Maroc : 170 personnes poursuivies pour homosexualité

14 décembre 2019 - 12h20 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Ces dernières semaines, les défenseurs des droits de l’Homme ont donné de la voix, en appelant à l’abrogation pure et simple des lois criminalisant au Maroc, l’adultère et l’homosexualité.

Pour les organisations des droits de l’homme, outre "l’adultère et l’homosexualité", les parlementaires doivent également examiner la question du droit à l’avortement. En effet, ces derniers examinent une réforme du Code pénal sans "grand changement" dans sa version actuelle, rapporte francetvinfo.net. Les démêlés judiciaires de la journaliste Hajar Raissouni, ont notamment permis de relancer la question sur les libertés individuelles qui continuent de nourrir le débat. La reporter de 28 ans avait été condamnée mi-octobre à un an de prison pour "avortement illégal et sexe hors mariage", rappelle le même média qui ajoute que la journaliste a été finalement graciée par le roi.

Dès lors, les luttes s’intensifient pour amener les parlementaires à considérer tous ces événements et à légiférer en faveur des libertés individuelles. C’est le voeu du collectif marocain des Hors-la-loi. Après avoir déposé une pétition au Parlement, pour réclamer le retrait du Code pénal, de "toutes les infractions pénales portant sur les libertés individuelles", ce collectif a par ailleurs lancé la campagne "L’amour n’est pas un crime", sur les réseaux sociaux, en espérant recueillir les 5000 signatures légales requises pour que la pétition soit discutée par les parlementaires. Comme pour prêter caution au combat de ces associations de la société civile qui exigent une abrogation de toutes les lois pénalisant les libertés individuelles, Human Rights Watch a approuvé leurs recommandations "novatrices" et "audacieuses".

Faut-il le souligner, tandis qu’en leur état actuel, les textes punissent le sexe hors-mariage d’un mois à un an de prison, l’adultère et l’avortement illégal d’un à deux ans, l’homosexualité de six mois à trois ans, on dénombre d’après les chiffres officiels de l’année dernière, 14 503 personnes poursuivies par la justice, pour "débauche", 3 048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortement, sachant qu’entre 600 et 800 avortements clandestins pratiqués chaque jour au Maroc, relève la même source.

Par ailleurs, tandis que la société civile dénonce ces lois, le président de la commission parlementaire chargée d’examiner le texte, Taoufik Mimouni, a confié que "la procédure n’a pas prévu d’ouvrir le débat sur les libertés individuelles. De leur côté, les conservateurs, à l’image des responsables du Parti justice et développement (PJD) du chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani, il n’y a "aucune intention d’abroger" les lois visées a affirmé à l’AFP, la parlementaire PJD Boutaina Karouri. En clair, les conservateurs "s’opposent à tout assouplissement sur les mœurs aux valeurs traditionnelles dans un pays où l’islam est religion d’Etat".

La Fédération de la gauche démocratique (FGD) s’affirme comme la seule à présenter des amendements en faveur des libertés individuelles. "Notre rôle est de trouver des solutions. L’âge moyen du mariage au Maroc est de 28 ans, nous avons des milliers de jeunes non mariés, les envoyer en prison n’est pas la solution", a confié à l’AFP, Omar Balafrej, député FGD.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Homosexualité Maroc - Avortement - Code pénal marocain

Aller plus loin

Maroc : la communauté homosexuelle monte au créneau

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes de défense des droits de la communauté LGBTQ+ au Maroc ont témoigné leur soutien à Adam Muhammed, qui aurait...

« L’amour fait loi », le cri de cœur des minorités sexuelles au Maroc

Un livre collectif vient de paraître aux éditions «  Le Sélénite  » et relance le débat sur la liberté sexuelle. Titré «  L’amour fait loi  », c’est un plaidoyer pour le...

Ces articles devraient vous intéresser :

Des conseils pour les LGBT désireux de se rendre au Maroc

Habituée des voyages, une lesbienne prodigue des conseils sécurité aux membres de la communauté LGBT désireux de voyager au Maroc et dans d’autres pays comme la Russie.

Le Maroc s’inquiète de « l’influence croissante des homosexuels »

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice et secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), s’est exprimé une fois de plus sur l’homosexualité. Au Maroc, les pratiques homosexuelles restent punies par la loi.

« Deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas décider de passer leur vie ensemble au Maroc »

Dans son film Le bleu du caftan, la cinéaste marocaine Maryam Touzani aborde plusieurs sujets notamment l’homosexualité au Maroc, où les homosexuels vivent souvent cachés, dans la peur d’être découverts, et parfois dans la honte.

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.

Maroc : une série télévisée accusée de faire l’apologie de l’homosexualité

La série « 2 wjoh » (deux visages) aborde-t-elle l’homosexualité ? C’est en tout cas ce que semblent dénoncer de nombreux internautes sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un extrait du teaser de la série qui sera diffusée tous les jours à 19h45...

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.