Les Caraïbes mettent la pression sur le Maroc

4 novembre 2003 - 12h23 - Maroc - Ecrit par :

La mauvaise conjoncture économique en France, premier pourvoyeur des touristes vers le Maroc, ne se traduit pas, du moins pour l’instant, dans les registres de réservation de l’hôtellerie. C’est la première bonne nouvelle qui se dégage de l’enquête auprès des professionnels et des voyagistes français.

Chez Accor comme chez Fram, les fêtes de fin d’année s’annoncent « fastidieuses ». Marc Thépot, DG d’Accor Maroc, confirme que les réservations dans la vingtaine d’unités du groupe sont au-dessus du niveau de l’année dernière pour la même époque. Pour les hôtels-club, les réservations sont arrêtées. Ces établissements sont déjà en surréservation (surbooking).
Même constat chez Fram, où le voyagiste affirme avoir réalisé une grosse performance pour les vacances de la Toussaint (1er au 10 novembre). Au départ de la France, les ventes de Noël et du Réveillon de l’an sont fermées depuis… le 15 septembre, confie Jean-Jacques Bouchet, directeur général de Fram Maroc. Pour ses prévisions, le voyagiste toulousain s’attend à drainer entre 105 et 110.000 clients vers le Maroc contre 98.000 pour la saison qui se termine. Au QG du voyagiste à Marrakech, la direction est optimiste pour le printemps 2004 car, affirme-t-elle, « on est dans une situation convenable ».
L’année touristique qui s’achève (dans l’industrie du voyage, l’exercice professionnel court du 1er novembre au 31 octobre) pouvait, à juste titre, être considérée comme une année mortelle pour le tourisme mondial avec tous les ingrédients réunis pour « tuer » cette industrie. Mais au final, il n’en est rien, constate le DG d’Accor Maroc, s’appuyant sur les performances des unités hôtelières de la société. « Le tourisme a montré une résistance hors du commun et -au Maroc en particulier- les effets d’une reprise sont clairement sensibles et les perspectives somme toute assez encourageantes », ajoute-t-il.

Les concurrents les plus menaçants

La concurrence frontale du Maroc vient de toutes les destinations situées à 3/4 heures des capitales européennes, analyse Marc Thépot. L’Egypte, la Turquie et la Tunisie sont omniprésentes sur les marchés émetteurs. Le pays des pharaons procède actuellement à un incroyable tapage publicitaire en Belgique au potentiel annuel de 2 millions de forfaits de séjour sur une population de près de 8 millions d’habitants. La destination marocaine réussit difficilement à attirer plus de 60.000 touristes belges intéressés surtout par les circuits du Sud et les charmes de Marrakech.
Par ailleurs, de nouvelles destinations en Europe centrale se développent et s’activent. « La Croatie, la Bulgarie et même la Hongrie marchent très fort pour l’hiver et cette fin d’année », confirme depuis Bruxelles, le délégué de l’ONMT pour le Benelux, Khalid Tijani.
Outre la faiblesse de sa promo, le Maroc souffre du déficit de la formule des séjours tout compris (les all-inclusive) et des prix relativement élevés. Sur un package, le différentiel dans un package va de 80 à 100 euros, confie le délégué de l’ONMT au Benelux. Résultat : Les îles Canaries, Djerba, la Turquie… des destinations soleil flambent et le Maroc n’apparaît même pas dans le top ten des tour-opérateurs belges.
Malgré l’agressivité du trio, composé de l’Egypte, la Tunisie et de la Turquie, auquel il faut ajouter les îles Canaries, le Maroc est globalement bien positionné sur le moyen-courrier cet hiver, confie Kamal Bensouda, directeur général de Sotoram (propriétaire de la chaîne Atlas). Mais il faut se garder de tout triomphalisme car des destinations jadis en difficulté sur le long-courrier réalise un come-back extraordinaire avec des prix imbattables, prévient Bensouda. Saint Domingue, Cuba et, de manière générale, les Caraïbes espagnoles sont de retour, renchérit le patron de Fram Maroc, Jean-Jacques Bouchet.
Pour les hôtels Atlas, la visibilité est excellente pour la saison d’hiver tout comme pour les pointes de Noël et du réveillon du Nouvel An au départ des principaux marchés, assure le DG de Sotoram. Déjà, confie-t-il, l’arrière-saison, -le mois de septembre- a été d’un très bon niveau côté occupation, comme sur le plan du yield (la recette unitaire).
Et pour conforter cet optimisme, la chaîne Atlas va ouvrir cette fin d’année son deuxième hôtel à Marrakech, l’Atlas Medina, une unité 5 étoiles. Les deux autres ont subi un lifting grâce au programme Renovotel. Au total, 70 millions de dirhams ont été investis dans leur remise à niveau. Ce dont se félicite le DG de Sotoram, qui salue au passage « la célérité de la Caisse centrale de garantie dans le traitement des dossiers ».
La seule inquiétude tient à l’effet des ciseaux que pourrait subir Marrakech, la locomotive de la destination marocaine sur le marché international. Que la demande soit soutenue, c’est incontestable, analyse un hôtelier. Mais la hausse des nuitées est en deçà de la variation additionnelle des capacités. En dix-huit mois, l’offre d’hébergement a augmenté de 20% à Marrakech, ce qui exerce une pression structurelle sur les tarifs et en définitive, fait baisser la recette unitaire moyenne. A en croire un gérant d’hôtel, celle-ci aurait baissé de 5 à 10%.
L’une des grosses tendances actuelles du marché est le phénomène des last-minutes, les réservations de dernière minute. Le comportement des clients s’est clairement modifié et adapté aux changements brutaux d’environnement. Il s’informe de plus en plus sur les diverses opportunités de voyages et de plus en plus tôt, mais se décide de plus en plus tard, confie le patron d’Accor Maroc. En outre, il fractionne ses congés et multiplie les courts séjours ! Ce qui réduit l’horizon des opérateurs et interdit toute prévision, explique un hôtelier. « Il y a 5-6 ans, il était possible de se projeter sur 3 mois alors qu’aujourd’hui, personne ne peut aller au-delà d’un mois ».[...>

Source : leconomiste.com

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