Le mariage en perte de vitesse au Maroc

21 avril 2006 - 10h52 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les hommes et femmes en quête d’un(e) conjoint(e) sont de plus en plus désespérés. Au Maroc, l’offre n’est décidément plus compatible avec la demande. Pourtant, ce n’est pas la volonté qui manque. Les femmes et hommes bons à marier existent, mais encore faut-il qu’ils esquissent le premier pas.

Une enquête nationale sur les valeurs conjugales a été menée auprès de 1000 personnes couvrant la quasi-totalité du Maroc. L’échantillon des sondés a été choisi selon la structure de la population marocaine et les critères retenus par l’étude sont le milieu de résidence, le sexe, l’âge, l’état matrimonial, le niveau scolaire et la profession.

Cette recherche a fait ressortir que plus de 90% des Marocains pensent qu’il est préférable aux hommes et aux femmes de se marier. 85% situent l’âge idéal au mariage de la femme à moins de 25 ans et 58 % situent l’âge idéal pour l’homme à au-delà de 25 ans. Ainsi, le mariage précoce est associé à la femme et le mariage tardif est le lot de l’homme. Autre conclusion, le mariage est fortement valorisé certes, mais aussi très associé à la procréation au Maroc à telle enseigne que le mariage sans enfants est presque impensable. Cependant, au-delà de la projection ainsi caressée des sondés concernant le mariage, il en est des réalités qu’il faut impérativement prendre en considération.

En fait, une troublante lapalissade atteste qu’une rupture de stock avérée de prétendants masculins et féminins se fait de plus en plus sentir. Tout le monde s’accorde à dire du côté des demoiselles, qu’il y a une pénurie de « bons partis ». Le même état d’esprit est constaté chez la majorité du sexe opposé qui estime que les filles de bonne famille sont en voie d’extinction. Par contre, ces derniers ne subissent pas autant de pression que les femmes. Ils ne sont pas tarabustés par leur parent.
Karima, 34 ans, médecin, nous a confié, qu’elle est harcelée continuellement par sa mère qui lui rappelle que l’horloge biologique tourne et qu’elle va bientôt finir par rater le train et rester vieille fille.

Et d’ajouter : « Mes parents pensent intérieurement que je refuse de me marier parce que je suis trop exigeante ! Ils ne peuvent pas concevoir que je ne recherche pas l’homme idéal, mais un homme tout court que je n’ai tout simplement pas encore trouvé ! »

Les jeunes filles marocaines en âge de se marier - donc de procréer- ont un sérieux problème pour trouver chaussures à leurs pieds. Et les hommes prêts à se caser se font embobiner au départ et commencent ensuite par se venger sur toutes les filles qui ont le malheur de croiser leur chemin. D’aucuns s’interrogent sur les causes de cette sécheresse ressentie de toutes parts dans une société marocaine pleine de paradoxes.

Mis à part le côté « chanceux » de la chose, certaines jeunes femmes vivent dans des rêves chimériques, avec le mari modèle, la vie idéale. En conséquence, elles sont des adeptes du « vaut mieux être seul que mal accompagné ». En fait, ces dernières sont confinées psychiquement entre deux mondes. Le monde réel avec ses traditions bien établies, la famille, la « hchouma » et l’autre virtuel avec une version type de l’occidental. En fait, ce qui les fait chavirer, c’est qu’elles sont influencées par toutes sortes de séries télévisées telles que Friends, Berverly Hills, Top Models avec plein d’hommes beaux, galants, intellectuels, patients, affectueux. Résultat des courses, les jeunes filles marocaines sont déçues par les hommes « locaux » criblés de défauts à leurs yeux en comparaison à leurs héros étrangers. De ce fait, elles deviennent plus exigeantes, et cherchent un mari mûr, à la mode, cool, compréhensif, aisé de préférence.

Les hommes marocains, eux aussi, ne sont pas sortis de l’auberge. D’une part, leur éducation à la marocaine, les pousse à chercher une femme pudique, vierge, bonne cuisinière et gentille avec la belle-mère. D’un autre côté, ils souhaitent une belle femme, intelligente, diplômée, active professionnellement et surtout compréhensive. Du coup, ils deviennent tout aussi exigeants mais pas réaliste du tout. Pavé dans la marre, les hommes et femmes mariables existent, mais chacun doit faire des concessions de son côté pour que cette dèche totale de mariage ne subsiste plus !

Meyssoune Belmaâza - Al Bayane

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Faits divers - Famille - Mariage

Ces articles devraient vous intéresser :

Achraf Hakimi : « Tout le monde s’est sacrifié pour moi »

Dans une interview, le latéral droit marocain du PSG Achraf Hakimi a témoigné de son amour et de sa reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour lui, sans manquer d’évoquer son enfance, son attachement à la famille et sa passion pour la mode.

Maroc : les livrets de famille vendus à prix d’or

Au Maroc, des individus profitent de la pénurie des livrets de famille notée dans certaines communes du fait de la rupture de stocks restants, pour vendre ces documents à des prix élevés.

Mariage marocain à Goult (Luberon) : la mariée tuée, le marié grièvement blessé

Une fête de mariage au sein de la communauté marocaine a connu une issue tragique à Goult, un village du Luberon, où une fusillade a éclaté dans la nuit de samedi à dimanche. Le marié, d’origine marocaine, ainsi que sa famille, ont été la cible d’une...

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

Une jeune Marocaine "lynchée" après avoir épousé un homme du Golfe

Le mariage d’une jeune femme marocaine avec un homme originaire du Golfe déclenche de vives critiques sur les réseaux sociaux. Des experts dénoncent une société encore profondément intolérante face aux unions mixtes.

Divorces au Maroc : Une tendance inquiétante à la hausse

Au Maroc, le nombre de mariages a considérablement baissé, tandis que les cas de divorce ont enregistré une forte hausse au cours des quinze dernières années. C’est ce qu’indique le Haut-commissariat au plan (HCP) dans un récent rapport.

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Maroc : ils disent “non” au mariage !

Le Maroc connaît une véritable révolution des mœurs. Les données du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, réalisé par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), montrent des changements profonds dans les comportements matrimoniaux et...

Maroc : les salles de fêtes se plaignent de "l’absence" de mariages

Au Maroc, la fréquentation des salles de mariage a considérablement baissé cet été au point d’inquiéter plusieurs gérants.