20 Marocains en grève de la faim contre leur expulsion à Paris

9 mars 2008 - 14h36 - France - Ecrit par : L.A

Rien ne va plus dans les centres de rétention administrative en région parisienne. Particulièrement celui de Vincennes. Quatre-vingts étrangers qui y attendent leur expulsion du territoire français, dont une dizaine de Marocains, sont entrés en grève de la faim depuis le 20 février 2008.

Dans un texte envoyé à des associations de droits de l’Homme, ils dénoncent la situation catastrophique, mais, surtout, les provocations des forces de l’ordre et leur manque de respect et de courtoisie. Ils révèlent également que leur vie quotidienne est faite de nombreuses récriminations, notamment les chambres sans chauffage, le manque d’eau chaude et pas de viande halal alors que plus de 90% des détenus sont musulmans.

C’est ce même centre qui a connu, la nuit du 11 au 12 février 2008 des mouvements de soulèvement à deux reprises. La première après l’extinction des téléviseurs sans aviser les détenus et la seconde suite à un début d’incendie d’une literie, suivi d’une fouille des chambres durant laquelle un Coran aurait été déchiré. Une intervention musclée s’en suit. Deux détenus ont été hospitalisés. La Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France ont lancé une enquête, le 25 février 2008, pour établir s’il y a eu bavure policière. Les premiers éléments démontrent que les policiers ont bien utilisé un taser, appareil à impulsion électrique, pour calmer les sans-papiers.

La Cimade exprime son inquiétude. Selon ce service d’entraide des étrangers migrants, depuis la fin décembre 2007, les tentatives de suicide, automutilations, grèves de la faim, départs d’incendie se sont multipliés dans le centre de Vincennes. À tel point qu’il est devenu le symbole de l’industrialisation de la rétention et de l’expulsion des sans-papiers.

Indignation

La polémique sur les conditions d’accueil des expulsés dans les centres a éclaté après qu’un sénateur du parti des Verts, Jean Desessard, a levé le voile sur le scandale de soixante-dix étrangers retenus, à la mi-décembre 2007, dans une ancienne salle d’embarquement de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle où ils dormaient à même le sol sans couvertures.

Cette vague d’indignation coïncidait avec des manifestations contre la décision de l’expulsion d’un jeune Marocain de 21 ans, Younes Seddiki. Vivant en France depuis plus de huit ans, il avait déjà fait une demande de regroupement familial dans la mesure où son père est détenteur d’une carte de séjour, et avait ensuite engagé une procédure de régularisation pour vie privée et familiale, mais toutes ces démarches ont été rejetées.

La politique française d’immigration est de plus en plus critiquée. Les expulsions se font maintenant par quotas et non par études de cas. En 2007, 25.000 personnes en situation irrégulière devaient être expulsées et en 2007, 26.000. Brice Hortefeux, le ministre français de l’Immigration, ne lésine pas sur les moyens. C’est ce qui explique les descentes de police dans des foyers d’immigrés en pleine nuit.

Source : Maroc Hebdo - Loubna Bernichi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - France - Paris - Droits et Justice - Grève - Expulsion - Régularisation

Ces articles devraient vous intéresser :

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Expulsions de France : autrefois protégés, ils sont désormais visés

Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

France : les étrangers en règle désormais fichés

Un durcissement du traitement administratif des étrangers, même en règle, se dessine à Nantes. Une note interne de la police dévoile une procédure inédite qui fait grincer des dents.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...