Roschdy Zem sur le Rassemblement national : « On l’a un peu cherché »

En France, la montée du Rassemblement national (RN), qui a remporté les dernières élections européennes et risque d’en faire de mêmee aux législatives prochaines, continue de faire jaser. L’acteur franco-marocain Roschdy Zem donne son avis sur la question.

Invité de la matinale de France Inter mercredi pour faire la promotion de son nouveau film « Elyas », Roschdy Zem s’est exprimé sur une actualité politique brûlante : la montée du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et les élections législatives qui pointent. Sans langue de bois, Roschdy Zem, interrogé par Léa Salamé, a déclaré que le climat politique actuel n’est que la conséquence de l’absence d’une politique sociale dans la vision des gouvernants. « Je crois qu’on est confrontés à quelque chose qui n’a selon moi rien d’étonnant. À partir d’un moment où un gouvernement, et ceux qui l’ont précédé, a abandonné la politique sociale, c’est comme ça que naissent les extrêmes », a-t-il soutenu.

Le comédien de 59 ans estime que la percée du RN aux dernières élections européennes est un vote-sanction contre cette absence de politique sociale. « La colère se traduit par un vote en grande partie pour le Rassemblement national, quelque part, on l’a un peu cherché. » Pour inverser la tendance, l’acteur qui tient le rôle principal dans le nouveau long-métrage de Florent-Emilio Siri appelle à plus de « pédagogie » pour « expliquer » aux nombreux Français qui ont accordé leurs suffrages au RN, victorieux des Européennes avec plus de 31 % des voix, que « la réponse ne se trouve pas dans ce parti qui est pour moi un parti xénophobe qui commence déjà à prendre des mesures liberticides… »

D’origine marocaine, Roschdy Zem, né en France, a également déploré les diverses formes de discriminations en France, et notamment celles « au logement et à l’embauche », revenant sur le blockbuster duquel il avait été viré au début de sa carrière il y a 25 ans parce que « l’actrice principale ne souhaitait pas partager l’affiche avec un Arabe ». « J’ai été viré. Je ne lui en ai jamais voulu à elle. J’en ai voulu au metteur en scène de m’avoir appelé pour m’annoncer ça sans aucun complexe. À l’époque, je n’avais pas réalisé ce à quoi j’ai été confronté, mais aujourd’hui je me rends compte de la violence du propos, de la situation. C’était humiliant, j’ai eu envie d’arrêter. Heureusement, mes parents étaient là, m’ont dit que c’était normal d’être confronté à ça dans le cinéma, dans ce monde-là ».

Il ajoutera : « Parfois je me pose la question, même si on est quelques-uns, est-ce qu’on n’est pas l’arbre qui cache la forêt ? Plus aucun metteur en scène ne s’autoriserait ce genre de coup de fil. Si tant est que ça existe, ça reste secret, dans un conciliabule. Mais il faut rester vigilant et rester alerte ». Comme la veille sur le plateau de Quotidien, Roschdy Zem n’a pas manqué d’insister sur l’importance du vote pour changer la donne. « Mais c’est une situation dont on est tous plus ou moins responsables. Donc il faut se réveiller. Voter bien sûr », a-t-il conclu.