La proposition de partition du Sahara formulée par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité n’est pas du goût de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la...
Si quelqu’un comprend quelque chose à la vie politique marocaine d’aujourd’hui, que sa bonne action de l’année consiste à nous expliquer de quoi il en retourne ! Nous, comme disent les enfants qui jouent aux devinettes, nous donnons notre langue au chat. Nous capitulons. Nous avouons notre total échec à appliquer à l’échiquier politique marocain une des quelconques grilles de lecture que nous ont enseignées les professeurs de droit constitutionnel. Et des professeurs de « droit constit », nous en avons connus de ‘balaises’ : Maurice Duverger, Georges Vedel, Rémy Leveau et autre Michel Rousset. Nous avons « potassé » leurs manuels, suivi leurs séminaires quand ils sont venus dans nos facultés de droit.
Et, sachant que certains d’entre eux n’étaient pas étrangers à la rédaction des premières constitutions du Maroc, nous n’avons eu de cesse de consulter leurs ouvrages qui décryptent la vie politique et constitutionnelle en général, marocaine parfois. Dépassé, tout ça ? Oui, incontestablement. Car ceux qui font la politique au Maroc actuellement - ceux qu’on appelle ‘les élites politiques’ ou ‘le leadership politique’ - mélangent toutes les règles du « jeu », y compris celles élémentaires d’une vie politique et constitutionnelle. Voire, les ignorent toutes et nous inventent un champ politique comme il n’en existe nulle part ailleurs...
Bien sûr, partout dans le monde, la bonne vieille bipolarité qui facilitait la lecture des choses a pris du plomb dans l’aile. La gauche n’est plus radicalement à gauche et la droite n’est plus effrontément à droite. Tout le monde a glissé peu à peu vers le centre (centre-gauche, centre-droit). La gauche qui a survécu à la chute du mur de Berlin, a laissé tomber le communisme et même le socialisme pur et dur pour une social-démocratie à visage humain. Et la droite, confortée par l’effondrement du bloc de l’Est, s’est appropriée à son tour le social, moins pour concurrencer sa rivale de toujours, la gauche, que pour ne pas se laisser doubler, à son extrême droite, par les ultra-conservateurs, experts en populisme...
Bien sûr aussi, au Maroc, la bipolarité gauche-droite n’a jamais été possible. La seule bipolarité qui ait dominé la vie politique depuis l’indépendance du pays (1956) et tout au long du règne de Feu Hassan II (1961-1999) a été la bipolarité Monarchie-Mouvement national. Un Mouvement national qui rassemblait tant les partis de droite (Istiqlal) et d’extrême droite (le Mouvement Populaire de l’époque) que de gauche (USFP) et d’extrême gauche (la défunte OADP), tous accessoirement unis dans leur bras de fer avec la monarchie.
Bien sûr, enfin, avec le changement de règne (intronisation du Roi Mohammed VI en 1999) et la montée en force des Islamistes, la bipolarité Monarchie-Mouvement national n’a plus été d’actualité. Mais ce qu’il s’est passé sur l’échiquier politique marocain - et ce qu’il s’y passe encore aujourd’hui - est consternant. Il ne faut pas être grand politologue pour constater une floraison de partis sans véritable base (une quarantaine se disputaient les 1ères élections du nouveau règne en 2002). Des regroupements de circonstance ou de nouveaux saucissonnages au gré des humeurs et des ambitions personnelles.
Des crises internes qui ont menacé -et parfois eu raison de- la cohésion de la plupart des partis et non des moindres (l’exemple de l’USFP en atteste et l’Istiqlal ne doit son salut qu’à son relatif succès électoral, aux législatives de 2007, qui l’a porté à la tête du gouvernement). La montée au créneau, mais aussi les manœuvres pas toujours « orthodoxes » du 1er parti islamiste légal marocain, le PJD (dans l’opposition, mais prêt à entrer au gouvernement qui compte déjà 5 partis de différents bords). Et, last but not least, l’arrivée sur l’échiquier politique du « Mouvement pour tous les démocrates » (MTD, initié par Fouad Ali Al Himma, l’ex-ministre de l’Intérieur et compagnon d’études du Roi, actuellement député de Rhamna) qui, sans être lui-même un parti, en a rassemblé plusieurs, finissant de brouiller les lignes de démarcation entre différentes familles politiques. L’on parle beaucoup de recomposition du champ politique et d’émergence de grands pôles, oui mais lesquels ? Et avec quel référentiel ? Surtout quand des partis comme Alliance des libertés, Forces citoyennes, ou le PND annoncent un regroupement sous l’impulsion du MTD de Fouad Ali El Himma et se disent... Socio-démocrates !?
Source : Le Reporter - Bahia Amrani
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