La manne de l’émigration

19 août 2005 - 17h57 - Economie - Ecrit par :

Vingt-quatre milliards de dirhams, c’est le pactole transféré au pays par les Marocains résidents à l’étranger au titre des six premiers mois de l’année 2005, soit une hausse de 7% par rapport à la même période de l’année dernière.

Pour 2004, cette somme se chiffre à 36,7 milliards de dirhams, en très légère baisse par rapport à 2003, 37 milliards de dirhams. Azeddine Basri, conseiller économique au Ministère des MRE, créé en 2002, affirme que « ces chiffres sont officiels, communiqués par l’Office des Changes, et n’intègrent pas les transferts informels, dont l’importance pourrait doper la manne financière des MRE, qui profite largement à l’économie marocaine ».

Au total, ils sont moins de 3 millions de Marocains à vivre à l’étranger. Exactement 2,476 millions, selon les derniers chiffres disponibles au ministère des MRE. Soit à peu près 10% de la population.

Et leur poids économique est de plus en plus important depuis une vingtaine d’années. Les transferts d’argent des MRE sont l’une des premières sources de devises pour le Maroc, devant le tourisme. Le volume des transferts, qui connaît chaque année une augmentation de 5 à 6%, représente 10% du PIB et 25% des importations. C’est-à-dire qu’un produit sur cinq est acheté par un MRE. Pour le moment, le profil des MRE qui envoient de l’argent au Royaume n’est pas clairement établi. Par contre, on sait qu’ils sont issus de la première et de la deuxième générations d’émigrés.

L’enjeu des cinq et dix prochaines années sera pour le Maroc de savoir séduire la troisième génération, moins décidée à investir dans le pays. « Les jeunes de la troisième génération ne font pas de transferts, ne montrent aucune volonté d’acquérir des terrains et il est exceptionnel qu’ils possèdent des comptes bancaires », explique une responsable au ministère des MRE. « Cela risque de poser un problème à terme, mais, pour le moment, cela n’affecte pas le volume des transferts. Les jeunes Marocains viennent passer leurs vacances au pays et ils sont très consommateurs. Les recettes restent donc importantes. » Poursuit-elle. « La plupart des MRE refusent d’investir non pas par manque d’argent, mais par manque de confiance », explique un autre responsable au ministère.

Pour éviter que cela se produise, le ministère des Affaires étrangères a placé les MRE et leur satisfaction au cœur de ses préoccupations. La création d’un ministère qui leur est destiné est déjà un pas important. Celui-ci compte aussi sur le développement accru des CRI (Centres régionaux d’investissement) pour attirer les Marocains de l’extérieur. Même si ces cellules, rattachées au wali et chargées de l’accueil et de l’accompagnement des investisseurs ainsi que du suivi des projets, ne sont pas réservées qu’aux MRE. « Le gouvernement met en place une importante stratégie pour améliorer les opportunités d’affaires », explique Azeddine Basri. « Nous avons aussi créé un conseil d’experts pour accompagner concrètement l’investisseur et le décharger d’un ensemble de tracasseries administratives ». Le ministère a également initié une étude socio-économique des profils des MRE. Age, profession, rapport au pays... Afin de ne pas oublier que, derrière les chiffres, se cachent des hommes et des femmes.

Aïssa Amourag - Maroc Hebdo International

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Sujets associés : Centre Regional d’investissement (CRI) - Transferts des MRE - MRE

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