
En Ontario, un médecin marocain face à l’exigence de l’anglais
Un médecin marocain figure parmi les 28 formés à l’étranger et recrutés en Ontario dans le cadre d’un programme accéléré de permis d’exercice, qui s’est déroulé uniquement en...
Grâce au programme Préparation à la pratique médicale en Ontario (PRO), financé par le ministère de la Santé et délivré par le Touchstone Institute, quelque 28 médecins étrangers exercent dans la province canadienne. Mais le programme n’est accessible qu’en anglais. Seul un médecin francophone, d’origine marocaine, a fait partie du lot.
Originaire du Maroc, Salim Benguedda a immigré en Ontario en décembre 2023. Son diplôme de médecine a été reconnu par la province, mais il doit encore passer deux examens et faire son jumelage en résidence. Il a été retenu par le programme parce qu’il est bilingue : il parle français et anglais. « Je me suis mis en tête que je devais être anglophone. Je ne traduis même plus les textes pour réviser pour les examens, c’est trop long », confiait-il au Devoir. Sur plus de 500 candidatures soumises au programme depuis son lancement en 2023, seules 12 proviennent d’un médecin ayant le français comme langue première.
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Le Touchstone Institute assure ne pas disposer de ressources pour effectuer ce travail simultanément en anglais et en français. L’organisme est en discussion avec le gouvernement pour offrir le programme PRO en français d’ici fin 2026. « On va bientôt recruter un coordinateur francophone pour nous aider à franciser le programme, et nous évaluons nos besoins de main-d’œuvre », déclare Wendy Yen, directrice principale des programmes au Touchstone Institute. Pour rappel, l’objectif du programme PRO est de recruter d’ici fin 2025, 100 médecins formés à l’étranger au profit des communautés rurales et du nord de l’Ontario.
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Pourtant, près du quart de la population du Nord-Est ontarien et près du sixième de celle de l’Est ontarien parle français. Pour Carole Lafrenière, membre du conseil d’administration de la Société pour les Canadiens qui étudient la médecine à l’étranger (SOCASMA), le programme aurait pu être délivré en français dès son lancement, d’autant que la loi sur les services en français garantit le droit des Franco-Ontariens de recevoir des services gouvernementaux dans leur langue. Elle dénonce cette « inégalité » dans une plainte déposée auprès de l’ombudsman de la province.
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L’Ontario fait face à une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. Avant le lancement du programme, l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario et l’Ordre des médecins de famille de l’Ontario avaient plaidé pour une accélération de l’obtention du permis d’exercice des médecins formés à l’étranger. Selon la SOCASMA, sur les 111 candidats francophones unilingues ayant postulé en résidence au Canada en 2023, seulement 24 ont été jumelés. Tous étaient au Québec.
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