Les Américains, le Maroc et la réforme

10 janvier 2007 - 18h02 - Monde - Ecrit par : L.A

Un nouveau rapport de la Carnedgie endowment for peace, la fondation américaine des études internationales, vient de brosser pour la énième fois un portrait du Maroc moderne. Approximatif et surtout en rupture de banc avec d’autres rapports précedents, il ne fait pas de quartier cependant. Aperçu.

Encore un rapport de plus ! Les états-Unis d’Amérique ? Notamment ses centres d’études et de reflexion, et qui sont la plupart du temps, autant de centres de pression ont, une fois encore remis cela et publié un rapport sur la situation au Maroc. Ainsi la fondation « carnedgie endowment for peace », celle-là même qui avait déjà publié une étude sur les perspectives politiques dans le royaume, récidive avec un autre opus. Co-signée par Marina. S. Ottaway et Meredith Riley, l’étude « sur la réforme et la transition démocratique » est plutôt sévère à l’égard du nouveau règne, et de la classe politique en général et l’Etat en particulier. Créée en 1910 à l’initiative du maître de forges Andrew Carnegie, la fondation qui porte son nom est devenue en un siècle, l’un des think tanks les plus riches du monde. Dirigée par une longue succession d’anciens responsables des services secrets et organiquement liée à une cinquantaine de multinationales, la Carnegie poursuit des recherches sur la politique internationale, et a montré, depuis un certain temps, un intérêt particulier à l’égard de notre pays. Et précisément, depuis que les USA ont cru bien faire en promouvant le choix du nouvel moyen orient. Un intérêt croissant certes, mais qui laisse perplexe quant aux finalités de cet « american cursus » et les recettes qu’il peaufine.

Certes le nouveau rapport met l’accent sur les « spécifités marocaines » en matière de réforme. Il reconnaît également, les limites de l’influence exogènes sur les développements internes du pays, et surtout l’inaptitude des formules consacrées à d’autres pays de la région au contexte national.

PJD, une force contournable

Les auteurs reconnaissent que « le Maroc a fait des pas énormes en matière de réforme », ils n’en critiquent pas moins « un certain blocage actuellement en matière de réforme et de mesures à contenu démocratique ». D’autre part, les islamistes du PJD ne sont pas érigés en héros de la crédibilité politique, encore moins en tant qu’alternative. Au contraire, les conclusions des deux experts américains ne sont pas de type élogieux ! « Les islamistes du PJD sont une force malléable et contournable », notent les deux américains. En clair : « leur marge de manœuvre est déjà connue et leurs limites, pour reformuler les choix politiques du pays illustrées ».

A dire que Washington, et ses élites et autres think thanks ne savent pas sur quel pied danser : alors qu’il y a moins d’un an, cette même fondation ne tarissait pas d’éloge à propos des amis de Saâdeddine Othmani, la voilà qui les prive de lauriers d’une victoire qu’elle a même criée sur tous les toits de la planète.

La Gazette du Maroc - L.B.

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