Unicef France appelle au respect des droits des mineurs non accompagnés marocains

21 mars 2021 - 17h20 - France - Ecrit par : G.A

Unicef France émet des réserves sur la coopération franco-marocaine pour le retour des mineurs non accompagnés et se dit « extrêmement préoccupée par les impacts de cette coopération sur l’effectivité des droits des enfants et les risques qu’ils encourent en cas de retour ». L’institution voit d’un mauvais œil les conséquences qu’un retour forcé aura sur ces enfants.

Unicef France réagissait ainsi à une circulaire, datée du 8 février, en rappelant que les mineurs non accompagnés marocains sont des enfants en danger et que « des solutions doivent d’abord être trouvées en France ». Selon l’agence onusienne, aucune des causes évoquées par le gouvernement français ne sauraient justifier « l’élaboration de mécanismes considérant le retour comme la solution à privilégier ». Pire encore, « la coopération ne mentionne à aucun moment la situation des mineurs victimes ou à risque de traite, ce qui est le cas de nombreux mineurs isolés marocains, souvent contraints à commettre des délits notamment », déplore Unicef France, qui estime que « la perspective du retour risque de dissuader davantage les mineurs de solliciter une protection, aggravant ainsi leur vulnérabilité ».

Loin d’une coopération pour forcer le retour de ces mineurs, « il appartient au juge des enfants de prendre des mesures d’assistance éducative pour les protéger, personnaliser et adapter la réponse pénale en cas d’infraction. Une protection renforcée doit être garantie pour les mineurs victimes ou à risque de traite et d’exploitation », insiste l’agence en soulignant que « si la réunification familiale peut être dans l’intérêt de l’enfant, elle ne doit être envisagée que si elle ne met pas en danger l’enfant, si la famille a la capacité d’assurer sa prise en charge et si elle est volontaire ».

Unicef France s’inquiète qu’une fois au Maroc, les mineurs se retrouvent livrés à eux-mêmes. Pour ceux qui sont recherchés par leurs familles, le problème ne se posera pas. Dans le cas contraire, ils seront confiés aux établissements de protection sociale au Maroc. Mais est ce que ces établissements sont outillés pour prendre en charge ces enfants ? La qualité de la prise en charge des enfants au sein de ces centres est à revoir, malgré les nombreux efforts fournis par le gouvernement marocain. Les établissements de protection sociale sont gérés majoritairement par des acteurs privés et l’insuffisance des instruments de contrôle accentue lourdement la vulnérabilité des enfants dans ces établissements, poursuit Unicef France. Elle appelle les acteurs en charge de leur protection à la vigilance, et rappelle qu’« il est impératif de garantir qu’à son retour, l’enfant sera correctement pris en charge, en sécurité, et pourra jouir de ses droits ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Unicef - Enfant - Rapatriement

Aller plus loin

La Cour européenne interdit l’expulsion de mineurs marocains

Depuis quelques semaines, les pays membres de l’Union européenne ont entamé l’expulsion des migrants clandestins et des mineurs non accompagnés en situation irrégulière sur leur...

Mineurs non accompagnés délinquants : toujours un casse-tête pour les autorités françaises

Les colonnes de la délinquance des mineurs non accompagnés d’origine marocaine ne cessent de s’allonger et avec elles, les plaintes et les arrestations, malgré les stratégies...

Mineurs isolés vivant de la délinquance : voici ce que proposent deux élus français

Deux élus français ont formulé des propositions sur la situation des mineurs isolés étrangers, dont de nombreux Marocains, qui survivent avec la délinquance à Paris,...

France/Mineurs étrangers : la consule du Maroc dénonce la stigmatisation de son pays

Les mineurs étrangers sont les plus suspectés dans l’ampleur de la délinquance à Rennes et ailleurs. Le Président français veut que le Premier ministre accélère le dossier de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Majda Sakho réagit aux insultes racistes visant ses enfants

La Marocaine Majda Sakho, l’épouse de l’international français Mamadou Sakho règle ses comptes avec les personnes ayant proféré des injures racistes envers ses trois enfants.

La justice espagnole sépare une famille marocaine : Nasser Bourita réagit

Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Le mariage des mineurs diminue au Maroc

Après une hausse en 2021, le nombre de mariage de mineurs a diminué l’année dernière. Cela représente certes une note positive, mais il y a encore du chemin à faire pour en finir avec cette pratique.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Une école musulmane fermée à Villeurbanne

La préfecture de Villeurbanne a procédé à la fermeture d’une école musulmane, accueillant d’ordinaire une centaine d’enfants en primaire. Les parents se voient contraints d’inscrire leurs enfants dans d’autres établissements.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.