Logements sociaux : comment l’Etat entend combattre le noir

1er janvier 2008 - 14h56 - Economie - Ecrit par : L.A

C’est fait. Le projet de logement à 140 000 DH, alternative à l’habitat insalubre, est fin prêt. Annoncé en novembre dernier par le gouvernement, au moment de la présentation de la Loi de finances 2008, ce nouveau produit est destiné aux couches les plus pauvres de la population marocaine. Il sera officiellement et incessamment présenté en Conseil de gouvernement par Toufiq Hejira, ministre de l’habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace, alors que sa présentation officielle à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et à la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI) s’est faite mardi 25 décembre après-midi.

Les détails, annoncés par La Vie éco dans ses précédentes éditions, n’ont pas beaucoup changé. Il s’agit d’un programme national que le gouvernement compte lancer pour inciter la production de logements à moins de 140 000 DH. 100 000 sont prévus, dont 30 000 à lancer en 2008.

Incitations fiscales, disponibilité d’une assiette foncière importante, que ce soit dans les villes ou dans les campagnes, aides architecturales et urbanistiques sont prévues pour mettre sur pied ce produit « concurrentiel ». L’objectif premier, selon un haut responsable du département ministériel concerné, est de mettre à la disposition des citoyens un produit d’habitat salubre plus attractif qu’une baraque.

D’ailleurs, le prix de 140 000 DH n’a pas été fixé au hasard. « 140 000 DH, c’est le prix moyen d’une baraque au Maroc. Il y a bien sûr des villes où ce chiffre atteint les 250 000 ou les 300 000 DH comme à Casablanca. Et il y en a d’autres où le prix moyen tourne autour de 30 000 DH, comme c’est le cas à Salé », souligne-t-on.

Une superficie minimale de 50 m2 exigée

Les avantages liés au produit ne manquent pas. En premier lieu celui de pouvoir baisser le prix de revient grâce à une exonération totale des impôts (IS, TVA, taxes d’autorisation et d’enregistrement...). A la base, une convention de partenariat signée entre le promoteur (privé ou public) et l’Etat en vertu de laquelle le premier s’engage à produire « au moins 500 unités en milieu urbain et/ou 100 unités en milieu rural au minimum à un prix ne dépassant pas 140 000 DH par logement de 50 à 60 m2 ». La superficie du logement a d’ailleurs constitué l’un des points de discorde entre les promoteurs immobiliers et le ministère. Les premiers voulaient un logement entre 40 et 50 m2. Finalement, la poire a été coupée en deux puisque la moyenne des superficies concernées tournera autour de 50 m2, « mais pas moins », tient-on à préciser auprès de l’Habitat. La période de réalisation de ce contrat est de cinq années, comme c’est le cas actuellement pour les logements sociaux à 200 000 DH.

L’Etat mise plutôt sur les petits promoteurs

Face au scepticisme des grands promoteurs qui ont accueilli ce nouveau produit sans enthousiasme, le ministère cherche à attirer les petits et les moyens promoteurs immobiliers, qui couvrent aussi bien le milieu urbain que rural. Et pour les aider à limiter leurs coûts de production, il compte réduire au minimum les autres frais annexes. C’est ainsi que la réflexion a été poussée pour mettre en place des plans types d’architectes.

Deuxième atout du produit : les conditions de commercialisation. En effet, ses initiateurs sont en train de négocier une convention avec différentes banques de la place. Le ministère voudrait, en plus de la garantie du Fogarim, trouver des lignes de financement d’une durée de remboursement allant jusqu’à 35 ans sans aucune avance.

Enfin, la population cible du nouveau projet d’habitat est bien définie. Il s’agit précisément de tous les petits fonctionnaires des administrations publiques et des collectivités locales ainsi que les petits employés du secteur privé. Et à ce propos, le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et du développement rural est ferme. Bénéficieront de ce produit à 140 000 DH seulement les personnes dont le revenu mensuel ne dépasse pas 2 800 DH. Cette condition permettra, assure-t-on, d’éviter les erreurs commises dans le programme d’habitat social à 200 000 DH où les clients cibles ont été écartés en raison de la spéculation. Conséquence, dans les grandes villes, leur prix a même été doublé. Les services de l’Habitat entendent même mettre en place un système destiné à éliminer le paiement au noir : ce sont les services de l’Etat qui se chargeront de la commercialisation. « Ce sera certainement les différentes délégations provinciales et régionales du ministère qui s’en chargeront. Le principe est là, mais il faudrait peaufiner les détails avec les promoteurs privés qui construiront ces logements », souligne un cadre du groupe Al Omrane.

La vie éco - Fadoua Ghannam

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Sujets associés : Immobilier - Corruption - Ahmed Taoufiq Hejira

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