Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.
Le Maroc, premier pays à avoir décidé, il y a un peu plus de trois ans, de s’attaquer au trachome, a déjà réduit des trois quarts la fréquence de cette maladie, qui reste cependant la première cause de cécité évitable dans le monde.
Maladie des "oubliés du développement", synonyme de pauvreté extrême et d’insalubrité, le trachome n’est maintenant plus présent que dans les cinq provinces du sud marocain, Errachidia, Tata, Ouarzazate, Figuig et Zagora.
Mais sa prévalence s’est effondrée, passant de 28 % à 6,5 %. "Un résultat qui sert de modèle et de référence aux pays du sud qui hésitent encore, de crainte de nuire à leur image", souligne le dr André-Dominique Negrel, de l’Organisation pour la prévention de la cécité.
Le Maroc est aidé dans sa lutte par le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer. Celui-ci fournit l’antibiotique nécessaire à l’organisation International Trachoma Initiative (ITI) qui en gère la distribution. Grâce à cette aide, le Maroc a mis en place un programme associant soins médicaux, interventions chirurgicales et amélioration des conditions de vie des populations.
Car l’un ne va pas sans l’autre : "La maladie, provoquée par une bactérie qui se transmet par les mains sales, le linge et les mouches, touche avant tout les oubliés du développement, le plus souvent dans les régions les plus démunies, et la lutte passe par une prise en charge médicale, mais aussi par l’éducation et l’amélioration des conditions socio-économiques", explique le Dr Negrel.
Agdez et Tafergalte et Taliouine, trois bourgades au sud de Ouarzazate, ont été choisies comme vitrines par les autorités sanitaires marocaines.
Dans le centre de santé d’Agdez, des médecins et des infirmiers entraînés à l’intervention chirurgicale pour traiter les formes avancées de la maladie opèrent à la chaîne. A l’école de Tafergalte, les enfants donnent aux visiteurs un cours de sciences naturelles très poussé sur le trachome et les moyens de s’en prémunir. A côté, une cinquantaine de femmes tassées dans une petite classe suivent un cours d’alphabétisation.
Dans le bourg de Taliouine, un puits assorti d’un impressionnant réservoir d’eau fait la fierté des habitants qui, moyennant une modeste participation, vont bientôt accéder à l’eau courante à domicile. Comme pour la plupart des améliorations apportées à leur cadre de vie, ils ont aussi largement contribué à la construction de cet ensemble.
Au centre de santé d’Agdez, plus de 5.000 personnes ont été opérées entre 1998 et 2001 et, pour la région de Zagora, près de 300.000 ont reçu de l’azithromycine, un antibiotique à effet prolongé et dose unique. "C’est une véritable stratégie de porte-à-porte qui a été menée", souligne le Dr Youssef Chami Khazraji, coordinateur du programme marocain de lutte contre la cécité.
L’effort entrepris par le Maroc a, depuis, fait tache d’huile. La Tanzanie, le Ghana, le Mali, le Soudan, le Vietnam, l’Ethiopie, le Népal et le Niger ont mis en place des programmes de lutte, avec le soutien de l’International Trachoma Initiative, celui de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les quelque 266 millions de dollars dégagés par Pfizer. En 2003, l’Egypte, le Sénégal et la Gambie devraient suivre.
"Depuis sa création en 1998, ITI a contribué à traiter 3 millions de personnes, réduit de moitié les cas de trachome sévère au Maroc et en Tanzanie, et évité 20.000 cas de cécité grâce à la chirurgie", souligne le dr Eric Mouzin, coordinateur de ITI.
Pour autant, pas question de parler d’éradication : "Pour cela, il faudrait parvenir à éliminer le germe responsable, alors qu’au mieux, nous pouvons espérer éliminer la cécité provoquée par la maladie", souligne le Dr Negrel.
AFP
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