Maroc : la mode du mariage virtuel

1er avril 2025 - 23h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Le mariage en ligne ou « mariage virtuel » est devenu une pratique en vogue au Maroc. Le phénomène suscite l’inquiétude des spécialistes en psychologie sociale qui s’interrogent sur la nature de ces relations humaines sans communication directe, et leur conformité aux règles traditionnelles et religieuses.

Le sujet suscite débat et « mérite une étude scientifique sous plusieurs angles », estime Mustapha Saâliti, professeur de psychologie sociale, précisant que « dans le contexte social et économique au Maroc, on peut considérer le mariage virtuel comme le résultat des opportunités offertes par le monde numérique pour chercher un partenaire de vie, surtout lorsque la réalité sociale ou économique ne permet pas de le faire à l’âge souhaité par l’individu, notamment pour les femmes, que ce soit en milieu rural ou urbain ».

Dans une déclaration à Hespress, il a expliqué que « face à la montée du refus de se marier, notamment parmi les jeunes qui reportent l’union pour des raisons professionnelles ou autres, le monde virtuel est devenu la seule solution pour de nombreuses personnes ». « Lorsque certaines relations virtuelles réussissent à établir une vie conjugale stable, cela influence la perception des autres vis-à-vis de ce type de mariage, le transformant en un modèle recherché par plusieurs catégories », a ajouté Saâliti, soulignant toutefois que « cette nouvelle expérience du mariage n’est pas exempte de risque, les informations échangées via les médias sociaux constituant la base de la première impression sur l’autre partie ».

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Pour sa part, Mohammed Lbiti, chercheur en pensée islamique, a déclaré qu’avant, « le mariage se faisait selon les règles religieuses préservant la pudeur et l’honneur, et en respectant ses piliers et conditions ». Mais aujourd’hui, « avec l’avènement des réseaux sociaux, de nouveaux moyens de médiation dans le mariage sont apparus, comme les sites de rencontres appelés parfois “sites de mariage religieux”, ou ce qu’on appelle “le faqih du mariage” », a-t-il précisé.

A l’en croire, « ces moyens diffèrent dans leur nature et selon le degré de respect de leurs promoteurs envers les règles religieuses, ce qui nécessite de vérifier leur légitimité ». Et de poursuivre : « Avec les lois nouvelles et les conditions sociales difficiles, les taux de refus de mariage ont augmenté, ainsi que le taux de célibat. Cette situation a poussé beaucoup de personnes à chercher n’importe quel moyen pour se marier. […] Le plus dangereux est l’exploitation de l’apparence religieuse pour tromper les gens, certains pensant à tort que le simple port d’un vêtement religieux donne à son porteur l’autorité de délivrer des fatwas ».

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