Sahara Marocain : un rapprochement maroco alégrien est nécessaire

30 mai 2004 - 13h28 - France - Ecrit par :

Le ministre français des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, a affirmé, dans un entretien à la MAP à la veille de sa visite officielle au Maroc, qu’"un rapprochement entre Alger et Rabat est nécessaire" pour trouver une solution à la question du Sahara.

"Un rapprochement entre Alger et Rabat est nécessaire, à nos yeux, pour régler" cette question "qui entrave l’intégration du Maghreb et donc l’avenir des peuples de la région dans leurs relations avec l’Europe", a déclaré le chef de la diplomatie française.

"La France est convaincue qu’une solution politique réaliste et durable doit être trouvée entre les parties, dans le cadre des Nations unies et sous l’égide de M. James Baker, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, sans que rien ne leur soit imposé", a souligné M. Barnier. La France, a-t-il dit, s’est réjouie de la résolution 1541, adoptée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité, le 29 avril dernier, et prorogeant le mandat de la Minurso de 6 mois, un "délai qui doit être mis à profit pour poursuivre les discussions".

"Vous connaissez la position de la France : nous pensons que la solution d’une large autonomie du territoire doit être étudiée d’une manière imaginative et constructive par tous", a-t-il assuré, ajoutant que "la France continuera à plaider pour le dialogue et l’audace, dans l’intérêt de tous".

Le chef de la diplomatie française a par ailleurs mis l’accent sur l’entière détermination de la France et de l’Europe de poursuivre ses efforts pour la libération "totale et immédiate" des prisonniers de guerre marocains détenus dans les camps de Tindouf, au sud de l’Algérie.

"Nous intervenons avec détermination, en particulier au niveau européen, pour la libération immédiate et totale des prisonniers de guerre marocains détenus" par le "Polisario", "sans oublier les autres questions humanitaires", a-t-il dit.

Interrogé sur la résolution en cours de discussion sur l’Irak aux Nations unies concernant le transfert de souveraineté prévu le 30 juin, M. Barnier a indiqué que "la France a clairement fait connaître ce qu’elle attend de l’échéance du 30 juin : une restauration de la souveraineté irakienne réelle, et perçue comme telle par les Irakiens. Ceci implique notamment que les autorités irakiennes aient l’entière maîtrise des compétences économiques (en particulier le contrôle des ressources naturelles), judiciaires et policières et qu’elles disposent d’une capacité de décision, en matière sécuritaire, sur les activités et les initiatives de la force multinationale".

"L’ouverture de perspectives politiques claires. Il s’agit d’abord d’établir un lien clair entre les élections irakiennes de janvier 2005 et la durée du mandat de la force multinationale. Il s’agit aussi de faire en sorte que ces élections constituent une nouvelle rupture et de prévoir la fin du processus de transition. Les Irakiens ont besoin d’un horizon politique clair, qui leur rende l’espoir", a-t-il souligné.

"Nous allons nous attacher à ce que la résolution en cours de discussion reflète ces préoccupations. Le texte qui nous a été présenté comporte des points positifs et d’autres sur lesquels les échanges méritent d’être poursuivis", a-t-il toutefois estimé.

"Nous abordons ces discussions dans un esprit constructif et avec le souci de nous concerter avec tous nos partenaires, notamment Américains", a ajouté M. Barnier.

S’agissant des tortures infligées aux prisonniers irakiens par les forces de la coalition, le chef de la diplomatie française a déclaré que ces sévices "témoignent d’une attitude déshonorante et indigne de la part de ceux qui les ont perpétrés".

"La France a condamné ces actes inadmissibles qui violent clairement les conventions de Genève et qui ont provoqué une très grande émotion en Irak même, dans les pays arabes et dans le monde entier. Il est clair que le droit international continuera à s’imposer aux forces étrangères présentes en Irak après le 30 juin", a-t-il affirmé. "Ainsi que l’a indiqué le CICR, les responsables de tels actes doivent être traduits en justice. Je note que les autorités américaines s’emploient à faire toute la lumière sur ces agissements et à en établir les responsabilités", a observé M. Barnier.

Quant à la situation très critique au Proche-Orient et l’escalade de la violence contre les Palestiniens notamment à Gaza, le ministre a indiqué que les pays de l’Union européenne siégeant actuellement au Conseil de sécurité ont voté, ensemble le 19 mai dernier, la résolution 1544 "qui condamne les exactions commises au cours des derniers jours et les opérations israéliennes menées dans la bande de Gaza, notamment les pertes civiles et les destructions de maisons".

"En tant que premier partenaire commercial d’Israël et premier donateur à l’Autorité palestinienne, l’Union européenne a un rôle particulier à jouer au Proche-Orient et notamment au sein du Quartet", a-t-il rappelé, ajoutant que "l’UE est attachée à la sécurité d’Israël comme à la création d’un Etat palestinien viable. Elle demeure mobilisée au service d’une paix négociée, juste et durable fondée sur le droit international".

Pour le chef de la diplomatie française, la Feuille de route reste le "meilleur moyen" d’y parvenir. "Tous nos efforts doivent tendre vers l’application de ce plan de sortie de crise, que l’Union européenne a contribué à concevoir".

"L’Union a estimé que le plan de désengagement unilatéral de M. Sharon pouvait être un pas positif si plusieurs conditions étaient bien respectées.
Il faut en effet que le retrait israélien s’inscrit dans le cadre de la Feuille de route et constitue une étape dans un règlement du conflit fondé sur l’existence de deux Etats", a souligné le ministre.

"Ce retrait ne doit pas davantage entraîner de déplacements des colonies de peuplement vers la Cisjordanie : il faut enfin qu’il s’effectue en concertation avec l’Autorité palestinienne", a-t-il tenu à préciser.

"Je veux ici réaffirmer que la France est prête à prendre toute sa part dans cet effort collectif", a dit M. Barnier, affirmant que "plus que jamais, il faut redoubler d’efforts pour que la paix et la justice s’imposent enfin au Proche-Orient".

MAP

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