Les propriétaires marocains plus lourdement taxés en Espagne

3 avril 2025 - 23h00 - Espagne - Ecrit par : Bladi.net

La Commission européenne examine une plainte déposée le 19 mars contre l’Espagne, accusée de discrimination fiscale envers les propriétaires étrangers louant des biens immobiliers. Les Marocains (non résidents) détenant des biens immobiliers en Espagne sont concernés.

Initiée par l’avocat Alejandro del Campo (DMS Legal) et jugée recevable, la plainte dénonce un traitement inégalitaire pour les non-résidents, particulièrement ceux hors UE, qui se serait accentué avec la Loi sur le logement de 2023.

Le litige porte sur l’impôt sur le revenu des non-résidents (IRNR). Contrairement aux résidents et citoyens UE, les propriétaires extracommunautaires ne pourraient déduire certaines charges (copropriété, taxe foncière IBI, intérêts d’emprunt, amortissement) et se verraient appliquer un taux de 24 % sur leurs revenus locatifs, contre 19 % pour les ressortissants de l’Union.

Une précédente plainte en 2018 avait été rejetée par la Commission, qui avait invoqué des restrictions antérieures à 1994 (TFUE Art. 64). L’avocat a porté l’affaire devant l’Audience nationale espagnole, réclamant la déductibilité des charges, le taux de 19 %, et l’accès aux réductions fiscales pour location de résidence principale (l’ancien 60 %, et les nouveaux taux de 50 % à 90 %). Une décision est attendue fin 2025 ou début 2026.

A lire : Les Marocains, friands des taxis usagés espagnols

La nouvelle plainte de mars 2024 insiste sur l’impact de la Loi Logement 2023. Celle-ci introduit pour les résidents des réductions d’impôt pouvant atteindre 90 %, creusant l’écart potentiel avec les non-résidents. Parallèlement, une procédure d’infraction distincte ouverte par la Commission en 2019 contre l’Espagne, concernant l’ancien abattement de 60 % pour les résidents UE, est toujours en cours.

Face à ces développements, il est recommandé aux propriétaires étrangers d’agir. « Ils doivent demander le remboursement, car s’ils laissent prescrire, il leur sera ensuite presque impossible de récupérer leur argent. Cela se fait par voie administrative, en déposant une rectification de la déclaration d’impôt, en demandant la déduction des charges, l’application du taux de 19 %, et également la réduction de 60 % pour location en tant que résidence principale qui était en vigueur avant 2023 », conseille l’avocat. Il souligne l’urgence liée aux délais de prescription, notamment pour les revenus de 2021 (déclarés trimestriellement) dont l’échéance approche ce mois d’avril [2025], et note l’augmentation des propriétaires britanniques concernés post-Brexit. Les nouvelles déductions (50-90 %) s’appliquent aux revenus 2024.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Impôts - Immobilier

Aller plus loin

Persan : Soufyène Mazouz, agent immobilier en fuite au Maroc, condamné

Fin janvier, le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise) a condamné en son absence le Marocain Soufyène Mazouz, ancien agent immobilier de Persan, et par ailleurs patron...

Fisc et immobilier au Maroc : ce qui va changer pour les prix des biens

Le Maroc veut réinstaurer le référentiel immobilier. La nouvelle version vise à permettre aux contribuables de proposer une valeur à l’administration fiscale.

Les Marocains, friands des taxis usagés espagnols

Les taxis usagers en Espagne sont généralement destinés à l’exportation vers des pays comme le Maroc, la Roumanie, la Bulgarie ou le Sénégal.

À Madrid, l’immobilier de luxe attire les riches Marocains

Le marché locatif de luxe à Madrid a connu une croissance soutenue ces dernières années. De nombreux Marocains sont propriétaires de ces maisons de luxe dont le loyer mensuel a...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Maroc : la DGI adapte les sanctions pour retards de paiement

La Direction Générale des Impôts (DGI) du Maroc a annoncé une modification des sanctions pour les retards de paiement des factures. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.

Immobilier au Maroc : les notaires contrôleront la provenance de l’argent

Les notaires marocains ont décidé de prendre une part active dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans l’immobilier.

Les dessous peu reluisants de la location saisonnière au Maroc

Quels sont les problèmes rencontrés par les propriétaires d’appartements destinés à la location temporaire durant l’été, notamment dans les zones touristiques dans le domaine du logement ? Selon les propriétaires, le bien loué est le principal sujet de...

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Immobilier en Espagne : les Marocains parmi les principaux acheteurs

Le marché immobilier espagnol reste un eldorado pour les investisseurs étrangers. Selon les dernières données, ces derniers ont acquis 15 % des logements vendus au cours du dernier trimestre, soit un point de plus qu’il y a dix ans. Parmi eux se...

Aide au logement au Maroc : un programme plébiscité par les MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont fortement contribué au succès du programme d’aide directe au logement. En témoigne le nombre de bénéficiaires.

Maroc : des promoteurs immobiliers sous haute surveillance

Le ministère de l’Intérieur dirigé par Abdelouafi Laftit mène une lutte contre l’évasion fiscale dans le secteur de l’immobilier. Dans son viseur, les promoteurs immobiliers qui ne paient pas la taxe sur les terrains non bâtis (TNB) et certains...

Marocains, n’oubliez pas de payer vos impôts

Au Maroc, les entreprises et les contribuables doivent s’acquitter de l’impôt sur le revenu (IR), de l’impôt sur les sociétés (IS), de la TVA et autres avant le 31 mars. Passé ce délai, ils s’exposent aux pénalités et sanctions prévues par la direction...

Le Maroc face à une pénurie de main-d’œuvre

C’est un constat pour le moins inattendu qu’a livré le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, devant la Chambre des conseillers : malgré une dynamique économique positive et des chantiers qui essaiment à travers le pays, le Maroc peinerait à trouver de...