« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.
Ils sont des milliers d’étrangers à choisir le Maroc comme terre d’accueil. La vie de ces étrangers n’est pas toujours sans difficultés. Dès lors se pose le problème de l’intégration de ces communautés dans la société marocaine.
L’un des cas illustrant le plus cette situation est celui des immigrants originaires d’Afrique subsaharienne. Parmi eux se trouvent des étudiants dans la plupart des cas, mais aussi des sportifs, des fonctionnaires, des hommes d’affaires sans oublier les immigrés clandestins. Pour ces derniers, le Maroc est juste un lieu de transit.
Les autres catégories sont généralement au Maroc grâce à des accords avec leurs pays d’origine. C’est le cas de la plupart des étudiants.
Une fois au Maroc, ces étrangers doivent s’adapter, voire adopter les manières et la culture de leur pays d’accueil. Chez les étudiants, par exemple, le changement est parfois énorme, les systèmes éducatifs ne sont pas souvent les mêmes, ce qui peut provoquer un déséquilibre, une déstabilisation, qui compliquent davantage leur intégration.
Cette situation concerne surtout les étudiants en provenance des pays anglophones ou lusophones ; pire encore, ces jeunes, qui étaient censés étudier la médecine ou suivre d’autres filières scientifiques, se retrouvent dans les facultés de lettres et de droit où même leurs camarades francophones peinent à s’en sortir. Résultat, ils redoublent plusieurs fois leurs classes et sont parfois rapatriés. Chez les étudiants francophones aussi se pose la barrière linguistique.
En effet, les Marocains sont plus arabophones que francophones, alors tout dialogue devient impossible ; or il ne peut y avoir d’intégration sans la compréhension de la culture de l’autre, qui passe par la maîtrise sa langue.
Autre obstacle, les étrangers ont tendance à se regrouper en communautés et à s’isoler. Par conséquent, certains peuvent passer plusieurs années au Royaume sans être en mesure de parler la langue nationale. C’est le cas de cet étudiant togolais qui explique : " Je suis au Maroc depuis sept ans, mais je ne parle ni l’arabe, ni le darija, on est toujours resté en communautés, je ne côtoie pas beaucoup les Marocains... "
En dehors de ces étudiants, il y a ceux qui travaillent au Royaume ; les hommes d’affaires, les diplomates, les fonctionnaires pour ne citer que ceux-là. Ces gens-là parviennent plus facilement à s’insérer dans la société marocaine, certains sont aujourd’hui un modèle de réussite dans la création d’entreprises, la communication et autres secteurs.
Cette catégorie d’immigrés entretient des relations étroites avec les Marocains. Ils se sentent chez eux au Royaume ; certains ne rentrent au pays que pour quelques jours de vacances comme l’affirme Moustapha, un Sénégalais qui vit au Maroc depuis une dizaine d’années : " je me sens bien au Maroc, c’est ma seconde patrie, j’y ai étudié et maintenant j’ai mon entreprise, c’est le pays le plus accueillant du Maghreb..."
Il existe cependant une troisième catégorie d’immigrants, c’est-à-dire ceux qui sont en situation irrégulière. Pour ces derniers, il n’est pas question d’intégration, le Maroc n’est qu’une étape du long voyage qui doit les conduire en Europe. Et tous les moyens sont bons pour y arriver.
Ce qui fait que leur comportement n’est pas toujours exemplaire. Ils se livrent parfois à des activités peu recommandables. Entre étudiants, travailleurs et immigrants illégaux, la confusion s’installe parfois. Avec la médiatisation du problème de l’immigration clandestine, les marocains ont tendance à assimiler tous les Subsahariens à des personnes en situation irrégulière, des parasites et sources de leurs problèmes.
D’ailleurs, ils sont victimes d’agressions verbales au quotidien, c’est la naissance de la xénophobie. Se sentant rejetés, ces gens ont tendance à se replier sur eux-mêmes, une attitude qui peut couper court à toute idée de communication et d’intégration.
Maïmouna Dia - Le Matin
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