À en croire les agences de presse et les journaux, depuis une quinzaine de jours en tout cas, il y aurait du nouveau à propos de la question du Sahara. Un signe fort à l’origine de cette focalisation, les déclarations de Taïeb Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération à l’agence Europa Press. Qu’a donc dit cet officiel ? Que le Maroc est disposé à négocier avec le “Front Polisario” pour parvenir à un accord susceptible de mettre fin au conflit créé autour du Sahara marocain ; que le Royaume est ainsi favorable à un accord définissant les contours d’une large autonomie pour les régions méridionales ; et que les deux parties, Maroc et Polisario, pourraient conclure un accord dans ce sens après une série de négociations, avant de le soumettre in fine à une consultation référendaire.
Négocier avec le Polisario ? Pourquoi pas ! Il n’y a là pratiquement aucune novation particulière. Faut-il rappeler en effet que le Maroc a pris langue avec cette partie-là en différentes circonstances connues, notamment grâce aux bons offices saoudiens à Taef, à Tanger et à Marrakech, sans parler des nombreuses approches informelles et exploratoires qui n’ont pas manqué non plus. Le cadre négociatoire avait été cerné et les points d’accord relevés n’étaient pas négligeables. Mais, à chaque fois, il faut bien le dire, Alger n’avait pas voulu peser de tout son poids - et il est décisif - pour faire avancer ce processus.
Aujourd’hui, n’est-ce pas une fenêtre qui s’ouvre, offrant de nouvelles opportunités qu’il convient de saisir ? Le nouveau représentant spécial de Kofi Annan vient de séjourner à Alger et à Tindouf depuis le début de ce mois. Il a séjourné, également, au Maroc, cette semaine, du 11 au 13 octobre courant. Ce diplomate hollandais, Peter Van Walsun, qui a été reçu mercredi 12 octobre 2005 par le premier ministre Driss Jettou, doit à l’issue de sa tournée dans la région, dresser un rapport circonstancié sur sa mission au secrétaire général de l’ONU, tenu lui-même de faire un rapport au Conseil de sécurité à la fin octobre.
Le Maroc sort de l’attentisme et formule une proposition crédible qui n’est ni un recul ni une révision déchirante de ses positions traditionnelles sur cette question. Il n’y a là ni volte-face ni démarche dilatoire, mais plutôt l’expression d’une initiative diplomatique destinée à placer tout le monde devant ses responsabilités.
Mustapha Sehimi - Maroc Hebdo