Les pilotes de la RAM sous surveillance

8 juillet 2008 - 18h35 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’absence d’une quinzaine de pilotes la semaine dernière révèle un profond malaise au sein de Royal Air Maroc. Tous avaient invoqué des raisons de santé les empêchant d’assurer leurs fonctions. Une situation qui a engendré de nombreux retards et même des annulations de vols.

Aujourd’hui, il semble que l’activité retrouve son rythme normal, les pilotes ayant repris les commandes des avions. A noter qu’une cellule de crise a été installée conjointement par l’Office national des aéroports (ONDA) et la RAM. A l’Office, on affirme qu’il y a assez de personnel mobilisé afin de faire face à cette crise.

Pour les clients de la compagnie, cet incident n’est pas passé sans désagréments. Ces derniers ont déversé leur colère sur les agences de voyages. « Les clients ne connaissent que les agences qui les ont embarqués sur les vols de la RAM. Généralement, quand il y a un incident de ce genre, nous devons aviser nos clients et prendre les mesures adéquates. Or, le manque d’information nous met les bâtons dans les roues », explique Rachid Barmaki, secrétaire général de l’Association des agences de voyages de Casablanca. En effet, en cas d’annulation de vol, les agences de voyages sont tenues d’indemniser leurs clients en attendant le règlement du transporteur.

Le montant des indemnisations et des pertes ne sera connu qu’à la fin de cette semaine. A rappeler aussi que la RAM a engagé une enquête pour déterminer les causes réelles de cet incident. Une enquête mal accueillie par le corps des pilotes. Ces derniers craignent des pressions.  « Notamment de travailler  indépendamment de leur état de santé, ce qui est préjudiciable à la sécurité des vols », estime Najib Ibrahimi, membre de l’Association marocaine des pilotes de ligne.

« Selon les normes internationales, on considère qu’il y a défaillance des pilotes lorsque le nombre des absents atteint les 7%. Mais les chiffres avancés par la compagnie (20 pilotes) indiquent que cette défaillance n’est que de 5%. Autrement dit, la compagnie doit toujours prendre en considération cette éventualité dans sa programmation des vols », poursuit Ibrahimi.

L’association reproche à la compagnie le gel de l’école des pilotes pendant des années, ce qui a eu des répercussions sur les ressources humaines. Ce manque, selon l’association, a même poussé la RAM à recruter des pilotes étrangers (une quarantaine environ).

Un autre problème oppose le transporteur national à son personnel navigant. « La RAM accorde très peu de congés à ses pilotes. Ce comportement a été maintes fois dénoncé en vain. Elle a aussi interdit les arrangements mutuels entre pilotes, qui leur permettaient de se faire remplacer (à l’initiative du pilote concerné), en cas de fatigue ou de maladie, par un autre collègue, sans être obligés de présenter un certificat médical », ajoute Ibrahimi.

D’après l’association, les pilotes vivent ces dernières années l’institutionnalisation du travail en heures supplémentaires (ces heures sont doublement rémunérées). Les émoluments prennent en considération également les frais de déplacement, leur nature (vols de nuit)... « Cela constitue 30% de nos salaires. Soit plus de 6% de ce qui est pratiqué dans les low cost (24%). Mais ceci n’est pas sans incidence sur la santé du pilote et, du coup, sur la sécurité des passagers » affirme Ibrahimi.

Source : L’Economiste - Jalal Baazi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Royal Air Maroc (RAM) - Transport aérien - Grève

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc contraint de mettre fin aux cartes d’embarquement en papier ?

L’ère du tout-numérique gagne du terrain, et le secteur aérien n’y échappe pas. Alors que certaines compagnies aériennes, comme Ryanair, ont déjà franchi le pas en supprimant les cartes d’embarquement papier, la question se pose pour d’autres pays,...

De nouveaux avions pour Royal Air Maroc

Royal Air Maroc (RAM) s’apprête à recevoir une nouvelle livraison d’avions Boeing Dreamliner, ce qui portera à 10 le nombre total de ces appareils long-courriers dans sa flotte d’ici début 2025.

Royal Air Maroc s’offre de nouveaux avions

La compagnie Royal Air Maroc se prépare aux futures échéances sportives majeures organisées par le pays, la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du monde 2030. Un vaste plan de modernisation et d’agrandissement de sa flotte est en cours pour...

Le Nord du Maroc mise sur l’aérien pour attirer des touristes

Les opérateurs touristiques du Nord du Maroc saluent l’implantation d’une base aérienne à Tétouan après celle de Tanger. L’infrastructure aéroportuaire va attirer davantage de touristes et booster à coup sûr le développement économique de la région.

Trafic aérien : le Maroc met le paquet pour le Mondial 2030

Le Maroc s’active pour améliorer la qualité des services de transport aérien et renforcer la connectivité aérienne, dans la perspective de la Coupe du monde 2030 qu’il coorganisera avec l’Espagne et le Portugal.

Ryanair impose de nouvelles restrictions, les vols vers le Maroc concernés

Ryanair va durcir encore sa politique d’embarquement à compter du 1ᵉʳ mai 2025, pour, dit-on, que les avions partent à l’heure.

Du changement à l’aéroport Mohammed V de Casablanca

L’Office national des aéroports (ONDA) va faciliter l’accès à l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

Royal Air Maroc : des passagers privés de leurs vols

La compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) a été critiquée par un député pour le non-respect de certains de ses passagers et des horaires de vols.

Royal Air Maroc se plaint de la concurrence

Abdelhamid Addou, le PDG de Royal Air Maroc, appelle à une révision des accords de l’Open Sky (ciel ouvert) entre le Maroc et l’Union européenne, en vigueur depuis 2005. Ceci, en vue d’atténuer ses effets pervers sur la compagnie marocaine et garantir...

Transport au Maroc : des milliards injectés pour un réseau modernisé et sécurisé

Le budget du ministère du Transport et de la logistique pour l’année 2025 s’élève à 13 milliards de dirhams, a annoncé mardi Abdessamad Kayouh, en charge de ce département. Ils serviront à moderniser les infrastructures de transport routier, aérien et...