Paris : des mineurs marocains hors la loi
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La vie des mineurs marocains n’a pas été un long fleuve tranquille. Bon nombre d’entre eux ont trouvé refuge dans le Centre d’action sociale protestant (CASP) situé dans le quartier de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Une équipe du Parisien est allée à leur rencontre. Ces mineurs isolés âgés entre 14 et 17 ans rentrent au CASP le soir fatigués après avoir passé la journée dans la rue. "Les journées sont plus longues l’été, mais c’est aussi en raison de leur consommation importante de stupéfiants", explique Mahdi, chef de service au centre. "Je suis là depuis un an et demi", explique Yacine, 15 ans à Mohamed, médiateur social qui fait office d’interprète. L’adolescent est parti de Melilla, et a dû traverser plusieurs frontières avant de rallier la France.
"Je me suis caché dans un camion qui a pris le bateau jusqu’en Espagne où je suis resté six mois. Puis je suis allé en Italie pendant neuf mois, puis en Suède pendant un an et demi, et maintenant je suis là", raconte-t-il, avant de couper court à la discussion. Amine, 17 ans, un autre mineur isolé est à Paris depuis deux ans. "Mon père est algérien, ma mère (à qui il envoie de l’argent) marocaine, mais ils sont séparés", explique-t-il. Une ordonnance de placement judiciaire émise en juillet se trouve dans son sac à dos.
"On m’a envoyé dans un foyer à Orléans (Loiret), mais c’est la prison, on ne peut pas fumer ou regarder la télé et on nous parle mal". Il est contraint de revenir à la Goutte-d’Or, dans la rue, se rend au CASP, et dort parfois "dans un squat à Sarcelles" dans le Val-d’Oise. Les mineurs isolés ont vécu des traumatismes dont ils ne peuvent pas se libérer. "On leur a volé leur enfance, ils ont vécu des traumatismes, martèle Aurélie El Hasak-Marzorati, directrice du CASP. (…) Beaucoup souffrent de carences physiques, morales et affectives." Certains mineurs marocains expriment leurs traumatismes lors d’ateliers artistiques.
Elle explique qu’ils sont partis du Maroc où ils vivaient pour la plupart dans des campagnes ou des petites villes. "Ils étaient déconsidérés, par exemple, parce qu’ils étaient élevés par une mère célibataire, ou ont subi des violences. Alors ils sont allés dans des zones périurbaines à Fès, Casablanca, où ils sont tombés dans la délinquance, la drogue… pour survivre dans un monde de rue", ajoute la directrice.
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