Une opération menée jeudi par les forces de l’ordre italiennes, en collaboration avec leurs homologues chinois et avec le soutien d’Europol, a permis le démantèlement d’un réseau international de streaming illégal dont bénéficiaient 22 millions...
La "radio du grand Magheb" va donner naissance, d’ici un an, à une nouvelle chaîne de télévision à capitaux franco-maroco-libanais. Le terrain est déjà acquis, les installations sont en cours et des informations sur les futurs programmes commencent à filtrer.
A vec 23 millions d’auditeurs, la radio franco-marocaine Médi 1 est aujourd’hui la radio leader du Maghreb. En Algérie, elle dépasse même les chaînes nationales, s’accaparant une audience de plus de 40%. La France, désireuse d’étendre son rayonnement au champ télévisuel, a naturellement été tentée de capitaliser sur cet acquis. Présenté à l’origine comme une chaîne tout-info, le projet Medi1 Sat a progressivement changé de nature, pour se muer en chaîne généraliste... avec tout de même une prééminence de l’information.
Dans sa partie marocaine, le capital de Médi 1 Sat sera détenu par le banquier Othmane Benjelloun (déjà actionnaire de la radio) à hauteur de 23%. Côté français, la participation du financier Bernard Esambert, ancien conseiller de Jacques Chirac et président du cercle d’amitié franco-marocain, a été confirmée. Celle de l’inamovible Pierre Casalta, patron de Médi 1, aussi. Mais le tour de table n’est pas encore complet. Hormis quelques bruits de couloirs, la prospection se fait dans le secret le plus absolu. On parle de Aziz Akhennouch, président du groupe Afriquia comme de Mustapha Amhal, président du groupe Oismine.
Impossible, cependant, de confirmer quoi que ce soit là-dessus. Il y a trois semaines, au terme d’une visite en France, Pierre Casalta s’est envolé vers Beyrouth pour y rencontrer le Premier ministre libanais, Rafiq Hariri. Ce dernier, propriétaire de la chaîne libanaise Future TV, serait aussi un actionnaire potentiel de Médi1 Sat. Aucun écho au Maroc, bien sûr, mais des professionnels libanais de la télévision assurent que Hariri investira à titre personnel, indépendamment de sa chaîne. La France serait-elle pour quelque chose dans le ralliement de ce nouvel actionnaire ? Probable. Le Premier ministre libanais, proche ami de Jacques Chirac, détient le record de la personnalité politique étrangère la plus souvent reçue par le président français. Ardent défenseur de la francophonie au Moyen-Orient, Hariri tire, entre autres, les ficelles de la station française Radio Orient. Avec une présence libanaise dans le tour de table, Médi 1 Sat s’assurerait une passerelle vers le champ audiovisuel moyen-oriental. Ce qui cadre parfaitement avec les objectifs stratégiques des promoteurs de la "francophonie audiovisuelle".
Les responsables de Médi 1 Sat ont déjà acquis un terrain dans la zone franche de Tanger (à environ 12 km de l’aéroport). Selon nos sources, les travaux d’installation seraient bien avancés. Les informations qui filtrent déjà sur les programmes sont alléchantes. Les promoteurs de Médi1 Sat auraient ainsi contacté les plus grandes sociétés de productions de l’Hexagone : Ardisson et Lumières (producteur de la célèbre émission de France 2 "Tout le monde en parle"), Endemol France (dirigée par Arthur, et à laquelle on doit Star Academy) et Reservoir Prod (de Jean-Luc Delarue, animateur du talk show à succès "Ça se discute").
Bref aperçu de ce qui se prépare, une Star Academy version sportive. Le reality show mettrait en concurrence de jeunes talents footballistiques en provenance du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie et de quelques pays d’Afrique subsaharienne. À combien sont estimés les fonds nécessaires à cette aventure ? Au moins 2,5 millions d’euros, estiment des professionnels français que nous avons contactés.
À quand le lancement de la chaîne ? "Aujourd’hui, on ne peut rien affirmer", s’excuse le ministre de la Communication, Nabil Benabdellah. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale française (qui suit de près le projet), l’échéance fin 2004 revient souvent. L’année à venir risque donc d’être riche en événements médiatiques pour le Maroc, puisque la haute autorité de l’audiovisuel devra aussi statuer sur les demandes, toujours en suspens, de la BBC, RFI et de Radio Monte-Carlo. Après des décennies d’autisme, le Maroc deviendra-t-il le terrain d’affrontement des médias internationaux ?
TelQuel
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