Une étude de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) dresse un état des lieux préoccupant de la corruption au Maroc.
La justice doit sanctionner sévèrement des abus de pouvoir, des malversations et des dilapidations des deniers publics.
Au cours des deux prochaines décennies, le Maroc est appelé à rompre définitivement avec les pratiques de corruption et de mauvaise gestion des ressources humaines. Ce n’est point là un voeu pieux mais les résultats d’une étude sérieuse élaborée par un groupe de travail qui a planché sérieusement, à la fin de l’année dernière, sur les maux de la corruption qui gangrènent la société marocaine. Parmi les recommandations de ce groupe, il y a lieu de signaler la nécessité de créer « une agence de lutte contre la corruption, pourvue de l’autonomie nécessaire, chargée d’observer et d’étudier le phénomène, de proposer des solutions appropriées et d’en suivre la mise en oeuvre, et enfin d’exploiter les données relatives aux déclarations de patrimoine ». La transparence dans la gestion de la chose publique, l’obligation de rendre compte devraient devenir une pratique courante. Ces propositions sont d’une actualité brûlante au moment où les scandales financiers qui avaient secoué le pays au cours de ces dernières années avaient révélé que le manque de débat citoyen sur certains grands dossiers concernant la vie publique pouvait conduire à tous les abus.
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Les scandales financiers qui avaient éclaboussé, au cours de ces dix dernières années, des personnalités de premier plan, des dirigeants d’entreprises et des élus, marquent la rentrée judiciaire. Ces affaires dans lesquelles de gros bonnets sont impliqués sont présentées devant la justice, au cours de la deuxième moitié du mois de septembre.
C’est le 19 septembre que devra s’ouvrir à Casablanca le procès impliquant Abdelaziz Laâfora, Ahmed Chawki, Abderrazak Afilal, Youssef Tazi, ainsi qu’une vingtaine de fonctionnaires relevant de la commune de Aïn Sbaâ. Tout ce beau monde est poursuivi dans une affaire de dilapidation de deniers publics, d’abus de pouvoir et de malversation. L’affaire en question remonte à quelques années déjà lors de l’exécution du programme d’habitat Hassan II et qui visait le relogement des bidonvilles des Carrières Centrales. Le rapport d’instruction de 500 pages révèle, en détails, tous ces dépassements et ces abus dont ont fait preuve ceux qui étaient censés veiller sur la bonne marche du projet. Dans le même registre, la Cour d’appel de Casablanca devra examiner une autre affaire de dilapidation de deniers publics et pour laquelle Abdelmoughit Slimani, l’ancien président de la commune urbaine de Casablanca avait écopé, en première instance, d’une peine d’emprisonnement de 10 ans.
Et ce n’est pas tout. Dès le 26 septembre, 18 accusés dans l’affaire du CIH devraient répondre devant la justice de détournement de fonds devant la Cour d’appel de Casablanca. Le principal accusé dans cette affaire et qui n’est autre que My Zine Zahidi, l’ex-président du CIH, est toujours en fuite à l’étranger. Ce dernier, accusé d’avoir accordé de grands crédits sans garantie, n’avait pas hésité à mettre en cause des ministres et des conseillers du Roi qui auraient « fait pression sur son établissement pour faciliter des transactions immobilières illicites et entraver le recouvrement de créances du CIH ».
Le 27 septembre, la justice est appelée à se prononcer dans une autre affaire de dilapidation de deniers publics, d’abus et de trafic d’influence. Dans cette affaire, ce sont Abdellatif Laraki, ex-PDG de la Banque populaire,Mustapha Rar, ex-directeur de la BCP à Paris, et d’autres hauts cadres de la banque qui sont impliqués. L’ex-patron de la BCP est poursuivi à la fois par la justice marocaine et française. Ayant été arrêté une première fois en 2002, il avait été relâché après le paiement d’une caution de 2 millions de dh. La police espagnole l’a ensuite arrêté à Madrid, en réponse à un mandat international lancé contre lui par les Français. Laraki, qui est toujours en France, où il fait l’objet d’une instruction judiciaire, devrait apporter un certain nombre d’éclaircissements sur un grand nombre de délits dans les comptes de la succursale de la BP.
A la fin du mois de septembre, un autre banquier devrait répondre d’accusation de détournement de deniers publics et de mauvaise gestion. Farid Dellero, ex-patron de la BNDE, avait déjà passé huit mois derrière les barreaux, à la prison civile de Salé, avant de payer une caution de 2 millions de dh.
Parmi les grands scandales financiers, il y a lieu de signaler celui de la CNSS qui est toujours en cours d’instruction. Là aussi, ce sont quelque 47,7 milliards de dh qui se sont évaporés dans la nature.
Khadija Alaoui - Libération
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