Près de 17 000 personnes (dont 44 % de femmes et 22 % de MRE) ont déjà bénéficié du programme d’aide directe au logement à la date du 15 juillet, a indiqué Aziz Akhannouch, le Chef du gouvernement, à la Chambre des représentants.
Le port de Tanger paraît plutôt calme. Le trafic à la gare maritime est fluide et rien n’indique que l’on est en plaine opération de Transit-2006, dans sa première phase.
L’on n’est pas encore en cette période où la deuxième vague des arrivées des MRE croise ceux qui ont déjà passé leurs vacances au pays et se prêtent à rejoindre leur lieu de résidence, explique le responsable d’une compagnie de transport maritime.
Seuls quelques véhicules en instance d’embarquement attendent les contrôles d’usage.
Pour ceux qui viennent de débarquer, un coup d’oeil expert d’un douanier, une rapide vérification des papiers, surtout le fameux permis d’importation temporaire du véhicule, suffisent et nos MRE peuvent continuer leur route vers leur lointaine contrée d’origine.
De plus en plus de MRE préfèrent néanmoins passer leurs vacances dans des lieux de villégiature ou des stations balnéaires. Bref, à peine débarqués, ils s’empressent déjà de quitter le port et la ville.
Le passage en douane n’est plus un souci comme c’était le cas il y a encore quelques années. « Je me souviens qu’il y a quelques années encore, notre passage en douane, au port de Tanger, prenait souvent plusieurs heures. Aujourd’hui, cela nécessite moins d’un quart d’heure. Et puis, avec tous les moyens mobilisés pour notre accueil, nous n’appréhendons plus notre débarquement au Maroc », affirme ce quinquagénaire empressé de regagner, avec sa famille, son Casablanca natal.
« Notre voyage depuis Paris s’est déroulé dans de bonnes conditions et la traversée du Détroit de Gibraltar agréable, surtout qu’il n’y avait pas trop de monde sur le bateau que nous avons emprunté », confirme ce père de famille.
Une trentaine de ferries font en effet des allers-retours interminables entre les deux rives. « Hier c’étaient les passagers qui attendaient les ferries. Ce sont désormais les ferries qui attendent les passagers ». Les services de la protection civile espagnols qui supervisent l’opération de transit de l’autre côté du Détroit ont même procédé à l’échange de leur devise.
Si pour les premières générations, ce voyage annuel est perçu comme un baromètre de l’évolution de leur pays d’origine, les nouvelles le perçoivent sous un autre angle.
« Tous les ans, nous passons nos vacances d’été au Maroc et nous sommes heureux de constater que, depuis ces dernières années, les choses ont changé, d’une manière palpable, sur tous les plans dans notre pays », affirme ce retraité établi en France.
Ce qui n’est semble-t-il pas l’avis de cette jeune de 21 ans qui vit dans le même pays. « Je me languis de pouvoir passer quelques semaines au Maroc, aux côtés de ma famille, passer de bons moments avec eux. Je suis contente de retourner au Maroc chaque année mais écoeurée de constater que dans certaines régions rien n’avance en terme de développement », déclare-t-elle.
« Ce que j’attends du Maroc », s’interroge-t-elle, c’est « qu’il traite tous ses Marocains de la même façon, et non pas en fonction du lieu où ils résident ».
« Les vacances au Maroc sont pour moi, ce que le pèlerinage est aux croyants », affirme ce jeune homme, la trentaine, originaire de Souss. « C’est un retour aux sources, ma terre d’origine, terre de mes parents, de ma culture... Les vacances au Maroc sont l’occasion de profiter du soleil, du paysage, de la famille et de mes amis. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est aussi une volonté de contribuer à l’évolution du pays. J’aimerais voir ce pays se développer, se doter d’infrastructures comme en Europe (autoroutes, ponts, barrages...), d’une justice qui ne soit pas à deux vitesses, d’un encadrement plus soucieux de la population (éducation, santé, prévention...), et qu’il y ait une politique nationale plus lisible », soutient-il.
Si pour les uns, les premières générations en grande partie, le retour au pays constitue une occasion de renouer les liens avec la famille, une période de repos après une année de labeur pour les nouvelle générations, c’est certes une occasion de se ressourcer. C’est aussi dans le but de manifester leur solidarité avec les populations les plus défavorisées. « Partir utile, revenir solidaire » est la devise de ces nouvelles générations d’adeptes du tourisme solidaire.
Des associations comme « Asays » ou « Tamaynut-France », entre autres, organisent même des activités, des spectacles, ventes de produits de commerce équitables qui viennent de contrées lointaines et souvent pauvres de notre pays, pour récolter des fonds et financer des voyages de solidarité dans les douars délaissés du sud marocain.
L’objectif consiste à « encourager les associations de village lorsqu’elles oeuvrent pour l’intérêt du village ». Et ce en contribuant au financement de « forage de puits, construction d’école, de dispensaire, participer à des projets visant à doter les villages environnants de route, d’électricité, etc participer également à la protection de l’environnement, privilégier nos produits artisanaux »
Pour un nombre de plus en plus croissant des MRE, ce voyage quasi-rituel est aujourd’hui perçu comme une interrogation. « Comment nous, Marocains vivant à l’étranger, pouvons visiter nos villes et villages de manière plus utile et pour les habitants et pour nous ? Que pouvons-nous apporter, que peuvent-ils nous apporter ? »
Tahar Abou El Farah - Libération
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