La moitié des magistrats de Tetouan impliqués dans le trafic de drogue

26 août 2003 - 21h51 - Maroc - Ecrit par :

Le ministre marocain de la justice, Mohamed Bouzoubaa a indiqué mardi que la moitié des magistrats de la cour d’appel de Tetouan (nord du Maroc) ont été soit suspendus, transférés ou déférés devant la justice pour implication dans un réseau de trafic de drogue démantelé récemment.

Le ministre qui s’exprimait lors d’une conférence de presse a souligné "l’importance et la gravité" de ce dossier dans la mesure où plusieurs des personnes impliquées sont des responsables à qui l’Etat a confié la tache d’assurer l’ordre public et de généraliser la justice entre les gens.

Neuf magistrats ont été suspendus dont cinq ont été déférés devant la cour spéciale de justice et l’enquête se poursuit, a précisé M. Bouzoubaa.

Au total, ce sont vingt sept (27) personnes qui ont été déférées devant la cour spéciale de justice dont un préfet de police, un inspecteur général, deux commissaires principaux ainsi que trois éléments de la gendarmerie royale.

Pour ce qui est des montants offerts dans le cadre de la corruption en relation avec le trafic de drogue, le ministre qui a souligne la "difficulté" de définir ces montants - qui est du ressort de la justice- a indiqué que suite à une perquisition faite dans le domicile d’un magistrat, 80.000 DH et 10.000 Euros ont été saisis, alors que certains trafiquants ont déclaré avoir versé des sommes allant jusqu’à deux cent millions de centimes.

M. Bouzoubaa a en outre déclaré que les affaires de corruption mises à jour ne datent pas seulement des dernières années mais que certains magistrats ont continué à recevoir des sommes de la part de trafiquants et que la dernière affaire remonte au 20 juillet dernier.

Par ailleurs, le ministre a déclaré que tous les dossiers jugés dans le cadre de la campagne d’assainissement de 1996 et dont les personnes poursuivies avaient bénéficié de l’acquittement, ont été rouverts et il s’est avéré que des personnes ayant bénéficié de l’acquittement ou de la liberté provisoire dans certains dossiers, ont influé sur la décision de justice. Il a ajouté que la campagne de 1996 "n’a pas atteint tous ses objectifs" dans le cadre de la lutte contre le fléau de la drogue.

Concernant le cas du journaliste Hocine Mejdoubi qui a été interpellé en relation avec le démantèlement du réseau de Mounir Erramach, le ministre a indiqué que Mejdoubi qui a été libéré lundi soir a été présenté devant le juge d’instruction près la cour d’appel de Tetouan "pour implication dans le faits de corruption, non dénonciation".

Il a ajoute que selon certaines déclarations contenues dans des procès verbaux, Mejdoubi avait des liens avec un des chefs de bande de trafic de drogue dont il a reçu une certaine somme d’argent pour rédiger un article comprenant des informations impliquant un autre chef de bande rivale, mais que l’enquête se poursuit pour vérifier la véracité de ces déclarations.

Toujours en relation avec les affaires de corruption, le ministre a confirmé l’existence d’une liste de personnes auxquelles il a été demandé de ne pas se présenter aux prochaines élections locales et ce suite aux doutes soulevés concernant leur élection, notamment l’utilisation de l’argent. Certaines personnes ont été convaincues et se sont retirées, alors que d’autres ont contesté cette décision et ont décidé de porter l’affaire devant la justice, a-t-il ajouté.

En réponse à une question sur les dernières condamnations à la peine capitale de certains individus impliqués dans les attentats du 16 mai dernier, le ministre a indiqué que cette sanction existe dans le code pénal marocain et que les personnes condamnées à mort ont porté l’affaire devant la cour suprême.

L’implication de plusieurs responsables des services de police et de la gendarmerie royale ainsi que des officiers des forces armées royales et des magistrats dans un réseau de trafic de drogue qui a été démantelé dans la région de Tetouan (nord du Maroc), a été mise à jour et des armes ont été saisies en relation avec cette affaire, rappelle-t-on.

C’est l’enquête sur l’affrontement entre deux bandes rivales de trafiquants de drogue ayant provoqué la mort d’une personne qui a révélé l’existence de ce réseau et la complicité de ces responsables.

APS

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Drogues - Administration - Tétouan - Gendarmerie Royale

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : derniers jours pour la régularisation fiscale des revenus

Les contribuables marocains souhaitant mettre en conformité leurs revenus déclarés n’ont plus que quelques jours pour déposer leurs demandes de régularisation.

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

Maroc : deux walis écartés pour avoir ignoré l’appel du roi Mohammed VI ?

Deux responsables paient cher pour leur obstination pour le sacrifice de l’Aïd Al-Adha annulé par le roi Mohammed VI cette année.

Interdiction du burkini : revers pour des maires français

Le tribunal administratif de Nice a donné raison à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui a contesté deux arrêtés municipaux interdisant le port du burkini pendant l’été 2025.

Taxis : le Maroc veut tourner la page du chaos

Au Maroc, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a décidé de mettre fin au chaos des chauffeurs de petits et grands taxis à travers la mise en place de mesures administratives et organisationnelles mais aussi la prise de mesures coercitives à...

Maroc : Hausses salariales pour les agents du ministère de l’Économie

Les fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances verront leurs conditions de vie s’améliorer avec l’adoption par le conseil du gouvernement présidé par Aziz Akhannouch d’un décret.

Au Maroc, les agences de voyage en péril ?

Au Maroc, les inquiétudes sont de mise au sein des agences de voyage. En cause, la récente mise en conformité à la loi 11-16, encadrant l’exercice de cette activité.

Contrebande, fraude, drogue : l’État marocain veut récupérer ses millions

Les services de recouvrement de l’Administration générale des douanes et impôts indirects sont déterminés à récupérer le maximum de dettes disponibles au profit du Trésor du royaume avant la fin de l’année.

Des hauts responsables marocains privés de vacances

La Fête du Trône célébrée le 30 juillet de chaque année contraint les responsables de l’administration territoriale, en l’occurrence les walis et les gouverneurs, à écourter ou reporter leurs congés personnels à août ou septembre.

Copropriétés au Maroc : les impayés qui ruinent l’immobilier

Au Maroc, la copropriété fait face à de graves difficultés, notamment le non-paiement des cotisations. De quoi impacter négativement le secteur de l’immobilier marocain.