s’imposer comme le nouveau sanctuaire de l’informatique off shore de la sphère francophone. Les compétences spécifiques ne manquent pas, la langue française y est largement usitée et le pays est ouvert à tous les opérateurs étrangers qui veulent externaliser tout ou partie de leurs activités.

A condition de se montrer proportionnellement plus agressif et professionnellement plus compétitif que les concurrents sur le marché international. Or, malgré les avantages comparatifs culturels qu’offre le Maroc, des pays comme l’Inde et la Roumanie font beaucoup mieux en matière d’accueil d’investissements en informatique off shore. L’Inde a même réussi à s’imposer comme une référence en la matière, particulièrement dans la sphère anglophone.

L’informatique off shore au Maroc, c’est une activité qui se chiffre à 700 millions de dirhams en services exportés et 4000 employés. Des compagnies étrangères ont déjà installé des centres d’appels au Maroc, dont l’espagnol Telefonica, et cela ne fait que commencer. S’il est certain que le Maroc aura indéniablement sa part du gâteau, la question reste de savoir s’il parviendra à accrocher un maximum de parts de marché.

Pour tout ce qui est vente, conseil, recouvrement et sondages à distance, voire aussi l’externalisation de certaines activités internes des entreprises tels la comptabilité et le secrétariat, une délocalisation massive est prévue par les experts du domaine. Baisse des coûts oblige, plusieurs opérateurs étrangers veillent actuellement à localiser ce genre d’activités dans les pays moins coûteux sur le plan salarial, pourvu que ces terres d’accueil offrent les critères exigés, dont en premier lieu la maîtrise des langues.

La France, pays émetteur de délocalisation de services informatiques, qui intéresse particulièrement le Maroc, a vu ses entreprises investir hors de ses frontières 27 millions d’euros en 2002. Au cours des prochaines années, le marché de l’externalisation en France est estimé à 150 millions d’euros.

Et jusqu’à présent, les premiers bénéficiaires en ont été l’Inde et la Roumanie, et ce, malgré l’handicap linguistique. Des professionnels du domaine prédisent que l’Inde disposera dans une dizaine d’années de téléopérateurs maîtrisant parfaitement le français, du fait des opportunités qu’offre le marché francophone et de son expérience réussie dans ce domaine sur le marché anglophone.

Que fait le Maroc pour exploiter au mieux ce créneau porteur ? 26 millions de dirhams sont investis par l’OFPPT pour se doter d’un centre de formation dans les technologies de l’information.

800 téléopérateurs y seront formés chaque année. Car le véritable problème du Maroc en matière de compétences ne se situe pas au niveau des ingénieurs et hauts cadres informaticiens, même si ça devrait être le cas dans quelques années, à moins d’augmenter le nombre des lauréats des grandes écoles en matière de technologies de l’information. Le besoin urgent se fait en cadres moyens, techniciens et opérateurs, capables de relever le défi pour satisfaire une demande fort exigeante. L’OFPPT s’est donc engagé à former en six mois des conseillers en service client à distance diplômés pour répondre à ce besoin.

Il reste donc à aller démarcher ces opérateurs étrangers qui cherchent à délocaliser ou sous-traiter leurs services à la clientèle avant que d’autres concurrents ne le fassent. A ce titre, il faut rappeler que l’espace francophone n’est nullement limité à la France, la Suisse, la Belgique et le Canada regorgent d’investisseurs potentiels auprès desquels il est important de se faire connaître.

D’autre part, l’informatique off shore ne comprend pas que les activités des centres d’appels. Il y a aussi les activités informatiques plus pointues, tel le développement de logiciels, qui exigent des profils tout aussi pointus et génèrent beaucoup plus de valeur ajoutée. Le Maroc pourrait en tirer profit, aussi bien en termes d’investissements et d’exportations que de transfert d’un savoir-faire technologique dont le pays manque énormément. C’est aussi une invitation à promouvoir la Recherche-Développement, autre secteur d’activités à potentiel très élevé.

Les voies qui mènent à la « Palmeraie Valley » (*) passent par une forte volonté affichée et des efforts considérables pour faire du Maroc le sanctuaire francophone de l’informatique off shore.

(*) En référence à la « Sillicon Valley » en Californie.

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