La corruption ou la dépravation politique

1er mars 2007 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’histoire actuelle du Maroc est incontestablement marquée par la réalisation des grands chantiers aussi bien sur le plan politique, économique que social ouvrant la voie à de nombreuses perspectives dans la consécration de l’Etat du progrès, de la modernité et de démocratie. Néanmoins, la société pâtit encore de nombreux phénomènes comme l’analphabétisme, la pauvreté, le chômage, le clientélisme et la corruption qui continuent de nourrir les idées rétrogrades et les gens de mauvaise foi.

La corruption et la malversation figurent parmi les obstacles majeurs qui freinent le développement du Maroc et constituent des moyens efficaces pour enfreindre la loi.

En plus, l’ascenseur sociale est en panne. Les choix ne se font pas en fonction de la compétence, de la crédibilité et encore moins en fonction de la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, mais se basent beaucoup plus sur l’aspect relationnel et font de la corruption l’une des formes les plus élaborées d’exaction qui se manifeste principalement dans la « dépravation politique ».

Les conséquences de la dépravation politique

La dépravation politique se définit comme étant l’abus d’autorité à des fins illicites, voire personnelles, qui touche toutes les organisations politiques sous différentes formes dont notamment le clientélisme, la corruption et l’abus de pouvoir.

En fait, le terreau de ce phénomène qu’est la perversion politique reste favorisé par plusieurs facteurs. Il s’agit d’absence de démocratie et sa déficience suite à la concentration du pouvoir entre les mains des décideurs irresponsables à l’égard des électeurs, du manque de la transparence dans le traitement des informations, de la réalisation de gros investissements publics, d’absence d’administration financière adéquate, d’impunité et de salaires bas pour certaines catégories de fonctionnaires.

Autre facteurs : déficit juridique qui se traduit par la faiblesse du pouvoir de la loi et des professions juridiques, et taux d’analphabétisation élevé favorisant l’incapacité de cette catégorie à distinguer les choix des programmes politiques.

Les conséquences économiques de la corruption

• Détérioration de la croissance économique et provocation de déficits énormes. Les experts de la Banque Mondiale estiment que la chute des taux de croissance en Afrique et certains pays d’Asie est due à la corruption politique qui entraîne un manque à ganger de plus de 2% du PIB par an ;
• hausse du coût de l’activité commerciale et des dépenses administratives suite à la complicité entre les responsables dans le secteur privé ;
• complexité et blocages dans la concrétisation des affaires ;
• la corruption déforme le paysage économique et commercial ;
• altération économique dans le secteur public à travers l’investissement de l’argent public dans des projets capitalistiques encourageants la corruption et transactions non réglementaires ;
• la corruption permet également le non respect des normes en matière de construction et de préservation de l’environnement et la dégradation des prestations et services publics et augmente la pression sur le budget de l’Etat ;
• fuite des capitaux à l’étranger.

Les conséquences de la corruption sur la politique et les institutions

A côté des effets néfastes sur l’activité économique, la corruption donne un coup dur au processus de la démocratie et de bonne gouvernance :

• Ce phénomène use les capacités financières des institutions gouvernementales (vente et achet des postes de responsabilité) et limite leur légitimité ;
• la corruption juridique met en danger la suprématie de loi et frappe de plein fouet la garantie de validité des contrats
• la dépravation en matière des élections et des instances élues, diminuent les interpellations, déforme la représentativité parlementaire et réduit la confiance des citoyens et citoyennes en les opérations électorales. Par conséquent elle affecte les valeurs démocratique de la société et nuit à la crédibilité de l’action politique : campagnes électorales coûteuses dont les dépenses dépassent les sources de financement politique habituelles et l’absence d’un contrôle suffisant à même de réduire la corruption ou les « souscriptions » aux campagnes électorales.

Al Bayane - F.M. 

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