Jawad Gharib veut décrocher un troisième titre mondial

20 février 2009 - 10h17 - Sport - Ecrit par : L.A

Entretien avec Jawad Gharib, double champion du monde et vice-champion olympique.

Cela fait quelques jours qu’on vous voit sur vos parcours préférés à Khénifra. Généralement, c’est pour une préparation.

En effet, il y a quelques semaines que j’ai entamé un programme de préparation. Je ne suis pas superstitieux, mais je commence toujours mes entraînements à partir de ma ville natale. Ceci me porte généralement chance mais il y a surtout des parcours que j’apprécie bien et qui conviennent à mes préparatifs depuis belle lurette. De plus, l’ambiance familiale et les rencontres avec les amis permettent de me préparer au niveau mental. C’est très important lors d’une préparation. Et bien sûr, il y a l’altitude et l’air pur de ces régions montagneuses qui conviennent à ce genre d’entraînements d’endurance.

Quelles sont les échéances que vous préparez pour cette saison ?

Il y a d’abord le classique marathon de Londres vers la fin d’avril et qui me tient toujours à cœur. Certes j’ai toujours eu de bonnes prestations dans la capitale britannique, mais j’aimerais, avant de prendre ma retraite, inscrire mon nom sur les tablettes de cette prestigieuse course. Une victoire à Londres me tient beaucoup à cœur. J’ai été second en 2005, troisième en 2004 et quatrième en 2007 mais je n’ai jamais remporté ce Marathon. Et cette année, malgré l’âge, (rire), je me prépare sérieusement pour un exploit. Mais juste avant, je participerais au semi-marathon du Portugal qui a toujours été pour moi comme un avant goût à la veille d’une grande manifestation. Et logiquement ces deux courses me permettront de me mettre dans le sillage des mondiaux de Berlin en août prochain. Elles me donneront l’occasion de m’auto évaluer et de faire le bilan avant de m’attaquer à un rêve que je caresse toujours : celui de décrocher un troisième titre mondial et de battre un nouveau record, à savoir devenir trois fois champion du monde de la spécialité.

Vous avez plus de réussite aux mondiaux et aux meetings que lors des Jeux olympiques. Y a-t-il un secret ?

Aucun. Je me prépare de la même manière sur les mêmes parcours et la même volonté. Mais aux J.O, la concurrence est plus ardue et le nombre de participants est plus grand. Donc la volonté de décrocher une médaille olympique est symboliquement plus grande même si la rémunération est inexistante de la part du Comité olympique international. De plus, j’ai toujours été malchanceux en étant blessé en période olympique. En 2008, j’aurais pu décrocher l’or avec un peu de chance. Mais il faut dire que les athlètes professionnels sont plus motivés aux Mondiaux et lors des meetings car il y a de l’argent en jeu. Pour nous autres athlètes, le sport est un métier et un gagne-pain.

Combien coûte un titre mondial et une médaille olympique ?

Une médaille olympique n’a pas de prix. C’est la consécration majeure d’un athlète. C’est la plus haute distinction que puisse décrocher un sportif. D’ailleurs, le comité olympique n’offre pas d’argent pour un titre ou une médaille olympiques. Mais cela reste un grand honneur pour la nation qui généralement récompense ses athlètes moralement et financièrement. C’est ce qu’a fait le comité olympique national dans mon cas après les J. O. En ce qui concerne les Mondiaux, mon titre a gonflé mon compte de soixante mille dollars. Et comme vous le savez, la prime dans les réunions et meetings diffère d’un pays à l’autre.

Depuis quelques saisons, l’athlétisme national traverse une période de vaches maigres. Où en est la relève ?

En dépit de cette régression, je reste confiant. La relève est là. Mais elle a besoin de temps. Au marathon, c’est un peu particulier. Il faut attendre que des coureurs de fond ou de cross migrent vers cette discipline. Rarement on commence marathonien. Et je pense qu’il y a une génération de marathoniens qui arrive après avoir tenté leur chance dans le 10.000 mètres. Concernant les autres spécialités, je crois que la nouvelle direction technique est en mesure de mettre en place un programme à même de redonner au Maroc sa place dans le demi-fond, mais également dans les épreuves techniques et les courses de vitesse. De plus, je crois que la présence de Nawal au ministère de la Jeunesse et des Sports et celle de Saïd Aouita à la tête de la Direction technique et également d’un président comme Ahizoune contribueront à l’essor de l’athlétisme national.

Et le dopage ?

D’abord pour moi, c’est de la triche. Se doper, c’est tromper et se tromper aussi. C’est prendre des choses qui ne nous appartiennent pas. C’est-à-dire on pratique du vol. De nos jours, on veut obtenir rapidement des résultats sans faire de grands efforts. Et c’est devenu un phénomène international. En fait, les athlètes qui se dopent se font du mal à la longue et généralement ne vont pas loin, puisqu’ils sont repérés lors des compétitions majeures. Personnellement, je n’ai jamais eu recours à ces poisons et je ne le ferai jamais.

Et l’avenir ?

Je suis en fin de carrière. Au plus tard, âge oblige, je prendrais ma retraite après les J.O de Londres. J’aimerais oublier la compétition et me consacrer à ma petite famille. J’ai un garçon qui a besoin de moi. Pour l’instant, il a deux ans. Dans quelques années, il aura besoin d’une attention particulière surtout que je ne veux pas qu’il ait comme métier celui de son père.

Source : Libération Maroc - Kamal Mountassir

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