RME : Des vacances fructueuses

29 août 2008 - 22h54 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’heure est au départ pour les milliers de Marocains qui résident à l’étranger et qui ont passé leurs vacances estivales « au bercail ». L’heure est également au bilan… Si certains comptent les journées passées au bord de la plage, d’autres font le compte de leur porte-monnaie et la comptabilité de leur commerce annuel…

Qu’ils viennent d’Amsterdam, de Nice ou de la région parisienne, ils ont comme activité commune de profiter des vacances d’été pour faire du « biz » ! A l’image de ce couple de retraités casablancais que nous avons rencontré. Depuis deux décennies, Ahmed et Fattouma trouvent leur bonheur et celui de leur porte-monnaie dans un commerce assez spécial. Ils racontent…. « En France, nous sommes des assidus des brocantes. Nous pouvons faire plusieurs kilomètres pour nous rendre à une brocante. Qu’il pleuve ou qu’il vente, nous nous levons tôt le matin. Nous sommes avertis de la tenue de ces brocantes à l’avance (…) Sur place, on déniche ce qui pourrait se vendre facilement au Maroc (… ) ». D’autres préfèrent se servir dans les tas d’objets encombrants laissés en début de mois par les habitants des différents quartiers franciliens : électroménagers, meubles, literie…. Tout se « retape », se répare et hop, direction : le pays du soleil…

A en croire les personnes qui parlent de leur commerce, il s’agit d’un travail à plein temps, qui nécessite des déplacements incessants pour le renouvellement du stock. Ahmed et Fattouma n’ont pas attendu leur retraite pour s’adonner à cette activité. Plusieurs fois par an, à l’occasion des congés, ils faisaient le déplacement au Maroc, à bord de leur fourgonnette chargée à bloc. Lorsqu’il leur était difficile de se déplacer, ils déléguaient cette tâche à leur fils. « Quoi qu’il en soit, le garage devait être rempli pour fin juin (…) » C’est en effet le garage de leur maison de Casablanca qui leur sert de point de vente.

Leurs gains ? Selon notre couple de retraités, « les sommes amassées durant les deux mois d’été suffisent largement à couvrir nos besoins pour trois mois et à mettre de côté ». Il s’agirait donc d’un commerce très lucratif. L’acquisition des objets se fait à faible coût « dans les brocantes, le prix des objets que j’achète oscille entre 1 et 5 euros. Pas plus. J’utilise très bien mon savoir-faire de marchandeuse pour faire baisser les prix (…) », nous confie Fattouma. Arrivés à Casablanca, ces objets seront écoulés avec une marge non négligeable. Son mari continue : « Les Marocains n’hésitent pas à acheter des produits électroménagers, de la vaisselle, des objets de décoration quand ils savent qu’ils viennent de France même si ces objets ont été déjà utilisés (…) ». Si certains Casablancais achètent sur le tas, d’autres passeront des commandes pour l’année qui suit. « Certains habitués et non des plus démunis nous demandent des produits spécifiques : des casseroles de marque, des ustensiles de cuisine…. »

Autre ville et même tableau. Rachid, la cinquantaine, s’adonne à ce type de commerce depuis une dizaine d’années. Ce Tétouanais est installé au sud de la France depuis les années quatre-vingts. Depuis, chaque année, les vacances estivales tournent à l’exportation de produits usagés en tous genres. Dans son appartement de Tétouan, toutes les pièces sentent le moisi, la poussière et le vieux. Chaque coin est composé d’un tas d’objets de brocante, des objets qui ont toute une vie et qui chercheraient une main adoptive et bienveillante : moteurs de voitures, vélos, vêtements usagés, fils de fer, raquettes de tennis….

Si Fattouma travaille d’arrache-pied avec son mari, il en est tout autre de l’entourage de Rachid. Ses enfants subissent, selon leurs dires, l’activité mercantile de leur paternel. « On est censés passer des vacances mais quand on vient au Maroc, c’est la galère. D’abord, on est obligés de faire le voyage de France jusqu’au Maroc dans une camionnette bondée. Mon père charge le véhicule et nous laisse juste un petit endroit pour nous allonger. Arrivés à Tétouan, on a un mal de dos qui dure toute une journée (…) ». L’année dernière, nous raconte la plus jeune, le voyage France-Maroc a dû se faire avec une cage d’oiseaux sur les genoux, « comme s’il n’y avait pas de cages au Maroc !! ». Comme chaque année, Rachid fera le voyage jusqu’à Kénitra pour livrer les moteurs de voiture commandés par l’une de ses connaissances.

Des sorties ? Des visites ? De la découverte ? Ce sont des termes qui paraissent absents dans le dictionnaire de Rachid. « Lorsque nous venons à Tétouan, nous passons toute la journée à la maison ou dans la rue avec les voisins. L’après-midi, nous avons le droit à une « montée » à la Médina car mon père est trop occupé à faire de la prospection de clients. C’est tout, en attendant notre retour en France (…) », nous confie l’aînée, 14 ans. Un gâchis quand on sait combien la région de Tétouan regorge de sites à visiter…

Un retour que ces enfants doivent attendre impatiemment à en croire leur situation. Un retour attendu très certainement par Rachid, Ahmed et Fattouma et par tant d’autres Marocains qui résident de par le monde.
Des Marocains qui, dès leur arrivée, penseront déjà aux commandes pour l’été 2009 avant de penser aux lunettes de soleil, aux serviettes de plage, à la pelle et au seau du petit…

Les médias montrent très rarement leur passage aux postes douaniers et aux fouilles dont ils font l’objet mais, assurément, il s’agit très souvent d’un spectacle désolant et déplorant.

Pire encore, lorsque les fouilles se font sur le sol européen au vu des plaisanciers qui n’hésitent pas à rire au nez de ces véhicules « poubelles de l’Europe ». Le Maroc ferait-il dans le recyclage ? D’une certaine manière, oui !

Source : Libération - Amel Nejjari

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