Tourisme : Les limites d’une Vision

22 octobre 2008 - 11h18 - Maroc - Ecrit par : L.A

A quelques mois de la livraison des stations pilotes du Plan Azur (Saïdia et Mazagan), des voix discordantes s’élèvent pour pointer les loupés de la Vision 2010. Au rang desquels : l’absence de convergence entre la politique du Plan telle que conçue et sa déclinaison sur le plan territorial.

En clair, les enjeux de la Vision ne semblent pas être perçus de la même façon selon que l’on relève du département du Tourisme ou de l’Intérieur. A ce titre, la sortie, il y a quelques mois dans les colonnes de L’Economiste, du wali de l’une des régions pilotes du plan Azur en dit long !
Il redoutait justement que l’implantation de la station balnéaire dans sa région ne fasse effet tache d’huile : « La nouvelle station n’aura d’intérêt que si elle se greffe harmonieusement à la ville ». L’erreur est d’avoir une Saïdia à deux vitesses : une ville ancienne délabrée d’un côté et une Fadesa City ultramoderne de l’autre. Ce qui corrobore l’idée du ministre du Tourisme, Mohamed Boussaïd, selon laquelle « l’on n’a pas suffisamment prêté attention à la gouvernance locale ». Autrement dit, la démarche doit insister sur l’harmonie de la déclinaison sous l’angle territorial. En ce sens, éviter l’aspect bunker en ouvrant les stations sur leur environnement et enclencher un effet d’entraînement qui ne se limite pas seulement à la station mais à l’ensemble de sa région, son arrière-pays…

Les plus critiques craignent surtout une juxtaposition de stations de dernière génération face au reste du terroir précaire.

Boussaïd fait surtout allusion au retard pris dans la requalification de l’environnement touristique en général qui reste le parent pauvre de la stratégie actuelle.

Les investissements réalisés jusque-là n’ont concerné que le cadre immédiat des stations. La réhabilitation des voiries du transport, le civisme, les espaces verts, de l’approche écologique… sont jetés aux oubliettes. Idem pour l’élément humain, les riverains notamment, réduits au rôle de témoins d’un changement. La radioscopie de la Vision démontre par ailleurs que la stratégie adoptée n’a pas réussi à placer le tourisme dans une démarche de développement durable. En témoigne l’environnement social culturel et écologique… Lequel ne constitue pas encore un critère prioritaire dans la conception de l’implémentation de la stratégie. En conséquence, le dernier ranking mondial du tourisme élaboré par le World Economic Forum classe le Maroc à la 67e place sur 130 pays sur le plan environnemental. Bien loin derrière ses concurrents directs que sont la Tunisie (39e), la Turquie (54e) et l’Egypte (66°).

Ce qui explique d’ailleurs le recadrage de Boussaïd lors de la conférence sur le commerce, l’investissement et le tourisme durable tenue le 16 octobre à Tanger. Aujourd’hui, « le tourisme durable est au cœur de la stratégie du département ». Reste à savoir si d’ici les premières livraisons, premier semestre 2009, les développeurs-aménageurs intégreront cette nouvelle dimension ! En tout cas, le Souverain attend un livrable fin 2009 sur la prochaine Vision. L’enjeu sera de préciser le cap.

Décalages

Si la Vision accorde une place de choix au balnéaire via des investissements tout le long du littoral, le tourisme rural et celui culturel, eux, auront du mal à se greffer à l’offre Maroc. Les initiatives entreprises pour ces deux niches se sont limitées à la mise en place de quelques PAT (Pays d’accueil touristique). Le tourisme n’est pas encore utilisé comme vecteur de développement économique et social, surtout dans les territoires les plus enclavés.

Source : L’Economiste - Bachir Thiam & Amin Rboub

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