Dites-nous, Monsieur MRE…

3 mars 2008 - 09h33 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le 21 décembre dernier, Driss El Yazami a été nommé à la tête du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), formé sous la houlette du CCDH. Après deux mois de silence, il parle enfin…

Que s’est-il passé au sein du CCME depuis sa création, il y a deux mois ?

Nous sommes en train d’élaborer notre programme et de constituer les groupes de travail. Nous devions d’abord régler les détails logistiques : l’une des difficultés que nous avons rencontré est celle de nous
organiser à 50 personnes, installées dans différents pays. Le dahir qui vient d’être publié attribue au CCME une triple fonction : évaluer les politiques de l’Etat en direction des Marocains à l’étranger, faire des propositions pour une meilleure participation de cette communauté à la vie démocratique du pays et, enfin, être une sorte d’observatoire de prospective. Nous devons aussi publier tous les deux ans un rapport sur l’état des communautés marocaines à l’étranger.

Ce sont ces fonctions qui ont présidé à la naissance du Conseil ?

L’émigration marocaine a plus d’un siècle, mais le pays n’a jamais connu un tel débat sur la question. C’est finalement grâce au roi et ses discours de novembre 2005 et 2006 que ce débat existe. Pour comprendre la naissance du CCME, il faut donc revenir à ce processus vieux de 2 ans.

Vous pensez qu’une dynamique s’est enclenchée ?

Incontestablement. La création d’un portefeuille dédié aux Marocains de l’étranger et placé sous la responsabilité du Premier ministre - et non plus du ministre des Affaires étrangères - a été un autre pas en avant. La nature transversale de la question des migrations nécessitait une coordination au niveau de la primature.

Quand vous dites que le CCME planchera sur la participation politique des MRE, s’agit-il d’une représentation au Parlement ou au sein d’un Conseil avec des membres élus ?

Plusieurs possibilités existent. Il faut avoir une approche comparative et voir ce qui se fait ailleurs. Pour l’instant, je n’ai pas encore de position tranchée. La question du lien entre nationalité et citoyenneté pose encore beaucoup de problèmes. Mais je crois que la question de la participation politique a pris trop d’ampleur. Il y a d’autres aspects tout aussi importants.

Par exemple ?

Je pense aux aspects cultu(r)els. À ce niveau, il y a une très forte attente de la part de nos ressortissants à l’étranger. À titre d’exemple, beaucoup veulent apprendre la langue arabe.

Le ministre en charge du dossier, Mohamed Ameur, a justement annoncé un effort accru pour l’enseignement de l’arabe. Avez-vous contribué à cette décision ?

Nous venons tout juste de prendre nos fonctions, mais nous donnerons notre avis sur la question. C’est notre rôle de dire si une politique va dans le bon sens ou pas.

Cela veut-il dire que vous êtes le “gendarme” de M. Ameur ?

On peut le dire comme ça, comme on peut dire que le Conseil est une enceinte de dialogue et de proposition. Nous avons un rôle d’évaluation des politiques publiques en termes d’émigration.

Entre le ministère et la Fondation Hassan II, quelle est la place du CCME ?

De l’avis du CCDH, il faut remettre à plat les missions et la gouvernance des acteurs de la question migratoire, pour veiller à une meilleure coordination. Ce paysage institutionnel sera donc certainement revisité.

Quelle est l’ambition du Conseil ?

Nous avons besoin d’une politique qui s’adapte à la réalité actuelle de la communauté marocaine à l’étranger. J’ai une préoccupation principale : que ces Marocains gardent leur attachement à leur pays d’origine. Il faut aussi réfléchir en termes de mobilité des élites. Auparavant, on pensait que le “brain drain” était à sens unique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : le défi est de faire circuler les compétences.

Le CCME a-t-il vocation à devenir représentatif ?

Il ne s’agit pas forcément de représentativité au sens électoral du terme, mais au sens qualitatif. Nous avons essayé d’être représentatifs, mais en hiérarchisant les critères, en tenant compte de la mondialisation de l’émigration et des différentes générations et en accordant une large place aux femmes. Le Parlement et le CCME ne sont pas les seules possibilités de représentation : l’action associative est aussi une forme de participation.

Est-il vrai que vous avez refusé le portefeuille de ministre de la Communauté marocaine résidant à l’étranger ?

Je pense être là où je suis le plus utile. Mais mon mandat doit être le plus court possible, en tout cas sous cette forme.

Source : TelQuel - Souleïman Bencheikh

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Conseil consultatif des droits de l’homme - Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) - Driss El Yazami - Mohamed Ameur - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Les MRE : des acteurs économiques majeurs, oubliés par les institutions

Un récent rapport du Centre Al Hayat met en exergue la contribution significative des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement de leur pays d’origine. Toutefois, ces derniers restent confrontés à des difficultés qui limitent leurs...

MRE : Du changement pour l’opération Marhaba 2024

Contrairement aux années antérieures, l’opération Marhaba marquant le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au Maroc va démarrer deux jours avant la date habituelle. La coïncidence avec l’Aïd al-Adha oblige.

Cession de véhicules par les MRE : ce que dit la douane marocaine

La douane marocaine autorise les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à introduire leurs véhicules au Maroc dans le cadre de l’admission temporaire (AT). Ce régime douanier permet d’importer un véhicule sans payer de droits de douane, sous certaines...

Les MRE très attendus cet été pour booster l’immobilier

Les initiatives gouvernementales et le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent à la relance du marché de l’immobilier marocain.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Jeux Olympiques vs Maroc : les MRE font leur choix

Les chiffres sont formels : l’opération Marhaba 2024 dédiée aux Marocains résidant à l’étranger a connu une légère baisse d’affluence par rapport à l’année dernière.

Chaos à Tanger Ville : Un seul ferry et des heures d’attente

Le port de Tanger Ville connait une congestion maritime sans précédent ces derniers jours, en raison d’une pénurie de navires de transport maritime entre Tanger Ville et Tarifa en Espagne.

Impôts : des procédures simplifiées pour les MRE

La simplification des procédures administratives pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) a permis à ces derniers de se mettre à jour vis-à-vis de l’administration fiscale, a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des finances.

Appel à mettre fin à l’échange d’informations fiscales des MRE

L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE...

Le programme d’aide au logement séduit les MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) figurent parmi les 15 194 bénéficiaires du nouveau programme d’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier, fait savoir Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du Territoire, de...