Le Maroc : les grands chantiers d’un pays en plein développement

21 juillet 2006 - 11h21 - Economie - Ecrit par : Bladi.net

“ Si le Maroc était un pays européen, il ferait certainement partie des pays émergents ”. Cette remarque d’un des journalistes occidentaux venus à Rabat pour couvrir la conférence sur la migration, est pertinente, vu les prodigieuses avancées de ce pays qui est aujourd’hui l’un des plus avancés du continent.

Mais ce remarquable progrès n’a été possible que grâce à une transition politique réussie et surtout grâce à des réformes dans le domaine des droits humains. Lorsqu’il monta sur le trône du royaume chérifien en juillet 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a choisi de poursuivre l’expérience de l’alternance politique initiée par son défunt père, S.M. le Roi Hassan II. Il va donc reconduire le socialiste Abderrahmane Youssoufi dans ses fonctions de Premier ministre. Dans sa volonté de bâtir un Etat de droit, le jeune Roi a entrepris une série de réformes des lois existant dans le Royaume.

Un Etat de Droit comme socle du développement du Royaume

Avant sa disparition, S.M. le Roi Hassan II, le père de l’actuel souverain, avait déjà entamé des procédures d’indemnisation des victimes des années dites de plomb, caractérisées par des détentions arbitraires, des tortures, des disparitions, l’exil forcé, pour ne citer que ceux-là. Mohammed VI va rapidement solder ce passif douloureux. Pour ce faire, il va mettre en place une Commission indépendante d’arbitrage pour l’indemnisation des préjudices matériels et moraux subis par les victimes de la disparition et la détention arbitraire et leurs ayants droit et une “ Commission Equité et Réconciliation ”.

C’est la somme de 57 milliards de Fcfa environ, qui sera débloquée pour indemniser les victimes de ces années sombres. En installant le 7 janvier 2004, à Agadir l’“ Instance Equité et Réconciliation ”, S.M. Mohammed VI s’était fixé comme objectif, comme il le dira lui-même, de “ permettre aux Marocains de se réconcilier avec eux-mêmes et avec leur histoire, de libérer leurs énergies, afin qu’ils soient partie prenante dans l’édification d’une société démocratique et moderne, gage de prévention de toute récidive ”. La parenthèse des années de plomb refermée, le Roi a entrepris de moderniser certaines lois, mettant ainsi la législation marocaine au même diapason que celle de Etats modernes. La première loi à être retouchée, fut le code de la famille. Le nouveau code hisse désormais la femme marocaine au même rang que l’homme dont elle est partenaire en droits et en obligations. La réforme du code de la nationalité est une autre avancée remarquable. En effet, le code de nationalité de 1958, dans la logique de l’ancien code de statut personnel, dispose dans son article 6, que la transmission de droit et de manière automatique de la nationalité marocaine, s’effectue uniquement par le père et non par la mère, sauf dans certains cas. Le nouveau code dispose que désormais, l’enfant né d’une Marocaine et d’un étranger, aura beaucoup plus facilement la citoyenneté marocaine. Le champ politique non plus n’a pas échappé à ces progrès. En 2002, pour la première fois dans l’histoire du Maroc, eurent lieu des élections libres et transparentes saluées par la communauté internationale. Le train des réformes va se poursuivre notamment dans le domaine de la justice. Les tribunaux d’exception vont disparaître, d’autres qui n’existaient pas jusque-là comme les tribunaux de commerce, vont voir le jour. Un nouveau code pénal a été initié tout comme le code du travail. L’assurance maladie devient obligatoire. Le secteur de l’audiovisuel a été libéralisé et un nouveau code de la presse supprimant les peines privatives de liberté a été mis en chantier. Le champ religieux a également été réformé pour permettre une meilleure lecture de l’Islam. Les bases d’un Etat démocratique ainsi jetées, place aux grands projets économiques et sociaux.

L’Initiative Nationale de Développement Humain, véritable organe de correction des disparités sociales et régionales.

La croissance et le niveau de vie des populations étant parmi les meilleurs baromètres d’évaluation du degré de développement d’un pays, les disparités sociales et régionales criantes constituent évidemment des signaux négatifs. Pour permettre une mise à niveau social du pays, “ l’Initiative Nationale de Développement Humain ”, ( INDH ), apparaît comme un véritable catalyseur du progrès, une dynamique nouvelle d’accompagnement par l’Etat, des efforts locaux d’amélioration des conditions de vie individuelles et collectives. L’INDH comprend 4 grands programmes. D’abord, deux ciblés qui sont le programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural. Il vise 360 communes rurales parmi les plus pauvres et le programme de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain qui cible 250 quartiers urbains parmi les plus défavorisés. Ensuite deux programmes de portée nationale, l’un destiné à la lutte contre la précarité et l’autre touchant l’ensemble des régions, provinces, préfectures et communes du royaume. Le financement prévu par le Maroc pour réussir ce pari, est de 10 milliards de dirhams, environ 650 milliards de Fcfa pour la période de 2006 - 2010. Lorsque le Royaume aura réussi ce nivellement social, grâce à cet ambitieux projet royal qu’est l’INDH, il pourrait incontestablement, dans la prochaine décennie, frapper à la porte des pays développés. Mais dans l’attente de cette échéance, le Maroc a déjà accompli des avancées notables dans divers domaines.

L’industrie touristique, comme principale source de revenu

Grâce à sa légendaire hospitalité, le Maroc est l’une des destinations touristiques les plus prisées par la clientèle occidentale, américaine et asiatique. Le pays accueille en moyenne 4 millions de touristes par an dont 2 millions d’étrangers et 2 millions de Marocains résidant à l’étranger. Les arrivées de touristes durant le premier trimestre (janvier- mars 2006), ont atteint 1.153.000 arrivées, contre 1.033.000 arrivées pour la même période en 2005, soit une hausse de 12%. Les recettes du tourisme ont atteint 10, 019 milliards de dirhams ( plus de 650 milliards de Fcfa ) pour le 1er trimestre 2006 contre 520 milliards de Fcfa pendant la même période l’année dernière. Durant le 1er trimestre de l’année en cours, les 16 aéroports internationaux du Royaume ont accueilli 1,7 millions de passagers internationaux. D’importants projets touristiques sont actuellement en chantier, comme “ Vision 2010 ” qui arrivera à terme à l’horizon 2012 avec la création de 6 stations balnéaires. La construction du port de Tanger- Méditerranée doté d’une zone franche qui démarrera en 2007, fait partie de ces réalisations majeures des cinq prochaines années. Outre le tourisme, la pêche constitue l’une des sources principales de revenu du royaume chérifien.

L’UE vient d’adopter un accord de pêche avec le Maroc qui permettra à 119 navires essentiellement espagnols et portugais, de pêcher dans les eaux marocaines pour une contrepartie financière de 163 millions d’euros, environ 108 milliards de Fcfa. Le phosphate dont le Maroc demeure l’un des plus grands producteurs mondiaux, procure également d’importantes devises à ce pays : 13 milliards de dirhams en 2002, soit 845 milliards de Fcfa. L’agriculture qui occupe 16% de la population, est surtout caractérisée par la production des fruits et légumes. Elle constitue une autre richesse non négligeable du Royaume.

Une coopération sud - sud active et généreuse

Cette relative prospérité du Maroc, a permis à ce pays, d’entretenir une coopération multilatérale très active et surtout généreuse avec de nombreux pays d’Afrique au sud du Sahara, notamment dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Agriculture , de la pêche, du Commerce... C’est à travers l’Agence Marocaine de Coopération Internationale, ( AMCI ), une structure créée en 1986 et qui dépend du ministère des Affaires étrangères, que s’opère cette coopération du Maroc avec ces pays. La formation des cadres demeure de loin le secteur dans lequel cette coopération est la plus active. Au titre de l’année 2003- 2004, environ 7000 étudiants étrangers provenant d’une soixantaine de pays, dont 80% sont originaires de l’Afrique noire, étaient inscrits dans les établissements publics marocains d’enseignement universitaire, technique et professionnel. Plus de 5500 parmi ces étudiants sont boursiers de l’Etat marocain. Le Maroc apporte également une aide financière non négligeable à certains de ces pays africains. Récemment, le Roi a décidé de passer l’éponge sur les dettes que ces pays ont contracté vis à vis du Royaume. C’est donc fort de tous ces atouts, que le Maroc abordera la prochaine décennie qui s’annonce résolument sous de bons auspices.

Charles D’almeida - L’Inter - Cîte d’Ivoire

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