Dès le 12 mars, d’autres journaux devraient être diffusés à la mi-journée et des éditions matinales sont en préparation pour septembre. La chaîne compte déjà de nombreux correspondants à travers le monde et s’est assuré la collaboration de plusieurs éditorialistes de la presse française. "Nous n’avons pas l’ambition de concurrencer les grandes chaînes internationales comme Al Jazira, la BBC ou CNN, affirme Pierre Casalta, PDG de la chaîne. Notre but est de devenir la première chaîne tout info du grand bassin méditerranéen et de la communauté maghrébine en Europe."
Homme d’influence et de réseaux, Pierre Casalta est un professionnel des médias, qui dirige ses équipes avec vigueur et autorité. "Un bourreau de travail", disent ses collaborateurs. En 1980, dans un environnement audiovisuel verrouillé, il a créé Médi1, la première radio commerciale franco-marocaine impulsée par le roi du Maroc, Hassan II, et Valéry Giscard d’Estaing. Aujourd’hui, Médi1 est une référence en Afrique du Nord, avec une audience estimée à 23 millions d’auditeurs, et reste le fer de lance du groupe.
Financée à 56 % par des capitaux marocains et par la Compagnie internationale de radiotélévision (CIRT), filiale française de la Caisse des dépôts et consignations, Médi1 Sat, dotée d’un capital de 15 millions d’euros, vient compléter le dispositif avec l’objectif de s’imposer parmi les nombreuses chaînes satellitaires arabes.
Un "studio école"
Installée dans un bâtiment ultramoderne dans la zone franche de Tanger, la rédaction de Médi1 Sat est composée d’une cinquantaine de journalistes issus de huit nationalités. D’une moyenne d’âge de 25 ans, ils ont été recrutés dans plusieurs pays de la Méditerranée ou proches (Algérie, Tunisie, Maroc, Irak, Emirats, France) et sont tous passés par le "studio école" intégré à la chaîne. En quelques semaines, sous la conduite de professionnels de l’audiovisuel, ils ont appris comment tourner un sujet, le commenter, le monter et le présenter.
Pour le moment, dans la "news room" entièrement numérisée, ils ne font que du "desk" avec des commentaires sur des images issues des agences internationales indexées dans les serveurs de la rédaction. "Cela peut être frustrant de ne pas aller sur le terrain, reconnaît Denis Wittenberg, rédacteur en chef francophone arrivé de France 3 Auvergne et d’Euronews, mais le desk est un exercice noble qui permet de maîtriser certains dossiers et d’affirmer la sensibilité et le regard sur le traitement de l’information". "On informe, on ne commente pas", résume Youssef Belhaissi, jeune journaliste marocain.
Ainsi, pour les sujets sensibles concernant le Proche-Orient, les journalistes n’hésitent pas à dire (en arabe et en français) que les poseurs de bombes sont des "kamikazes" et non des "soldats de Dieu", parlent ouvertement de "terrorisme" et citent les "autorités israéliennes". Une petite révolution pour les téléspectateurs arabes branchés sur Al-Jazira.
"Nous ne sommes pas là pour faire de la propagande", souligne Marc Saikali, directeur de la rédaction, ex-chef du service étranger de France 3. "Depuis que je suis là, je n’ai jamais connu de pressions de qui que ce soit", affirme-t-il. Selon lui, en jouant la proximité, Médi1 Sat ne s’est pas trompée. Pour preuve, quelques jours avant le lancement de la chaîne, Al Jazira a diffusé son premier journal destiné spécifiquement à l’Afrique du Nord depuis son bureau régional de Rabat.
Coopération entre Médi1 Sat et LCP-Assemblée nationale
La chaîne parlementaire LCP-Assemblée nationale (LCP-AN) et Medi1 Sat ont signé, le 7 février, un accord de coopération portant sur des acquisitions croisées de programmes, la production d’émissions spéciales et des échanges réguliers d’information entre les rédactions. Ainsi, Medi1 Sat diffusera, chaque semaine, l’émission de LCP-AN consacrée à l’élection présidentielle 2007 vue par les médias "Parties de campagne". Medi1 Sat réalisera, par ailleurs, dans les studios de LCP-AN, l’émission hebdomadaire "Aujourd’hui, rencontre avec..." qui réunira, sous la houlette du journaliste Patrice Martin, les grandes figures maghrébines (intellectuels, universitaires...) vivant en Europe.
Les deux chaînes ont aussi décidé, à la faveur de l’actualité internationale, de produire des émissions spéciales, à Paris ou à Tanger.
Le Monde - Daniel Psenny