Maroc : des signes positifs pour le journaliste emprisonné Ali Lamrabet

20 juin 2003 - 14h12 - Maroc - Ecrit par :

Les visites de plusieurs personnalités au chevet d’Ali Lamrabet, un journaliste incarcéré au Maroc pour "outrage à la personne du roi", témoignent de la volonté du pouvoir marocain de débloquer une situation devenue embarrassante, estimait-on vendredi à Rabat.Dans la même journée de jeudi, le prince Moulay Hicham, cousin germain du roi Mohammed VI du Maroc et le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH, public) ont rendu visite au journaliste franco-marocain, dans l’hôpital de Rabat où il poursuit une grève de la faim après sa condamnation à trois ans de prison.

Ali Lamrabet, 44 ans, affaibli par une grève de la faim entamée le 6 mai, a été condamné en appel le 17 juin à trois ans de prison ferme, à l’interdiction de ses deux journaux Demain Magazine et Doumane (arabophone) et à 20.000 dirhams d’amende (environ 2.000 euros).Moulay Hicham avait reçu jeudi une réponse favorable à une lettre au ministre marocain de la Justice, Mohammed Bouzoubaâ, dans laquelle il demandait l’autorisation de rendre visite au journaliste incarcéré en invoquant notamment les inquiétudes exprimées par un groupe de médecins sur son état de santé."Il s’agit d’une visite très positive et je souhaite qu’elle contribue à sauver Ali Lamrabet", a déclaré vendredi à l’AFP Me Abderrahim Jamaï, l’un de ses avocats. Me Jamaï a décelé des "signes positifs" des autorités aussi bien dans l’autorisation de cette visite que dans la démarche, organisée le même jour, du CCDH.Le Conseil consultatif des droits de l’Homme, un organisme proche du pouvoir, s’était rendu jeudi au chevet d’Ali Lamrabet avec une délégation composée notamment de son président, Omar Azziman, ancien ministre marocain de la Justice et son secrétaire général, Driss Benzekri."M. Lamrabet a loué l’initiative du CCDH, présenté ses doléances et promis de réfléchir sérieusement à mettre un terme à sa grève de la faim", avait assuré ce comité dans un communiqué publié après sa visite.Ces "signaux" interviennent au 45ème jour d’une grève de la faim qu’Ali Lamrabet se dit "déterminé" à vouloir poursuivre, et avant la décision attendue des avocats de la défense pour un éventuel pourvoi en cassation - fondé sur des irrégularités de procédure qu’ils ont dénoncées tout au long du procès.Ils interviennent aussi dans le contexte d’un véritable concert de protestations qui a suivi le verdict prononcé le 17 juin par la cour d’appel de Rabat, émanant des organisations de défense des droits de l’Homme marocaines et internationales.De nombreux appels en faveur du journaliste ont également été lancés par différentes personnalités, institutions et gouvernements.Le Premier ministre marocain Driss Jettou avait ainsi reçu, lors de sa visite à Paris le 16 juin un message du président français Jacques Chirac préconisant la "modération" dans cette affaire.Selon le quotidien espagnol El Pais, le secrétaire d’Etat espagnol à la politique extérieure Ramon Gil Casares a reçu jeudi l’ambassadeur du Maroc en Espagne afin d’intercéder en faveur du journaliste - une version que l’ambassade a toutefois réfutée.

AFP

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