L’attractivité du Maroc à la loupe

11 janvier 2007 - 16h55 - Economie - Ecrit par : L.A

Une enquête du cabinet international Ernst & Young révèle que le Maroc a amélioré son attractivité en 2006. Cependant, il reste moins avantageux que les pays du sud-est européen.

Le Maroc est-il un pays attractif pour les investisseurs étrangers ? Cette question, nombre d’observateurs marocains se la posent souvent, mais Hassan Bernoussi, qui préside aux destinées de la Direction des investissements, donne tout de suite la réponse, brève et directe : « nous avons réalisé en 2005 des investissements étrangers de l’ordre de 2,5 milliards d’euros et nous souhaitons atteindre 5 milliards en 2007 et 10 milliards en 2010 ».

Ces chiffres, bien qu’ils ne soient que des pronostics, révèlent tout le potentiel de notre pays à séduire les investisseurs étrangers, dont le nombre est en croissance continue depuis que SM le Roi s’occupe lui-même de ce dossier extrêmement important pour l’économie marocaine. Seulement, pour conforter sa vision, la Direction des investissements, soucieuse de réaliser ses objectifs, a demandé au cabinet international Ernst & Young d’effectuer une étude sous forme d’un baromètre qui détermine avec plus ou moins de précision la capacité d’attractivité de notre pays.

Calquée sur le modèle des enquêtes internationales effectuées par le cabinet au niveau local et mondial, l’étude sur le Maroc revêt le caractère d’une analyse qui reprend les attentes et les perceptions d’un large panel constitué de 203 décideurs internationaux interrogés du 1er au 30 octobre 2006 par l’institut CSA. De différentes nationalités (européennes, nord-américaines, asiatiques et arabes), les sondés appartiennent pour 45% à des entreprises étrangères disposant d’une implantation au Maroc et 55% à des sociétés n’ayant pas encore pris l’initiative d’ouvrir une représentation locale.

Les résultats de cette enquête ont été présentés lors de la quatrième édition des Intégrales de l’Investissement, les 7 et 8 décembre 2006 à Skhirat, avec un thème singulier traitant de la relation qui existe entre l’éducation et la formation d’une part et l’investissement d’autre part. Pour 46% des répondants, l’attractivité du Maroc s’est améliorée en 2006, contre seulement 2% qui estiment, en revanche, que cette attractivité s’est détériorée, avançant pour principal argument la hausse des prix du pétrole qui aurait exercé un impact plus que significatif sur la productivité des entreprises. Mais, d’une manière générale, quoi que notre pays se soit exposé à ce risque comme tous les autres pays non producteurs de pétrole, les résultats obtenus traduisent une certaine satisfaction des investisseurs par rapport à l’année 2005, au cours de laquelle, seuls 40% d’entre eux pensaient que l’attractivité du Maroc s’est améliorée.

Au vu de ces chiffres, le Maroc peut aujourd’hui se vanter d’avoir devancé trois grands pays de l’Europe : l’Espagne, la France et l’Allemagne, dont l’évolution de l’attractivité est jugée moins satisfaisante. En revanche, notre pays se trouve fortement concurrencé par l’Europe du Sud Est. Près de deux tiers des investisseurs estiment, en effet, que cette région présente des indices de plus en plus encourageants en termes d’attractivité économique. Mais, le Maroc déploie des efforts considérables, notamment sur le plan financier, pour faire face à cette région qui risque d’attirer vers elle davantage d’investisseurs étrangers. Or, selon les résultats de l’enquête, les investisseurs internationaux attachent moins d’importance aux critères économiques et financiers sur lesquels notre pays avait jusqu’alors bâti son attractivité. La satisfaction des entrepreneurs perd 4 points sur le niveau des charges et coûts salariaux, passant de 61% en 2005 à 57% en 2006. Les impôts sur les sociétés et les prix de l’immobilier, malgré leur baisse, ont recueilli moins de votes favorables, contrairement aux attentes des décideurs marocains.

Ce qui attire plus ou moins les investisseurs étrangers, d’après les résultats de l’enquête, ce sont les aides publiques avancées par l’Etat. On peut citer dans ce registre les ventes des terrains à des prix symboliques, les largesses fiscales, et l’accès rapide au crédit bancaire. En même temps, les investisseurs semblent montrer une grande attention aux critères qualitatifs liés aux efforts entrepris pour la préservation de l’environnement et la promotion des droits de l’Homme. Grande aussi est l’attention accordée à la qualification de la main d’œuvre, dont 50% des investisseurs étrangers sont satisfaits, et la qualité des infrastructures de transport et de logistique, réputée bonne par 44% des suffrages. Naturellement, après analyse des critères aboutissant à l’intention d’investissement, la décision demeure toujours tributaire du secteur d’activité qui convient le mieux à l’investisseur.

Certains secteurs, plus que d’autres, sont présentés pour être des niches jouissant d’un fort potentiel de croissance. Il s’agit notamment du tourisme de loisirs qui serait, selon 48% des investisseurs interrogés, la filière la plus attractive. Vient en seconde position le secteur des infrastructures et les équipements en télécommunications avec 27% des votes. Bien qu’il ne soit cité que par 18% des répondants, le secteur des équipements de haute technologie connaît une forte croissance : il passe de 8% de taux de citation en 2005 à 16% en 2006.

La principale faiblesse en termes de secteurs d’activité concerne les services en haute technologie (stagnation des citations à 7%) et en télécommunication (de 18% à 6%), qui ne parviennent pas encore à susciter l’enthousiasme des investisseurs. Quant au secteur du textile, il connaît une baisse de 4 points et n’obtient que 14% de taux de citation en 2006. Sur l’activité de l’offshoring, le Maroc conserve un fort crédit d’image, loin devant l’Espagne, deuxième avec seulement 10% des votes. Mais, cette performance est principalement due à la perception des investisseurs déjà implantés dans le pays, dont 40% estiment en effet que cette activité exerce une influence considérable sur la décision des investisseurs.

Pour les implantations de siège social Afrique/Moyen-Orient, le Maroc demeure en tête et gagne un point par rapport à 2005, passant à 27% de satisfaction.

Il devance notamment ses concurrents tunisiens et égyptiens, qui rassemblent seulement 7% de suffrages en leur faveur. À noter que le Maroc est particulièrement apprécié par les investisseurs d’Europe du Sud (32%) alors que les décideurs nord-américains semblent préférer l’Asie pour ce type d’implantation (19%).

Maroc Hebdo - Aïssa Amourag

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