« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.
La communauté marocaine d’Europe vit à l’heure des départs en vacances, évidemment au Maroc, et comme chaque année, on constate cela deux mois avant, car pour les Marocains de Belgique, les vacances commencent au quartier commercial de la Rue de Brabant (près de la gare du Nord), l’équivalent de Derb Ghallef de Casablanca, où l’on trouve de tout, même les fameux ingénieurs d’informatique qui flashent, rechargent les cartes satellitaires.
C’est dans cette rue, qui a une ressemblance frappante avec l’ancien quartier parisien de Barbès des années 60 - 70 que les Marocains achètent cadeaux, bijoux, meubles, etc. C’est à partir de ce moment-là que le stress des vacances s’installe, on fait cent fois l’aller et retour au pays par jour dans sa tête, le corps prépare les valises et les cadeaux, mais l’esprit est déjà ailleurs, les jours qui nous séparent de la période estivale deviennent de plus en plus longs, on perd le goût et la motivation de travailler, la nervosité s’installe, et on n’a qu’une seule envie : partir... partir.
Et quand le jour « j » arrive, on est tout heureux de regagner la mère patrie, mais cette fois-ci pour de vrai, après avoir gambergé pendant deux mois, tout devient réalité, et on prend la route, le rail, ou le ciel, à chacun ses propres moyens de locomotion du moment qu’on a les moyens de s’offrir des vacances au pays, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde ici en Belgique.
Pourquoi ?
En réalité, des vacances au pays deviennent de plus en plus chères pour les familles à modestes revenus et le gouvernement marocain peut faire quelque chose dans ce dossier, par exemple une intervention auprès des responsables de la RAM pour diminuer le prix des billets d’avion et les rendre plus accessibles au plus grand nombre de gens, car, actuellement, un billet Bruxelles-Casa avec la RAM coûte plus cher qu’un billet Bruxelles-Los Angeles par exemple, parfois ou souvent la RAM plafonne son prix à 500 euros, or, on trouvera facilement dans cette période des billets à 320 ou à 350 chez Iberia avec escale à Madrid ou à l’Italia avec escale à Rome. Imaginez ce que peut gagner une famille de 5 ou 6 personnes sur le même trajet.
Non, au lieu que la RAM joue le jeu de la concurrence, elle préfère jouer le vieux jeu du monopole, en tout cas, ce n’est plus pour longtemps, car les Marocains ne sont pas des imbéciles pour se laisser lyncher par les sentiments. Ce que les responsables de la RAM doivent savoir, la devise « un client de perdu, dix de retrouvés » c’est fini aujourd’hui, un client de perdu et satisfait ailleurs, il tirera avec lui dix autres et ainsi de suite, ici c’est l’Europe et tous les chemins mènent à Casablanca-Rabat, Marrakech ou Agadir.
Et ce n’est même pas la peine que la RAM garde son bureau à Bruxelles, c’est inutile et ça coûte cher, car, avec la présence de ses employés ici, ce sont les voyageurs qui payent les frais.
Or, n’importe quelle agence peut faire l’affaire, pour ceux qui choisissent la route, ils n’échappent pas à la règle et aujourd’hui se rendre au Maroc en voiture, n’est plus dans les cordes de tout le monde, surtout quand on fait les comptes des frais qu’un tel voyage peut engendrer et l’on se demande comment est-ce possible que les frais moyens d’une simple petite voiture avec un couple et deux enfants de bas-âge avoisinent les 1200 euros (aller-retour), ajoutons à cela la restauration, l’hôtel, car 1200€, c’est juste pour la couverture des frais de carburant, autoroute, bateau.
Pour les camionnettes, voitures avec remorque, etc., ça devient vraiment hallucinant, en détail, les prix du bateau en 2 ans ont connu une augmentation de 150%, pourquoi ? Allez savoir, peut-être à cause de la demande qui dépasse l’offre.
Bien que ce n’est pas une raison valable pour motiver cette monstrueuse augmentation, la preuve, c’est que, en dehors de la période dite haute saison, les prix diminuent de moitié. Alors, vous avez compris quelque chose ? Nous, non plus, les autorités, comme par hasard en France, n’augmentent leur prix qu’à la veille des vacances. L’Espagne aussi. Elles profitent de ces voyageurs de passage que sont les Marocains, mais le seul avantage avec les autoroutes espagnoles, c’est qu’en cas de panne, une dépanneuse viendra vous remorquer jusqu’au garage le plus proche gratuitement et ça, peu de Marocains le savent. Alors, dans ce cas, chacun y trouve son compte.
Devant cet état de choses, comment voulez-vous que les Marocains résidant en Europe arrivent sur le sol paternel en bon et parfait état physique et moral pour supporter ces files d’attente à la porte de Sebta et au port de Tanger avec toutes ces mains tendues de mendiants déclarés ou pas !
Les Marocains, qui font tout ces trajets longs de conséquences et supportent tous ces frais demesurés, espèrent au moins passer des vacances bien méritées sans faire l’objet d’arnaques quelconques, sans être embêtés par des contrôles routiers qui dépassent parfois le stade d’un simple contrôle sécuritaire et de prévention.
Les Marocains Résidant à l’Etranger aiment bien se faire considérer comme les autres Marocains du pays, que ce soit auprès de commerçants ou à l’administration. Par contre, ils n’aiment pas ce genre de banderoles de bienvenue qu’on trouve partout et en particulier dans le secteur bancaire, ils n’aiment pas parce que ça les distingue, ça les rappelle qu’ils ne sont qu’en vacances. Or, tout ce qu’ils souhaitent c’est se fondre dans la masse et c’est tout, et puis les banderoles c’est pour les touristes, pas pour « Oulad Lablad » Ce que les Marocains Résidant à l’Etranger n’aiment pas aussi, c’est ce genre de désordre dans les banques et cette manière de travailler, car, on trouve devant le même employé trois clients l’un à côté de l’autre, pas l’un derrière l’autre comme une file indienne, c’est pas normal tout ça, où est la discrétion ? Dans ce contexte, le résident qui n’a pas l’habitude de ce modèle bordélique se sent gêné et il n’a même pas le temps de compter son argent et il n’est pas rare qu’il y ait des erreurs comme il est rare de tomber sur un employé PRO, qui fait son boulot d’une manière correcte avec beaucoup de politesse, comme ça doit l’être dans ce secteur et celui de la poste aussi.
Conclusion : malgré tout ce qu’ils subissent ces Marocains venus d’ailleurs à l’intérieur et à l’extérieur de la mère patrie, ils continuent à faire des sacrifices pour conserver ce lien solide entre le pays d’accueil et le pays d’origine à n’importe quel prix. C’est le seul moyen pour les résidents à l’étranger d’exprimer leur amour au pays ; qui dit amour, dit attachement, et bonnes vacances à tout le monde.
L’Opinion - Bruxelles - Aziz BELCAÏD
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