Maroc : Svelte, mais à quel prix !

10 mars 2007 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

Dans un monde où les canons de beauté ont changé, où la société rejette les personnes qui ne répondent pas aux nouveaux diktats de l’esthétisme, une société où les baby-booms refusent de vieillir, la chasse des kilos superflus est effrénée. De nos jours, tout concourt à modeler les femmes selon le même moule, celui de la minceur filiforme.

Les pressions sociales qui s’exercent sur les femmes actuellement voudraient que toutes soient des wonder women : des femmes actives, de bonnes épouses, de bonnes mères, sportives, et sophistiquées à la fois, brillantes en société et surtout physiquement attractives. Mais, au-delà de l’aspect esthétique, la surcharge pondérale peut représenter un véritable problème de santé, car elle peut être à l’origine ou un facteur aggravant de certaines maladies (diabète, HTA, hypercholestérolémie,…) Résultat, c’est les centres de remise en forme et les chirurgiens plasticiens ne désemplissent pas. Si pour les derniers, le secteur est plutôt bien structuré, ce n’est pas toujours le cas pour les premiers où professionnels et charlatans cohabitent et où l’appât du gain prend souvent le dessus sur l’éthique. Devant un éventail de produits et d’établissement les patients ont tendance à se perdre.
Les méthodes médicales non invasives et la chirurgie interviennent dans la prise en charge des personnes qui ont une surcharge pondérale importante, il est alors question d’amaigrissement. On parle donc d’obésité.

Au Maroc, comme partout dans le monde, l’obésité devient un véritable problème de santé publique. Selon le Dr Richard Abittan 10% de la population marocaine serait concernée, contre 20% en Europe et 25% en USA. L’anneau gastrique, le ballon intra-gastrique et la liposuccion, et le bai-pace sont les méthodes les plus recommandées « particulièrement lorsqu’il s’agit d’obésité massive ou morbide. » précise le Dr. Abittan. Si la lipo et le bai-pace (court-circuit entre l’estomac et l’intestin) peuvent être estimés comme des interventions lourdes, l’anneau et le ballon (voir encadré) se sont banalisés. « Le ballon intra-gastrique recommandé dans le traitement non chirurgical de l’obésité est un acte simple qui correspond à une fibroscopie des plus banales, l’intervention nécessite entre 10 et 15 minutes. », explique le Dr Abbad Said, spécialistes des maladies de l’appareil digestif, qui précise que tous ces modes de traitement doivent être accompagnés d’un suivi diététique et médical. (Il faut compter 17 000 Dhs pour le ballon et 13000 Dhs pour l’anneau, une lipo coûte entre 10 et 50 000 Dhs)
Côté amincissement, on assiste à une floraison de centres de remise en forme où les dernières technologies rivalisent avec les soins manuels.

Massages amincissants, drainage lymphatique, Cellu M6, pressothérapie, Alice, électrothérapie, couverture chauffante, power-plint, … On parle alors de clients au lieu de patients, et la course aux CA défie toute éthique. L’objectif principal est d’amortir le matos et le local. Il faut compter entre 2000 Dhs et 6000 Dhs pour accéder aux soins de ces centres qui vous promettent de sculpter votre silhouette.

Attention aux charlatans

Chaque soin coûte entre 100 et 350 Dhs et la durée varie entre 10 et 60 minutes. En l’absence de contrôles, chacun applique ses tarifs et la durée des soins dépend également de la tête du client, de la charge de travail du personnel, majoritairement des esthéticiennes, formées sur le tas, qui n’ont aucune connaissance du médical ou du paramédical. Elles ne savent pas ce qu’est un tissu adipeux, une cellulite, un derme, …Alors qu’elles interviennent directement sur notre corps, sans connaître les éventuelles complications.

Certes, des centres sérieux existent, mais dans la foulée on a du mal à distinguer les bons des mauvais élèves. Suffit-il d’avoir de l’argent, d’investir dans des appareils et dans du personnel à bas coût pour prétendre être un spécialiste de l’amincissement, voire de l’obésité, pour les moins scrupuleux ? Alors qu’il s’agit d’un secteur paramédical, qui au-delà de l’aspect esthétique touche à la santé. Malheureusement sur le terrain, force est de constater que l’amateurisme prend souvent le pas sur le professionnalisme.

Selon Mme Soraya Rahem, directrice du centre de Thalassothérapie à Riad Salam, les risques existent et la profession est de plus en plus envahie par des non professionnels.

Vigilance

« Au-delà des problèmes esthétiques (relâchement des tissus musculaires et cutanés) et de graisse, il existe de véritables risques de santé. Pour ne citer que cet exemple, on peut facilement déclencher une phlébite. Un drainage est déconseillé en cas de tyroïde, HTA ou encore de varices. Bref, pour chaque machine, il y a des indications et des contre indications » avance Mme Rahem, qui précise qu’en l’absence de garde-fous, on peut juger un bon centre selon l’équipement et le personnel. « Le personnel paramédical est plus adapté à travailler dans les centres dédiés au bien être car il s’agit après tout de santé. »
Il n y a aucune contrainte pour avoir une autorisation, ce sont les mêmes critères que pour un salon de coiffure. Ce sont les autorités communales et non le département de la santé qui s’en charge. On ne s’attarde ni sur les diplômes, ni sur les locaux, on n’effectue aucun contrôle après le lancement de l’activité.

A ce titre, un établissement qui a pignon sur rue, avec un agenda de rendez-vous full, vous propose une prise en charge de vos kilos superflus au prix fort. Mais auparavant, il faut payer la consultation (comme chez le médecin spécialiste 150 Dhs). La consultation consiste à prendre votre poids, taille, mensurations et de définir grâce à une machine votre taux de cellulite et de graisse. La directrice du centre, vous propose pour un excès de 4 kilos (+ il y a de kilos à perdre, + la facture est salée) un programme à 6000 Dhs, sans préciser la durée nécessaire pour vous débarrasser de vos maudits kilos. Dans les 6000 Dhs, il faut compter 10 séances d’Alice (un appareil qui vous permet de perdre près d’un kilo par séance. Ce qui est miraculeux, mais ce qu’on ne dit pas c’est que ce kilo, on le récupère une semaine après. Parce que l’appareil fonctionne par procédé de déshydratation) ; 8 massages amincissants et 10 séance de presso.

Etre belle, avoir un corps harmonieux, une silhouette bien taillée est sans doute le rêve partagé de toutes les femmes, mais il faut se méfier des amateurs, car au-delà de l’esthétique il s’agit de santé. « La beauté est la splendeur du vrai », disait Platon.

La Nouvelle Tribune - Leila Ouazry

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Sujets associés : Santé - Mode

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