Un accord inquiétant sur les mineurs marocains en France divulgué

19 janvier 2021 - 18h30 - France - Ecrit par : S.A

Une association a de manière non officielle eu copie du document officiel relatif à l’accord franco-marocain facilitant le retour des mineurs isolés non encore rendu public et dénonce de potentielles « mesures autoritaires d’éloignement ». De son côté, le ministère français de la Justice se veut rassurant.

La France et le Maroc avaient signé cet accord, le 7 décembre. Le texte n’a pas été jusque-là divulgué mais le Gisti, association d’aide juridique aux exilés, affirme avoir obtenu, mardi 12 janvier, un document intitulé « Schéma de procédure pour la prise en charge de mineurs non accompagnés marocains », élaboré en octobre 2019 et qui semble fixer le cadre juridique de la collaboration entre les deux pays, rapporte InfoMigrants.

Ce document est « extrêmement inquiétant à bien des égards », souligne l’association, expliquant qu’il prévoit d’organiser le retour de mineurs au Maroc sans leur consentement ni demande de la famille, avec un usage de la force envisageable. « Ce recours devra être limité aux situations les plus graves et lorsqu’il n’existe pas de perspective de convaincre le mineur [de retourner au Maroc], ni de possibilité pour le service auquel l’enfant est confié de procéder autrement », est-il écrit.

« Un mineur ne devrait jamais être éloigné de force », martèle Jean-François Martini, juriste au Gisti. « Sous couvert d’une coopération ’d’assistance éducative’, on est en train d’inventer, de façon dissimulée, une mesure d’éloignement spéciale pour les mineurs étrangers. Si elle ne cible que les Marocains pour le moment, on peut craindre qu’elle soit ensuite étendue à d’autres pays », poursuit-il, dénonçant une « mesure autoritaire d’éloignement ».

Le ministère de la Justice se défend : il s’agit de « placement transfrontalier de mineur ». Selon ses explications, ce schéma de procédure franco-marocain s’inscrit dans le cadre de la Convention du 19 octobre 1996 relative à la protection de l’enfance qui elle-même fait référence explicitement à la Convention internationale des droits de l’enfant. « Tout cela se fait à droit constant, on n’invente rien », assure la chancellerie.

Selon le document ébruité, « l’idée de ce schéma de procédure est simplement de définir les modalités pratiques pour que le juge des enfants puisse préparer sa décision, la prendre et en assurer son exécution. Il s’agit donc, si l’intérêt supérieur de l’enfant le requiert, d’organiser la prise en charge de celui-ci au sein d’une institution de protection de l’enfance de son pays d’origine ou auprès de sa famille. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Coopération

Aller plus loin

Unicef France appelle au respect des droits des mineurs non accompagnés marocains

Unicef France émet des réserves sur la coopération franco-marocaine pour le retour des mineurs non accompagnés et se dit « extrêmement préoccupée par les impacts de cette...

Retour des mineurs isolés : des associations dénoncent l’accord franco-marocain

L’accord signé tout récemment entre la France et le Maroc pour simplifier le retour des mineurs isolés marocains dans leur pays d’origine est loin de satisfaire tout le monde....

La question des mineurs isolés au menu de la visite du ministre de l’Intérieur français au Maroc

L’actuel ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé qu’il se rendra au Maroc dans les tout prochains jours pour discuter de la question des mineurs isolés.

Mineurs non accompagnés délinquants : toujours un casse-tête pour les autorités françaises

Les colonnes de la délinquance des mineurs non accompagnés d’origine marocaine ne cessent de s’allonger et avec elles, les plaintes et les arrestations, malgré les stratégies...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les Marocains du monde, des compétences « sous-exploitées » par le Maroc

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent faiblement au développement du Maroc. Pourtant, leurs compétences sont nécessaires pour relever les défis économiques et socioculturels du royaume.

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Le Maroc aurait réceptionné des drones SpyX israéliens

Les Forces armées royales (FAR) marocaines auraient réceptionné un lot de drones suicides SpyX développés par la société israélienne BlueBird Aero System.