Izza Genini, le Maroc corps et âme

28 septembre 2006 - 07h21 - Culture - Ecrit par : Bladi.net

La réalisatrice se prépare à apporter les dernières retouches à un nouveau docmentaire sur la musique marocaine.

Amoureuse du cinéma et de la musique marocaine, Izza Genini met les dernières retouches à la réalisation de "Noubas d’Or et de Lumière", un film destiné, comme elle le dit joliment à "capter les notes de musiques qui résonnent encore dans les cours de Cordoue, de Séville, s’élèvent toujours à Tanger, Tétouan, Ksar El Kébir, Fès et se propagent encore à Paris, New York, Amsterdam... "

Né à Casablanca en 1942, Izza Genini a émigré avec ses parents en France en 1960. A Paris, où la famille s’installe, Izza garde, au fond de son coeur, une partie du Maroc. Inscrite à la Sorbonne, elle y suit des cours de langues orientales. Au début des années 70, elle est nommée directrice du club 70 pour le 7e art. Présente à tous les festivals, elle enrichit son expérience professionnelle et monte, par la suite, une société de distribution de films en Afrique francophone et pour la promotion de films africains en France et à l’étranger.

En 1978, toujours nostalgique de ce pays qui l’a vu naître, elle décide de partir à sa découverte. Elle donnera naissance à une collection de films d’une rare beauté qui fait la part belle au patrimoine musical marocain. Avec beaucoup d’amour, d’émotion et de curiosité, elle a décidé, le temps de quelques documentaires, de s’approprier quelques-uns des trésors de ce Maroc multiculturel et de les restituer, sous forme d’une passionnante offrande.

La série "Le Maroc corps et âme" que la réalisatrice a signée révèle la sensibilité de l’artiste, décidée à donner à la diversité culturelle marocaine sa pleine mesure. "Ce que je découvrais en redécouvrant le Maroc, c’est que ce patrimoine était formidablement vivant : autour de moi, dans les maisons, dans les soirées privées, tout le monde savait chanter, danser, battre le tambour, dire une qasida de Malhoun... ", dit-elle.

A travers la vingtaine de films documentaires, réalisés entre 1978 et 1992 et dédiés à la musique traditionnelle, mystique ou spirituelle, Izza Genini a réussi le pari d’immortaliser des pans d’un patrimoine séculaire. D’autres films documentaires, comme "Retrouver Ouled Moumen" (Prix du Festival du Film d’Histoire, Pessac 95), "Pour le plaisir des yeux...", "La route du cédrat, le fruit de la Splendeur", "Tambours Battant", "Cyberstories", "Lettre à Rita", révèlent ce souci de mémoire et ce besoin de témoigner de ces liens forts et précieux entre lesMarocains de confession musulmane et juive. Pour la réalisatrice, le chant traditionnel constitue un sujet de dialogue culturel et de tolérance entre les musulmans et les juifs.

Après avoir exalté et chanté la beauté de tant d’instruments et de genres musicaux, comme "Aïta", "Des luths et délices", "Gnaouas", "Rythmes de Marrakech", "Melhoune", "Vibrations Haut-Atlas", "Nuptiales en Moyen-Atlas", "Chants pour un Shabbat" et "Tambours battant", l’artiste se penche, cette fois-ci, sur "Al Ala". Son film, en cinq mouvements montrera comment, toutes générations, classes et religions confondues, la "nouba continue d’élargir le cercle de ses amateurs fervents". Un beau film en perspective pour chanter une musique immortelle et qui a su, avec un rare bonheur, tisser des liens et des ponts entre les peuples et les cultures.

Khadija Alaoui - Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Musique - Izza Genini

Ces articles devraient vous intéresser :

Le festival Mawazine met Angham et Ahlam dans l’embarras

Un incident a marqué l’ouverture du festival Mawazine à Rabat. La chanteuse égyptienne Angham a été victime d’une confusion de noms lors d’une interview avec une journaliste, qui l’a appelée par le nom de la chanteuse émiratie Ahlam.

Taxe musique et télévision : Les restaurateurs et cafetiers marocains se révoltent

En plein bras de fer avec le Bureau marocain du droit d’auteur (BMDA), les propriétaires de cafés et restaurants au Maroc ont décidé de porter l’affaire devant la justice. Ils réfutent les demandes de redevance émises par le BMDA, affirmant qu’elles ne...

Samira Saïd évoque ses souvenirs avec le roi Hassan II

La chanteuse marocaine Samira Saïd a rencontré le défunt roi Hassan II pour la première fois lors d’une prestation musicale au palais royal.

Salma Rachid sous le feu des critiques

Salma Rachid est la cible d’attaques sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes fustigent l’arrogance de la chanteuse de la pop marocaine.

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Maroc : coup de gueule des chanteurs

Bon nombre de chanteurs marocains ont exprimé leur colère contre l’exclusion et la marginalisation dont ils se disent victimes. Concerts et festivals sont organisés cet été sans qu’ils soient invités.

Samira Said et Saad Lamjarred très critiqués

Le compositeur marocain Nabil El Khalidi a dénié à la chanteuse Samira Said et au chanteur Saad Lamjarred le statut d’artiste de renommée mondiale. Il estime par ailleurs qu’aucun artiste arabe, ancien ou nouveau ne l’a été.

Rap en darija : La spécificité linguistique du rap marocain

Dans un entretien à TV5 Monde, Anissa Rami, journaliste spécialiste du rap revient sur les origines du rap marocain et son évolution dans le temps.