Maroc - UE : Un voisinage à double-tranchant

4 février 2004 - 12h09 - Monde - Ecrit par :

Le commissaire européen chargé de l’Elargissement et de la Politique européenne de voisinage, l’Allemand Günter Verheugen, entame aujourd’hui, 4 février, une visite de deux jours au Maroc. Ce déplacement a pour objectif de lancer les discussions politiques avec les responsables marocains quant aux moyens de mettre en œuvre l’initiative "Nouveau voisinage de l’Europe élargie".

Günter Verheugen rencontrera, à cet effet, le Premier ministre, Driss Jettou, et le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa. "Les entretiens porteront sur un éventuel plan d’action national qui mettrait en application les principes de la politique européenne de voisinage dans les relations UE-Maroc", souligne un communiqué de la commission européenne. Cette nouvelle politique de voisinage de l’Europe élargie ne remplacera aucunement l’accord d’association déjà conclu entre le Maroc et l’Union européenne. Elle devrait encourager et soutenir la politique menée par le Maroc dans le but de se rapprocher davantage de l’UE. La mise en œuvre des accords existants demeurant donc une priorité.
La Commission européenne a adopté, le 11 mars 2003, une communication inscrivant dans un nouveau cadre les relations avec l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye , le Maroc, l’Autorité palestinienne, la Syrie et la Tunisie, en renforçant parallèlement le partenariat stratégique UE-Russie. En fait, l’élargissement de l’Union, prévue le 1er mai 2004, constitue une opportunité pour le Maroc. Une occasion que celui-ci devrait rapidement saisir. L’Europe passera ainsi de 15 à 25 membres et de 380 millions à 450 millions d’habitants. Pour l’ensemble de ses nouveaux pays frontaliers, l’UE propose un objectif global de mise à niveau identique à celui des pays membres. Il s’agit notamment de l’intensification de la coopération en matière de prévention et de lutte contre les menaces communes pour la sécurité. Ainsi que des perspectives de participation progressive au marché intérieur de l’UE et à ses structures réglementaires, y compris celles qui portent sur le développement durable (protection de la santé, des consommateurs et de l’environnement), à partir d’un rapprochement des législations. La nouvelle politique de voisinage englobe également des perspectives d’intégration aux réseaux de transport, d’énergie et de télécommunications et à l’espace européen de la recherche.
Toutefois, l’aide ou l’assistance européenne n’est pas gratuite. Elle ne le sera jamais, d’ailleurs.
En somme, le commissaire Verheugen expliquera aux responsables marocains que l’offre d’avantages concrets et de relations préférentielles avec l’UE sera conditionnée aux progrès réalisés par le Maroc dans des domaines précis, en particulier dans celui de la réforme politique et économique et dans le domaine de la Justice et des Affaires intérieures(JAI). Voilà qui a le mérite d’être clair.
De son côté, le Maroc risque de soulever quelques points contenus dans la nouvelle politique de voisinage, et plus particulièrement la coopération en vue de lutter contre le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains et la criminalité organisée, notamment à travers l’aide à la gestion des frontières et la coopération transfrontalière. En clair, l’UE souhaite aider le Maroc à éradiquer le trafic de drogue et l’immigration clandestine. En filigrane, il s’agit d’un "droit de regard" sur le contrôle des frontières, en donnant à l’UE les mêmes prérogatives, ou presque, que la marine royale, la Gendarmerie royale, les Forces auxiliaires et la DGSN. Un sacré coup à la souveraineté du pays !

Par : Abdelmohsin EL HASSOUNI pour Aujourd’hui le maroc

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