Sida : Entre 15.000 et 20.000 séropositifs au Maroc

27 novembre 2003 - 19h08 - Maroc - Ecrit par :

C’est dans quelques jours que sera célébrée la journée mondiale du Sida (1er décembre), la maladie infectieuse virale grave qui terrifie la communauté internationale. Le syndrome d’immunodéficience acquise a fauché la vie à 25 millions de personnes et pourrait entraîner la mort de beaucoup plus, pas moins de 68 millions, entre 2000 et 2020. Alors qu’on s’obstime au Maroc à affirmer que la situation au niveau national n’est pas aussi grave que celle sévissant dans d’autres pays africains et asiatiques.

En chiffres, les estimations que révèle le ministère de la Santé sur la situation épidémique oscillent entre 15.000 et 20.000 séropositifs (vivants avec la maladie). Tandis que 3000 nouvelles infections sont enregistrées chaque année.

Côté caractéristiques sociales, il semble que ce sont les adultes entre 30 et 39 ans qui sont les plus touchés par la maladie surtout dans le milieu urbain et par un mode de contamination majoritairement hétérosexuel. La séroprévalence des personnes à risque englobe les femmes enceintes avec un taux de 0,12%, les tuberculeux avec 0,50% et les consultants pour des maladies sexuellement transmissibles (0,09%).

A cela, l’on ajoute que la femme est de plus en plus infectée par le sida “étant donné sa vulnérabilité double, socio-économique et biologique”. La situation au Maroc ne peut vraiment pas se limiter à ces quelques chiffres et estimations, car il ne faut pas oublier qu’il s’agit là seulement du recensement des cas déclarés. On peut, sans difficulté, imaginer que la situation réelle pourrait bien être beaucoup plus grave qu’il ne semble. D’autant plus que la situation à travers le monde - chiffres à l’appui - est en train de prendre les allures d’une véritable hécatombe.

Le programme national de lutte contre le Sida est né en juin 1988, deux années après l’apparition du premier cas. Quatre ans plus tard, a été introduite à ce programme la lutte contre les MST que l’on considère comme principal mode de transmission de l’infection à VIH. Une stratégie de prévention et de contrôle a été mise en place et destinée plus spécifiquement aux populations dites vulnérables.

Le programme est censé être doté de techniques nécessaires à la gestion de l’épidémie pouvant réduire sa propagation, mais aussi, à la formation des professionnels de la santé. Cependant, cette stratégie ne semble pas avoir atteint ses objectifs, car depuis son instauration, peu de campagnes de prévention ont été organisées, peut-être par manque de ressources. Il pourrait s’agir aussi du respect des mentalités conservatrices qui confirment le sida au rang des tabous et empêchent les médias, la télévision plus particulièrement, d’être un véritable support de sensibilisation à la prévention.

La doctrine conservatrice ne fait qu’aggraver les choses et condamne même cette maladie à devenir plus virulente qu’elle ne l’est à présent. Si la journée mondiale du sida en cette année porte le slogan “Stigmatisation et discrimination... Vivez et laissez vivre !”, c’est bien pour réagir au plus vite et avec autant de partenaires contre la pandémie. Les malades ont droit au traitement et à la prise en charge sur le plan médical et social.

Un rapport de la Banque Mondiale récemment publié sonne l’alarme contre le manque de prévention et ses répercussions sur les ressources humaines et économiques. Intitulé “VIH/Sida dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord”, ce rapport dénonce l’indifférence à laquelle se retrouve confrontée une maladie aussi grave que le Sida sous prétexte d’un conservatisme religieux. Ne serait-il pas temps de jauger les situations à l’aune de leur gravité ?

Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Sida

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les scorpions s’invitent pendant les vacances

Au Maroc, alors que les scorpions, les serpents et les chiens errants font des victimes en cette période de canicule, les vaccins manquent à l’appel. Nombreux sont les hôpitaux, centres de santé et dispensaires des régions rurales qui souffrent d’une...

Booder se confie sur ses problèmes de santé

Invité sur l’émission Une heure avec… diffusée sur RFM, l’humoriste franco-marocain Booder a fait d’étonnantes révélations sur son enfance. Il a été très malade lorsqu’il était jeune.

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Maroc : mauvaise nouvelle pour les fumeurs

Sale temps pour les fumeurs marocains qui devront, une fois encore, passer à la caisse pour s’acheter leurs cigarettes. Cette augmentation vient d’être validée définitivement et doit entrer en vigueur au début de l’année.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Maroc : la hausse des cas d’intoxications alimentaires inquiète

Au Maroc, la recrudescence des cas d’intoxication alimentaire dans les plusieurs villes inquiète les associations de défense des droits des consommateurs qui appellent à renforcer les contrôles dans les restaurants et établissements de restauration...

Dix ans de souffrance : un Marocain victime d’un scrotum géant

Un Marocain a vécu un véritable cauchemar pendant dix ans, son scrotum ayant progressivement enflé jusqu’à atteindre la taille d’un ballon de plage, selon un rapport médical publié dans Urology Case Reports.

Intoxications alimentaires : le Maroc à l’épreuve de la restauration rapide

La députée Hanane Atarguine, du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM), a demandé au ministre de l’Intérieur de prendre des mesures pour renforcer les contrôles dans les restaurants et établissements de restauration rapide afin...

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.